Sea Power

Le dimanche soir, c’est fait pour glander devant la TV, aussi le Café de la Danse nous a présenté l’épisode 1 de la Saison 1 des soirées Mignon. C'est du moins ce que présentait le flyer, car rien dans la salle ni sur le site n’explique le principe de cette soirée sans thème.

C’est François Virot qui ouvre. Avec un nom comme celui-la j’imagine mon collègue de bureau chantant son mal être. On n'en est pas loin, il arrive en survêtement avec des baskets à scratch et s’assit avec sa guitare. « Ca fait bizarre de pas voir le public » chuchote-t’il, il a l’air un peu impressionné. Le public est pourtant relativement là, mais les deux mètres de fosses qui séparent la scène des sièges en escaliers sont vides. Sur les premiers morceaux une jeune fille assise parterre l’accompagne en faisant des percussions sur une guitare sèche sans corde. « on a decidé juste avant de venir qu'elle jouait » chuchote-t’il encore.
Malgré son nom de collègue de travail, son chant fait plutôt américain avec des accentuations nasales et des miaulements country. On dirait le petit ami timide et soumis de Cat Power. J’ai malheureusement du mal à saisir les paroles en anglais et du coup j’aurais apprécié quelques explications entre les titres, car sa musique avait tout l’air d’être à texte.
Il abandonne la scène qui ressemble à un bateau en perdition avec le bazar des British Sea Power : des amplis recouverts de drapeaux de signalisation marine. Seul un aigle polonais sur un des amplis rappelle la terre ferme.

On a beau savoir que ce groupe aime les accoutrements étranges et très (très) vintage, c’est toujours une surprise de les voir arriver avec le pantalon dans leurs chaussettes et des instruments usés. La violoniste ressemble à une mariée slave aux pieds nus avec sa grande robe blanche à fleur et son cordon doré dans les cheveux. Hamilton a une sorte de tablier chinois à motif fleuri alors que Yan ressemble à Eddy Merckx en bonnet (si tu ne sais pas qui est Eddy, vas sur wikipepia).
Le set commence par Lights Out For Darker Skies extrait de leur excellent troisième album Do You Like Rock Music?. Ils en joueront la plupart des titres. Le quatuor rock classique qui forme le noyau des BSP (basse, guitares, batterie) est accompagné sur scène d’une violonniste et d’un trompettiste ce qui permet aux compositions de maintenir sur scène l’équilibre entre leur richesse mélodique et leur brutalité rock.
Le deuxième morceau est Fear Of Drowning, mon préféré de leur premier album. A partir de là, tout peut arriver, qu’importe, je serais servi et comblé. La plupart des morceaux sont introduits par de drôles de sons sur bandes : croassements, bruits de vagues ou de conversations, ces petits collages sonores complète la petite mise en scène théâtrale de la petite troupe... en petite forme. Le groupe n’est pas à la hauteur de sa réputation scénique. Peut être la pression de leur premier concert français en tête d’affiche : le groupe n’a joué qu’une fois à Paris au festival des Inrockuptibles avec les Libertines en 2002 et sur quelques dates en première partie d’Interpol en 2003.
Hamilton introduit Black Out par un je ne crois à rien en français et une interrogation nobody speaks French ?. Il est vrai que la fosse est essentiellement remplie d’anglais et de photographes ce soir. Un signe qui ne trompe pas, le bar n’avait pas prévu assez de verres à pinte pour le following britannique du groupe.
Parmi les grands moments de ce concert, un enchaînement de plusieurs morceaux de leur début qui se conclut par un Spirit Of St Louis (Louie Louie) mémorable pour rappeler que quand ils sont vraiment en forme, ils sont un fabuleux groupe de scène.

True adventures est joué directement, sans le cérémonial des rappels, après le sublime No Lucifer, un des meilleurs morceaux de leur merveilleux dernier album. Point de rappel, ni de End Rock comme indiqué sur la setlist. Bonsoir, reposez vous bien et à très bientôt quand même, je l’espère.