Foals

Trois ans et demi après What Went Down, Foals sont de retour avec leur cinquième album : l'ambitieux Everything Not Saved Will Be Lost - Part 1. Ambitieux car ce disque sera d'une part complété par un second volet à paraitre à l'automne, mais surtout parce qu'il a la lourde tâche de devoir remettre en selle le groupe après un précédent disque assez en demi-teinte.

Exits, le premier extrait dévoilé par le groupe d'Oxford en janvier, n'était pourtant pas complétement rassurant avec son faux rythme dansant au son très travaillé. Foals semblaient se cantonner à ce style groovy pas très original car déjà entendu dans certaines de leurs compositions précédentes. En clair ce morceau n'annonçait nullement une révolution dans ce premier chapitre de Everything Not Saved Will Be Lost.
Cependant, et j'ai presque envie de dire heureusement, cet album c'est bien plus que cela, à commencer par Moonlight. Remplie de nappes synthétiques, l'ouverture pourrait s'apparenter à un croisement entre Moon (présente sur Holy Fire) et Spanish Sahara, principalement pour les paroles ("I walked into the desert"). Mais comme Yannis Philippakis n'aime pas lier le passé à ses nouvelles compositions, on ne s'attardera pas sur ces possibles connexions. Moonlight est donc avant tout une très belle entrée en matière pour cet album à des années-lumière du furieux What Went Down qui débutait son précédent.

C'est White Onions qui s'apparente comme le véritable détonateur de ce premier volet. Rythmée et percutante, la chanson est terriblement efficace. Yannis s'y lâche vocalement, pas autant que dans What Went Down certes, mais reste tout de même assez rageur et sa voix colle parfaitement à la ligne electro-electrique ultra dynamique du morceau. Cela constitue une sacrée contradiction avec la plage qui suit, In Degrees, et son beat lourd qui n'est pas des plus emballants. A contrario, Syrups permet à Foals d'afficher un tout autre visage. Saccadée et pesante, la composition est osée, notamment avec ses lignes de guitares qu'on n'attendait plus de par la teneur des titres précédents. A mi-parcours, cet audacieux changement de rythme donne une toute autre dimension au disque avec son côté progressif.

La seconde moitié de l'album démarre avec On The Luna, une pop song plus classique, moins excitante que celle qui l'a devancée. Mais Everything Not Saved Will Be Lost - Part 1 n'a pas terminé de nous surprendre. Cafe d'Athens en est un premier exemple. Sa rythmique lorgne vers un autre très célèbre groupe d'Oxford, Radiohead, alors que sa mélodie a des petits airs Jamie XXiens. En clair, c'est du très fort, toutefois le plus beau reste à venir. En effet l'interlude Surf PT.1 s'immisce magnifiquement avant la très délicate Sunday, grand moment du disque. Élégante et simple, la chanson longue de six minutes s'apparente à un long plongeon dans l'océan, et semble nous inviter à profiter des sensations procurées par cette folle immersion dans l'eau. Mais nous ne sommes pas encore au bout de nos surprises. Car lorsque retentit les notes de piano de I'm Done With The World (& It's Done With Me) sur laquelle Yannis vient intimement marier sa voix, on se dit qu'on tient là une vraie petite merveille en guise d'épitaphe.

Foals signent donc avec Everything Not Saved Will Be Lost - Part 1 leur grand retour. Certes tout n'est pas parfait tout au long de ce disque, mais la face b, majeure de par sa richesse à travers sa grande diversité musicale, rend l'écoute tout à fait passionnante une grande partie du temps. Cet album constitue donc une magnifique première partie d'un essai en deux mouvements. Rendez-vous donc l'automne prochain pour découvrir la dernière partie de ce projet qui a, pour le moment, une bien fière allure.