Eaux

Le tri-Eaux sort en cette période pré-estivale caniculaire, un premier album rafraichissant d'une électro-pop mystérieuse et glaçante. Formé sur les bases de leur précédente formation Sian Alice Group, Sian Ahern et Ben Crook s'associent à Stephen Warrington sous un nom plus évocateur incitant davantage à s'intéresser à leur musique. Ils trouvent ici une voie allant plus loin dans l'électro sombre et hypnotique.

Plastics est forgé dans une électro-pop subtile, délicate et puissante à la fois, créant un isthme entre un minimalisme limpide et mystérieux et un synthétisme galactique enivrant. Les changements de rythmes sont légions, passant de tunnels marins remuant à des crescendos addictifs, débouchant sur des passages dansants euphoriques. Le volume sonore augmente tandis que les idées fourmillent. Les impressions d'espace en expansion se multiplient avec l'empilage des beats sourds et martelés. Mais l'élément qui nous marque avant tout est cette voix évaporée et mystique de Sian Ahern. Elle semble se frayer fragilement un chemin en dehors des amas de samples avec ses échos de chant spirituel, atteignant des aiguës rappelant Zola Jesus.

Eaux aiment les lames de fond électroniques mais n'oublient jamais les quelques arrangements d'arrière plan qui rendront chaque morceau attachant malgré le foisonnement sonore qui peut nous perdre dans ses multiples trajectoires. Des éléments krautrock psychédélique s'ajoutent au tsunami auditif, nous envahissant par tous les pores : Eaux détestent le vide. Quelques guitares viennent parfois soutenir le tout, avant que des orages rythmiques ne s'y abattent, prolongés par d'amples nappes synthétiques nacrées. Eaux tiennent parfois de l'invocation rituelle ou d'une bande son du Blair Witch Project 2014 avec des caissons de basses réglés en mode Star Wars. On notera aussi un sans-faute dans des compositions marquantes, de la divagante Head à la rayonnante The Light Fall Through Itself et ses allures pop rappelant Chromatics. Eaux seraient ainsi la parfaite connexion entre Fever Ray et Fuck Buttons, entre subtilité mélodique et agressivité rythmique.

Eaux signent avec Plastics un premier album nous plongeant dans une apnée électrisante. Son aspect très live avec ces titres qui s'enchainent promet des concerts pouvant faire vibrer profondément chaque organe. On ne manquera pas d'y revenir !