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Tindersticks

Paris, Eglise Saint-Eustache / Stage of The Art - Agnès B - 28 avril 2011

Live-report par Emmanuel Stranadica

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Une file monumentale s’étendait devant l’église St Eustache de Paris jeudi dernier au soir. C’est pourtant pour un évènement musical et non une célébration religieuse que plusieurs centaines de personnes attendaient bien sagement l’ouverture des portes de ce célèbre édifice. Déjà réputé pour ses performances de musique classique, le lieu de culte accueillait ce soir là les Tindersticks pour une performance hors du commun. Fidèle de la réalisatrice Claire Denis et à l’occasion de la sortie du coffret Claire Denis Film Scores 1996-2009, le groupe de Nottingham donne une série de concerts où il produit en live, avec des projections d’images vidéo, la musique des six bandes originales de films composées au cours de ces quinze dernières années.

 

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Vers 21h45, les premières images de Nénette et Boni apparaissent sur l’écran géant déployé dans le cœur de l’église et les neuf élégants musiciens quasi dans l’obscurité s’élancent majestueusement dans l’interprétation de Ma Sœur. Le piano, les guitares acoustiques et la rythmique subtilement dosée créent une parfaite alchimie avec les projections vidéos. Stuart A. Staples, leader à la voix ténébreuse, reste muet et concentré derrière son clavier et sa guitare. Les images défilent souvent avec le son originel de l’œuvre cinématographique, rendant la performance un plus irréelle.
La douceur des compositions de 35 Rhums cède la place à L'intrus et son rock free jazz particulièrement tendu notamment grâce aux trompettes de Terry Edwards. Puis c’est au tour des petites perles de White Material, aux sonorités parfois médiévales avec ces flutes enchanteresses, d’enivrer le public. L’absence de Dickon Hinchliffe, compositeur de la musique de Vendredi Soir et ex-membre des Tindersticks, n’empêche nullement les musiciens de nous régaler des sons des violons de ses compositions.

 

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La performance de ce soir est telle qu’il devient quasiment impossible de réaliser où nous nous trouvons. Assistons-nous à un concert de musique ? Sommes-nous présents à une projection de cinéma ? Ne sommes nous pas dans un lieu de recueillement ? Ces trois points ne forment plus qu’un et la magie est totale.
Les applaudissements sont rares tout au long de cette représentation car la pudeur est de mise. Je regarde furtivement mon voisin de gauche, il a les yeux fermés et se laisse bercer par les subtiles harmonies servies par ce groupe décidément pas comme les autres.
Stuart A. Staples pose sa voix uniquement dans de (trop ?) rares occasions. Le clou du spectacle étant d’ailleurs, à mon sens, le thème principal du sanguinolent Trouble Every Day. Le rendu de la voix de Stuart mêlée aux instruments gracieux de ses acolytes est sublimé par l’endroit si particulier dans lequel se déroule l’évènement. A la fin du spectacle, le chanteur des Tindersticks remercie les techniciens, Claire Denis présente pour l’occasion, ainsi que le public pour s’être déplacé. La troupe de Nottingham nous gratifie ensuite de deux séquences supplémentaires de Nénette et Boni, dont l’impérial Petites Gouttes d’Eau, achevant ainsi une petite heure et demie d’un spectacle fascinant.