RPA & The United Nations Of Sound

On avait laissé Richard Ashcroft il y a quatre ans avec Keys To The World dont le titre phare Break The Night With Colour laissait supposer la dépression rampante de l'ex-leader de The Verve engourdi dans une atonie lyrique. C'est donc avec trépignement et une légère angoisse que l'on attendait le retour du northerner, et ce, même si son récent concert parisien semblait de bon augure. C'est ragaillardi, entouré de nouveaux musiciens sous le nom de RPA & The United Nations Of Sound que nous revient le lad de Wigan.

Qu'est-il arrivé à Ashcroft ? A-t-il réécouté en boucle ses vinyles de Northern Soul ? A-t-il mangé du Barry White ? Toujours est-il que le sieur Richard nous livre ici douze titres enjoués, dansants, chauds et bruts. Une vraie surprise et un retour salvateur aux sources.

Tout commence avec le bien nommé Are You Ready? duquel suinte toute l'influence soul du maître du songwriting. Lancé en même temps qu'un vidéo clip aux allures de bande annonce, ce single lance la marche d'un album époustouflant que seul Let My Soul Rest pourra arrêter. Du clip à la chanson, il est évident que Richard Ashcroft a retrouvé sa splendeur d'antan. Born Again, second titre à la puissance d'un live, illustre cette vérutable renaissance et prouve que le feu soul couvait toujours sous les cendres des mélodies pop de l'auteur de The Drugs Don't Work.
Ashcroft enchaine ainsi les titres d'inspiration 70's par delà lesquels on sent les ombres de Howlin'Wolf, BB King et Clarence Carter, tous ces héros sans visages - et pourtant si connus - des soirées mods. Pas de doute non plus sur l'apport des musiciens afro-américans réunis sous le drapeau des United Nations Of Sound : Ashcroft n'aurait pas fait aussi bien sans eux.

Avec America, il nous livre un titre très Ian Brown à base de soundsystem, d'un flow hip-hop et d'une mélodie, « America, I'm looking for you everywhere », impossible à oublier, avant de montrer un visage hautement sexué sur This Thing Called Life : le morceau suinte la chaleur de Chicago en été, du carnaval de la Nouvelle Orléans. S'il dit bien « let's do this thing called life », il pourrait tout autant dire « love » . Et il continue à jouer sur les mots avec How Deep Is Your Man inspiré, totalement absorbé par le blues late 50s du Delta, Good Loving, tout comme She Brings Me The Music et Royal Highness sont déjà de grands classiques ashcroftiens. En fermant les yeux, les cordes rappelleront certainement le Lucky Man de 1997 et son ambiance lever de soleil sur Londres. Vervesque. Intemporel. Imputrescible.
Plus on avance dans l'album et plus on redécouvre la palette de couleurs musicales qu'est capable de produire Ashcroft. Avec Glory, il joue sur le terrain du Gospel, et si Are You Ready? était le trailer, Let My Soul Rest est le générique de fin de douze titres dont il transparaît une toute nouvelle joie de vivre.

En signant un album ancré dans les valeurs musicales de l'Angleterre mod et les rythmes blacks américains contemporains, Richard Ashcroft assène aux yeux du monde sa résurrection et prouve qu'il est bien le phénix du rock britannique. Gardez la foi, Ashcroft est de retour.