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Biffy Clyro
Bloc Party

Villeurbanne, Transbordeur - 14 mai 2007

Live-report par David

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Contrairement à la veille, le Transbordeur affiche complet ce soir pour le retour à Lyon (pour la troisième fois… la deuxième en tant que tête d’affiche) de Bloc Party après la sortie en début d’année de leur second album un peu plus difficile d’accès A Week-End In The City. La salle se remplit petit à petit quant à 20h30, pas mal d’oreilles vierges et peu préparées découvrent en live la furie sonore des Biffy Clyro, invités sur toute la tournée européenne à ouvrir pour les londoniens.
L’annonce du choix des écossais comme première partie en avait surpris plus d’un tellement le spectre musical abordé par Biffy Clyro semblait quelque peu brut et violent pour les nombreux fans de Bloc Party plutôt habitués aux influences rock/new-wave de The Cure qu’aux décharges impulsives de Fugazi. Et bien contrairement à ce que l’on pensait,… non je déconne!! La vision d’une fosse mi-surprise, mi-dépitée par tant d’énergie suffisait à comprendre que bon nombre de personnes présentes n’ont pas tout compris à ce qu’il se passait sur scène!
Il faut avouer que, contrairement aux rumeurs (alarmantes pour les fans hardcore!) annonçant un quatrième album (Puzzle) à venir en juin un peu mou du genou et lorgnant de trop près vers le coté obscur de la farce commerciale, le trio écossais n’a en rien perdu de son style si particulier à base de hurlements monstrueux, cassures mélodiques et refrains entêtants. Ainsi, les nouveaux morceaux joués ce soir s’avèrent particulièrement réussis (en live en tout cas!) à l’image de Saturday Superhouse et surtout des énormes Living Is A Problem Because Everything Dies et Get Fucked Stud. Les fans auront quand même pu noter une tendance un peu plus prononcée sur quelques nouvelles chansons à une linéarité un peu plus évidente que par le passé (comme sur Where Is A Match ? et son rythme martial ou encore Now I’m Everyone dont l’intro rappelle presque... Bloc Party!)… mais cela reste bien relatif quand on parle de Biffy Clyro et surtout c’est, au final, très réussi. Leur prochain disque n’en est que plus attendu.
La cerise sur le gâteau pour les amateurs du combo sera la présence d’un "ancien" morceau par album puisque 57 sera joué en début de show puis le fantastique Liberate The Illiterate en milieu et le sur-puissant Glitter And Trauma en clôture d’une prestation très convaincante qui aura, je l’espère, permis à un petit pourcentage de fans de Bloc Party de donner leur chance à ce groupe si étrange, si unique et si précieux qu’est Biffy Clyro.

Alors que certaines petites natures reprennent leur esprit et doivent même préférer l’ignoble musique de fond proposée dans la salle à cette première partie vitaminée, la salle est effectivement plus que garnie pour l’arrivée des têtes d’affiche. Si le deuxième album de Bloc Party en a dérouté plus d’un par son coté glacial et déshumanisé, il y a une chose sur laquelle tout le monde semble d’accord, c’est la qualité de Song for Clay (Disappear Here) pour démarrer un album… et un concert!
Le public s’excite comme prévu, le groupe semble content d’être là et a la bonne idée d’enchaîner par l’impériale Positive Tension dont le riff de guitare central transporte une fosse en ébullition. Pourtant, le son (un peu fort et surtout beaucoup trop saturé en aigus) vient quelque peu limiter l’enthousiasme de ce début de show notamment en salissant particulièrement le rendu de la batterie ou en rendant les interventions du guitariste Russell Lissack particulièrement pénible sur les austères Hunting For Witches et Waiting For The 7:18. Résultat immédiat, on ne peut s’empêcher de trouver de fâcheux (et toujours les mêmes!) défauts à un concert de Bloc Party: le groupe traîne toujours cette image de "premier de la classe" et d’élève trop appliqué peinant à se lâcher vraiment sur scène à l’image d’un Russell bidouillant toujours plus avec ses pédales multi-effets (lourd), d’un Kélé Okereke voulant faire taper le public dans les mains à chaque chanson (très lourd) ou d’un Gordon Moakes qui n’arrive toujours pas à assurer des chœurs (de plus en plus présents pourtant!) corrects…
Pour le coup, même la terrible Banquet n’aura pas la prestance qu’on lui connaît et l’enchaînement peu inspiré de Where Is Home ?, This Modern Love et The Prayer fait craindre le pire quand à la fin de leur prestation.

Heureusement, à l’image d’une déclaration étrange de Kélé ("on fait pas mal de nouvelles.. mais les anciennes chansons sont quand même très bonnes!"), c’est la petite merveille Little Thoughts qui va remettre le groupe dans le sens de la marche amenant une simplicité bienvenue là où les récentes compositions du groupe semble peut-être trop complexe à faire sonner en live. Quoiqu’il en soit, à partir de ce moment, le groupe va enfin se libérer et gagner en spontanéité en amorçant une dernière ligne droite "libérée" avec la très bonne Uniform et les excellentes So Here We Are et Like Eating Glass.
Ainsi, malgré une I Still Remember dont on se serait bien passée, le rappel sera donc vraiment un moment de communion mémorable entre le groupe et son public à l’image d’une She’s Hearing Voices dantesque (avec Kele chantant par deux reprises porté par le public et un stage-diving improvisé de … Ricky Wilson , leader de Kaiser Chiefs resté sur Lyon depuis son concert de la veille!), une puissante Sunday interprétée à deux batteries et une apothéose sonore gagnée d’avance grâce à la fantastique Helicopter.

Très bonne soirée au final donc puisque derrière une confirmation solide du talent si particulier des Biffy Clyro, on aura enfin vu un concert de Bloc Party (ou du moins une partie) plus libre et plus communicatif. Si le talent du groupe n’est plus à prouver et même si leur nouvelle ligne directrice (plus mature) sur album peut être remise en cause, il s’avère désormais primordial pour eux de privilégier en live la spontanéité et la joie de jouer qui les caractérise; qu’ils laissent des moments d’improvisation venir à eux, qu’ils cessent de trop vouloir « lisser » leur musique et canaliser leur énergie, et leurs prochains concerts s’annonceront alors comme vraiment exceptionnels.
setlist
    1. Song for Clay (Disappear Here)
    2. Positive Tension
    3. Hunting For Witches
    4. Waiting For The 7:18
    5. Banquet
    6. Where Is Home?
    7. This Modern Love
    8. The Prayer
    9. Little Thoughts
    10. Uniform
    11. So Here We Are
    12. Like Eating Glass
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    13. I Still Remember
    14. She's Hearing Voices
    15. Sunday
    16. Helicopter
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