Après quelques mois d'existence seulement, la soirée Rock Is Dead?, résidente de la Flèche d'Or, semble avoir trouvé son rythme de croisière. Avec les jeunes pousses de S.C.U.M, les Bishops fraîchement libérés de leurs obligations européennes aux côtés de James Blunt et les Young Knives prêts à consacrer leur temps à l'enregistrement de leur troisième album durant les prochaines semaines, cette dernière édition de l'année 2008 avait tout pour plaire.
Premiers montés sur scène, les londoniens de S.C.U.M, précédés par une hype croissante suite à la sortie de leur single Visions Arise. Des premiers pas s'opérant dans une atmosphère sombre et oppressante mêlant fumée et éclairages stroboscopiques, un effet de style qui plus est amplifié par le look volontairement gothique des quatre anglais. Las, à la magie et la curiosité de la première dizaine de secondes succède une certaine consternation à la découverte d'une bouillie sonore indigeste qu'une acoustique décevante ne tend pas à améliorer. L'absence de la guitare est ainsi compensée par une basse omniprésente et des effets de claviers à mi-chemin entre new wave, post-punk et krautrock, sans qu'une quelconque mélodie ne parvienne à se détacher ni se faire remarquer d'un titre à l'autre en raison de l'utilisation abusive et bien mal ajustée des reverbs. Chanteur possédé de la formation, Thomas, doté d'un charisme certain, attire ainsi les regards tantôt amusés tantôt captivés du public passif, mais sans jamais parvenir à utiliser sa voix de la manière adéquate.
Avec pour seuls atouts un univers très particulier et une personnalité d'ores et déjà affirmée, S.C.U.M. semblent encore à mille lieux de justifier les louanges de certains médias.
Habitués des salles de la capitale française depuis près de deux années, The Bishops ne sont quant à eux plus à présenter. Après avoir manqué leur rendez-vous avec la soirée Rock Is Dead? il y a maintenant deux mois, les frères Bishop et leur batteur écossais Chris McConville ont ainsi attendu cette fin d'année pour s'offrir un dernier passage dans la capitale et s'attirer la sympathie du public avec des mélodies 60s enjouées et entraînantes. Si le groupe serait à l'évidence passé inaperçu il y a quelques décennies, leur simplicité et leur entrain jamais démentis en font un groupe apprécié et attachant pour de nombreux amateurs de pop à l'ancienne.
Le soutien reçu durant la courte heure passée sur scène ne fait que le confirmer. Que l'on se penche sur les meilleurs titres de leur premier album (The Only Place I Can Look Is Down, Carousel, Can't Stand It Anymore ou encore She Said Bye Bye) ou sur les quelques nouveautés introduites ce soir à l'image du récent City Lights, l'énergie déployée par les deux lutins est au final suffisante pour assurer la satisfaction des fans.
Tête d'affiche logique de la soirée, The Young Knives, de retour à Paris pour la troisième fois en l'espace d'un après des prestations remarquées à la Maroquinerie puis au Nouveau Casino, ont su encore une fois jouer de leur large répertoire pour convaincre un public dont la venue enthousiaste face au trio d'Ashby-de-la-Zouch. Jouant comme à leur habitude de leur humour tout aussi potache que gras (comprendre britannique), Henry et Thomas Dartnall se placent comme les fers de lance du groupe, se partageant les taches vocales et les nombreuses private jokes avec une facilité certaine.
La setlist du soir a pourtant de quoi surprendre en faisant la part belle à l'album Voices Of Animals & Men, et ce quand bien même les formidables Here Comes The Rumour Mill et She's Attracted To sont évincés au profit de compositions moins populaires. Le salut vient ainsi des meilleures compositions du sous-estimé Superabundance, les singles Turn Tail, Up All Night et Terra Firma ainsi qu'un accrocheur Current Of The River sortant aisément vainqueur à l'applaudimètre lorsque vient l'heure du bilan.
Un dernier concert en forme de conclusion des plus satisfaisantes pour une soirée qui ne le fut pas moins !