The Ads

Maybe Tonight voit le jour quatre mois, quasiment jour pour jour, après la parution du tout premier single du combo, le sensationnel à bien des points de vue, Auto Pilot, lequel avait insufflé un vent nouveau et salvateur dans le punk’n’roll poussiéreux sévissant dans la perfide Albion. Pour cette seconde livraison, The Ads, loin de se départir de sa fraîcheur, opère toutefois un subtil glissement vers le rock plus feutré et commercial, en réussissant le tour de force de conserver son âme rebelle.

En effet, les mélodies, que ce soit celle du titre du single, sensiblement moins acérée et assassine que celle d'Auto Pilot, ou bien celle de Medicine, face B aux accords bondissants, voire dansants, lorgnent désormais plus du côté de la famille du rock indépendant qui flirte sur la vague du succès, à l’instar de The Pigeon Detectives ou encore The Wombats, ce qui, somme toute, tient plutôt du compliment que de la critique. A travers ces deux compositions limpides et efficaces, et notamment grâce à des refrains très bien construits, The Ads réalise finalement le single qui répond aux attentes des medias et de la presse spécialisée.

Si la formation reste fidèle à ses racines, plongées au plus profond du punk garage des années quatre-vingts, on peut néanmoins déplorer la relégation au second plan de l’univers foisonnant et débridé qui caractérisait sa musique, à savoir les guitares aux sonorités à la fois noisy et électrifiées se fondant parfaitement dans une rythmique énergique et variée. Dorénavant, les accords électriques, naguère lourds et gras à souhait, sont plus en retrait et discrets, au profit d’une production aux accents un tantinet trop conformes au formatage actuel, et tellement policée qu’elle en devient, au bout du compte, monocorde et sans réels intensité ni relief.

Bref, on assiste à un second coup d’essai qui, à défaut d’enfoncer le clou et confirmer le potentiel du groupe, dévoile quelques-unes de ses faiblesses et autres lacunes, comme le manque d’originalité et de ressort. Ainsi Maybe Tonight nous laisse dans l’expectative et on appelle de nos vœux des morceaux faisant preuve d’un peu plus d’inventivité et de dynamisme, en un mot, des compositions plus personnelles et moins convenues. Malheureusement pour The Ads, si le jeune quatuor nourrissait l’ambition, ainsi que peut le laisser entendre le titre du second single, de « peut-être » transformer son premier essai « ce soir » et par-là même connaître un succès fulgurant, il va lui falloir attendre un peu et nous donner des gages plus sérieux de son talent. Peut-être ne nous sera-t-il nécessaire de patienter que quatre nouveaux mois.