Factory Floor

La pochette de R E A L L O V E, très design, colorée et épurée, pourrait être l’œuvre de Peter Saville, le designer attitré du label Factory Records. Quand après plus d’une minute d’une boucle speedée de boite à rythmes on entend la première voix, celle-ci est mi-parlée, mi-chantée et noyée dans la reverb comme les chœurs de Section 25, un des groupes cultes sortis de Factory.

Tout le morceau est un long enchainement de boucles électroniques haut-perchées dans les BPM auxquelles une caisse claire donne la réplique sur un rythme plus tranquille mais froid et martial, apportant à ce R E A L L O V E des faux airs de Blue Monday remixé par des sales gosses nihilistes. Il n’y a pas encore beaucoup de visuels de Factory Floor sur Internet, mais on en trouve une de leur chanteuse portant fièrement un t-shirt de A Certain Ratio. Dernière référence aux groupes de Factory et à la mythique écurie de Manchester, Stephen Morris, batteur de New Order a déjà produit et remixé un de leur morceaux (Wooden box).

Les analogies s’arrêtent là, le trio vient de Londres et déploie un vrai génie pour nous entrainer dans leur machine à tourner en rond. Les boucles obsédantes et entêtantes évoluent de manière tellement naturelle que les sept minutes d’un tourbillon qui pourrait être infernal s'écoulent tout en fluidité. A peine faut-il un break de quelques secondes pour changer de piste et la boucle reprend pour sept autres minutes du même titre mais en version Optimo Espacio Remix. Fait marquant, le remix est bien moins déstructuré que l’original, et on y entend même davantage les instruments.

Le groupe n’est pas encore signé mais a déjà eu l'honneur de deux pages dans le NME avant de sortir aujourd’hui son troisième vinyle. Côté scène, il a déjà joué en première partie de ce qui se fait de relativement plus « populaire » en groupes bruitistes et barrés : Liars, Chris and Cosey, Wire ou même Sonic Youth. Pas mal pour un groupe d’à peine trois ans et qui devrait continuer à faire pas mal... de bruit.