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Michael Kiwanuka

Paris, Olympia - 14 septembre 2022

Live-report par Déborah Galopin

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La tournée de Michael Kiwanuka pour défendre son album homonyme sorti en 2019 a été entrecoupée par la crise sanitaire, et Paris a vu sa date reportée à deux reprises. Initialement attendu en 2020 au Zénith, puis en 2021 à la Seine Musicale, c'est finalement deux ans plus tard qu'il parviendra à venir rejouer dans une salle parisienne, à l'Olympia, après son passage à la salle Pleyel. Rien d'étonnant donc à ce que le concert affiche complet et de longue date déjà !

En première partie, Cherise, jeune compositrice et chanteuse aux influences soul et jazz, surgit devant le rideau rouge de l'Olympia avec toute son énergie. Habituellement en formation groupe, nous la découvrons seule sur scène accompagnée d'une jolie Stratocaster bleue - sa couleur préférée, nous confie-t-elle. Elle délivre avec beaucoup de douceur des reprises de standard de jazz. Si son talent est évident, nous regrettons qu'elle ne soit pas accompagnée par ses musiciens pour donner plus d'ampleur et d'envergure à son projet. Pour une première partie, cela reste très sage et confidentiel. Le public est partagé entre ceux qui souhaitent écouter sa délicatesse et les autres, moins réceptifs. Le set est court, même pour une première partie, cinq chansons et vingt-trois minutes plus tard, elle s'éclipse, toujours avec le sourire.


Le public ne s'en formalise pas. À 21 h, les retrouvailles avec l'artiste tant attendu - on peut le dire - se fait dans la chaleur et les acclamations. Michael Kiwanuka ouvre son set sur Piano Joint pour une montée toute en douceur, portée par les voix des deux choristes, dans les lumières jaunes/oranges à l'image même de sa pochette d'album. Nous retrouvons avec plaisir Michael Kiwanuka et son dernier album, mais c'est sur One More Night et You Ain't The Problem qu'une réelle alchimie se créer avec le public qui danse sur ses titres. La magie des retrouvailles !

Rapidement, le concert se fait contemplatif. Entre les fleurs qui parsèment les instruments des musiciens, les lumières placées stratégiquement pour renforcer un effet de profondeur, l'onde de forme en fond de scène et la boule à facettes, toute la mise en scène a été réalisée pour nous plonger dans une ambiance hypnotique. On retrouve cette même esthétique soignée que dans sa musique. Selon les titres, nous sommes tantôt plongés dans une ambiance sombre et mystérieuse - les musiciens dans le noir ne deviennent plus que des silhouettes dans un brouillard orange, rouge ou bleu - tantôt dans une ambiance lumineuse et aérienne. Sur des titres plus rythmés comme Rolling ou Black Man In A White World, la boule à facettes au cœur de la scène, se met à tourner, projetant ses lumières comme des milliers d'étoiles sur le public de l'Olympia. C'est beau !


Malheureusement, il manque ce petit truc pour que passer l'émerveillement des premiers titres, nous continuons à être totalement happés et subjugués. Tout d'abord, là où les compositions de Michael Kiwanuka sont léchées et précises, le son de la salle n'offre pas ce rendu aussi propre que sur album. De plus, les musiciens ne semblent pas à fond et le public non plus. Il manque cette énergie, cette fièvre. Le fait que Michael Kiwanuka soit en fin de tournée et joue le même set depuis deux ans n'y est probablement pas pour rien. La mise en scène créée également une distance entre la scène et la salle, les musiciens s'effaçant dans le noir pendant une bonne partie du concert.
Il faut attendre le deux derniers titres du rappel pour qu'on retrouve l'osmose du tout début. La scène et la salle s'éveillent à nouveau avec deux extraits attendus de son précédent album : Cold Little Heart et Love & Hate. Le guitariste montre ce qu'il a dans le ventre, enfin !

Des artistes qui n'ont pas atteint leur plein potentiel, ce soir. Ceux qui n'ont pas vu Michael Kiwanuka précédemment sur sa tournée n'y verront probablement que du feu, mais quand on a connu l'éblouissement de son concert à la salle Pleyel, nous éprouvons une pointe de déception. Pour autant, il nous tarde de le retrouver pour un nouvel album et une nouvelle tournée pour découvrir quelle autre merveille le chanteur-compositeur britannique est encore capable de nous préparer.
setlist
    Piano Joint (This Kind of Love) (Intro)
    Piano Joint (This Kind of Love)
    One More Night
    You Ain't the Problem
    Rolling
    I've Been Dazed
    Black Man in a White World
    Rule the World
    Hero (intro)
    Hero
    Hard to Say Goodbye
    Light
    Final Days
    Solid Ground
    ---
    Falling
    Home Again
    Cold Little Heart
    Love & Hate
photos du concert
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