Après avoir perdu la moitié de ses membres, les Tindersticks reviennent avec un album magistral. Pour faire la promotion de cette scie affamée ils ont choisi sept villes européennes et des salles de caractères. Paris est doublement servi, puisque après une Black Session à la Maison de la radio, c’est par un concert aux Folies Bergères que se termine cette petite tournée.
Comme pour le reste de la tournée c’est Sara Lowes qui ouvre seul avec son piano. Musicienne de studio, elle sort son premier EP cette année, et la scène lui sied très bien. Sa voix et son jeu sont très assurés, ferme et doux à la fois. Malheureusement, ce genre de musique s’écoute et les paroles ont probablement leur importance, mais je passe une bonne partie du set à la porte en attendant d’être placé. Ca fait parti des défauts des salles de « charme ».
Après une pause au bar, complètement dépassé par le public rock, retour dans la salle ou passe une musique assez étrange qui pourrait servir de bande originale pour les pièces de théâtre que diffusent Arte. Les lumières s’éteignent, le public très fan est attentif et concentré. Le groupe monte progressivement sur scène pendant qu’ils jouent Introduction, le premier morceau de The Hungry Saw. S’agissant d’une tournée de présentation de l’album, le groupe joue toute la face A, puis quelques morceaux anciens et toute la face B. C’est un format simple et très efficace.
Les trois membres rescapés de Tindersticks sont accompagnés de neuf musiciens pour les cordes, les cuivres et les percussions. Toute la puissance de leur album est ainsi parfaitement retranscrite sur scène. Après le plaisir de voir joué live l’instrumental d’ouverture, c’est au tour de Yesterdays Tomorrow d’être interprété de manière magistral. Morceau le plus fort de l’album, à mon humble avis, il est encore plus poignant en concert. E-Type est également très bien rendu sur scène avec profusion de percussions, maracas, tambourin et xylophone.
Après The Organist Entertains c’est le moment des vieux morceaux. Pour ceux qui auront triché en allant chercher les setlists sur internet, pas de surprise car c’est tous les soirs le même bonheur. Un morceau de chaque album sauf de Curtains, et triple ration du second que je ne suis pas le seul à préférer. Sleepy Song, comme plus tard les autres morceaux de Tindersticks II, est particulièrement bien accueilli par le public. S’ensuit Say Goodbye To The City avec des crescendi splendides pour faire une enchaînement parfait avec Travelling Light . Chez Tindersticks, même les setlists racontent une histoire.
C’est alors à la Face B de l’album d’être interprétée en reprenant par The Hungry Saw justement. Boobar Come Back To Me, qui ne plaisait pas trop sur l’album, prend toute son ampleur sur scène avec des montées et des descentes exceptionnelles. Le groupe reçoit sa première ovation du public qui arrache un "this one might be as good" [ndlr : celle-ci pourrait être aussi bonne] à Stuart Staples très heureux mais peu loquace. Le set principal se termine par What Are We Fighting For? treizième morceau fantôme de l’album qui n’est disponible que sur un 45 tours vendu pendant la tournée. Le groupe fait le coup du "thank you good night" même si tout le monde sait bien qu’ils rejoueront.
Ils ne sont d’ailleurs pas longs à revenir pour un My Sister très intimiste et qui me donne l’occasion d’apprécier la qualité du light show, le groupe semble flotter sur une scène verte et rouge. Après Hey Don’t You Cry, le groupe refait le coup du mini rappel. Quand ils reviennent pour Her, Stuart prévient « we all have moments in the set that we dread. This is mine » [ndlr : nous avons tous dans le set un moment que nous redoutons. Pour moi, c’est celui-ci...]. Et il s’en sort très bien. Le set est conclu par un She’s Gone très a propos, dédié au public et au groupe, « Thank you for you and for you ».
Oui, merci aux Tindersticks pour ce concert et cet album splendide. On se revoit pour quelques festivals (dont la Route du Rock) et à l’automne dans une formation plus réduite apparemment, mais d’ici là les choses ont le temps de changer.