A peine une rencontre avec le charmant leader de Noah And The Whale, Charlie Fink, achevée, que nous prenons place dans un Café de la Danse bondé pour un court set de la jeune
Alessi's Ark.
Nouvellement signée sur Bella Union, la frêle demoiselle surfe sur la vague du folk à guitare. Elle nous offre, de sa voix éthérée, sur des mélodies minimalistes, des ballades évoquant l'amour; les paroles sont souvent simplistes et les rimes faciles (« I love you and you know it's true »). Elle possède un joli brin de voix et sa timidité lui confère un côté attachant, et, pour combler les silences entre les titres, les remplit d'anecdotes personnelles. Rien de bien intéressant mais suffisant pour la rendre sympathique et drôle aux yeux du public. Rapidement, on en vient à la conclusion que sa musique n'a peut-être pas toutes les qualités qui lui permettraient de sortir du vivier florissant des chanteuses folk. Pas de quoi en faire une première partie mémorable donc, mais une douce façon de passer le temps.
La suite sera, a contrario, d'une toute autre trempe. Venus promouvoir la sortie prochaine de leur troisième album,
Last Night On Earth, Noah And The Whale font leur apparition, tirés à quatre épingles, costard-cravate classieux, et entament très vite avec
Life Is Life, titre d'ouverture de leur effort à venir. Si
The First Days Of Spring, sorti en 2009, marquait la rupture avec une folk-pop gentillette, les nouvelles compositions amorcent un virage encore plus important. En effet, les sonorités électroniques, inhabituelles pour le groupe, ont la part belle; finies les voix féminines : après le départ de Laura Marling, Charlie a décidé que les seules vocalises de ses albums seraient celles des musiciens et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'ils n'ont pas à rougir puisque ces dernières sont d'une justesse incroyable.
Si certains aiment encore à penser que la folk est soporifique, les cinq compères prouvent ce soir le contraire; alternant intelligemment titres calmes (comme le magnifique
Wild Thing) et dansants (
Rocks And Daggers). La foule est bruyante (surtout les jeunes filles, apparemment sensibles au physique de jeune premier de Charlie Fink) et aucune fausse note n'est relevée durant cette petite heure et demie de concert. Il semble au contraire que les musiciens aient encore réussi à gravir un échelon dans l'appréhension des mélodies; les cordes sont délicates tandis que le piano côtoie les bidouillages électro, la voix de Charlie est plus puissante et harmonieuse que jamais.
Last Night On Earth est largement déployé, même si
Blue Skies ou l'émouvant
The First Days Of Spring sont également jouées. Le rappel sur leur nouveau single
L.I.F.E.G.O.E.S.O.N et leur tube
Five Years Time retourne les spectateurs qui leur offrent une standing ovation.
Noah And The Whale sont tout simplement doués pour écrire des chansons attachantes et criantes de sincérité. Ils nous les délivrent élégamment, sans passer par quatre chemins, en toute simplicité. Ils possèdent le sens de la scène, maitrisent tout ce qu'ils entreprennent. Rien à ajouter à cela si ce n'est : chapeau!