Qtier

Basés à Londres, Qtier ne pouvaient pas mieux commencer leur carrière : Still illustre un premier EP de très bonne facture. Englobant tout un tas d’univers, d’atmosphères, de styles et de couleurs, la musique de ce trio est - à bien des égards - aussi vertueuse que parfaitement vaine pour qui ne saurait pas saisir les codes qu’elle englobe. Car encore faut-il bien appréhender tous les chemins de traverse du groupe pour comprendre toute sa richesse ; pour cause, s’ils restent d’obédience électronique, Qtier s’immergent souvent dans l’électronica ou la pop, en jouant notamment sur des nuances de production. En témoigneront la musique synthétique feutrée de Still et les arpèges acoustiques de Drift.

Finies les sensations de doute, de désespoir, de crispations ou de pression... De manière générale, Qtier parviennent toujours à tirer l’auditeur vers le haut grâce à des mélodies suaves et délicates, un chant à peine poussé, une sensibilité palpable de bout en bout et une cadence régulière, confinant à installer une musique intemporelle et mouvante dans une ambiance rêveuse qui apaise, telle une berceuse des temps modernes.

Le groupe est aussi maitre dans l’art de faire de la musique sérieusement sans sembler se prendre pour autant au sérieux. Still, single impeccable, en est la preuve : faussement lounge, le titre, qui pourrait lointainement s’apparenter à une production de Gold Panda, est aussi extatique que froid et parfaitement accrocheur : on y entend une rythmique robotique et immuable, un chant mélodique et décomplexé et des guitares planantes qui viennent caresser dans le sens du poil. De quoi laisser l'auditeur dans un étrange spleen.

Aller en soirée clubbing sous l’emprise d’un profond tranquillisant : tel est un peu l’effet que Qtier tend (in)volontairement à donner dans cet EP, qui, pour une première livraison, mérite tous les honneurs.