Beaty Heart

Troumaca, Glass Animals, Ibibio Sound Machine, Beaty Heart... C'est au choix une simple impression, une réponse à la conjoncture actuelle (bien morose), éventuellement un heureux hasard, mais il semblerait que la scène indépendante britannique se soit récemment découvert une passion pour la world music, puisant régulièrement dans ce que le monde a à nous offrir en termes de folklore pour accoucher d'une musique aux couleurs chaudes et ouvertement métisse.
Inviter l'auditeur au voyage tout en lui rappelant que la pluralité du monde est une richesse, voilà bien une démarche louable, mais quand il est question de musique, on ne se refait pas, c'est avant toute chose les qualités de cette dernière qu'il convient d'observer.

Et c'est bien là où le bât blesse : véritable leçon d'aquarelle, Mixed Blessings séduit par son ambiance bon enfant, son humeur joviale, mais peine à proposer des mélodies qui nous feraient oublier l'espace d'un instant des formations comme Vampire Weekend ou Animal Collective, qui se voient ici cantonner à leur rôle de mètres étalons. Oui, Mixed Blessings manque cruellement de chansons, un fait d'autant plus flagrant que l'album débute par les deux plus récents singles dévoilés par le groupe, Kanute's Comin Round et Seafood, des titres finalement bien au-dessus du maigre lot ainsi présenté. Et quand un autre morceau tente de se hisser au-dessus du niveau de la mer (Lekka Freakout), il se trouve que celui-ci aussi a déjà fait l'effort de se frayer un chemin jusqu'à nos oreilles. A croire que Beaty Heart n'ont pas voulu préserver le meilleur pour la fin, allez savoir pourquoi.

Tout ceci est finalement fort dommage, car jamais le groupe ne donne l'impression de se repaître de facilité, et d'ailleurs, peut-être aurait-il fallu que nos anglais délaissent les fioritures pour se concentrer sur leurs mélodies. On ne retient pas grande chose de cet album gorgé d'Afrique, mais il sonne plutôt bien, et il est toujours agréable de voir les percussions jouer un premier rôle.

Mixed Blessings, c'est un peu la grenouille qui se voulait plus grosse que le bœuf. A trop vouloir en faire, Beaty Heart ont oublié l'essentiel, ce qui est toujours frustrant quand on considère un groupe aussi amoureux de la vie. La suite sera décisive, car au vu de la concurrence actuelle, le groupe pourrait parfaitement sombrer dans le néant auquel il fait déjà face.