Good Shoes

Le moins que l'on puisse dire, c'est que Good Shoes avancent sur la pointe des pieds : alors que s'usaient Small Town Girl et We Are Not The Same – la paire de singles parus en 2005 – à force de ne plus les quitter, les voici enfin de retour en ce milieu d'année avec l'attrayant All In My Head.

Dès les premières notes de la chanson titre, la marche est donnée : d'abord saccadée et vibrante, elle prend plus loin à contre-pied en déviant sa trajectoire et accélère soudainement sur le refrain, pour, sur le pont, laisser s'échapper un solo exalté avant de repartir de plus belle dans l'urgence de l'instant.
Ces deux minutes et quelque de course effrénée laissent ensuite place à deux plages apaisées au cours desquelles le chant de Rhys Jones évoque plus que jamais celui de Robert Smith période Three Imaginary Boys, à l'époque où il était encore juvénile et limpide. Moins directes que All In My Head, elles prennent toutes deux de faux airs enjoués pour nous ralentir dans notre élan et mieux nous imprégner de leurs propos lucides et mélancoliques : « i need you like i need cancer » dans le désabusé Questions & Answers, « i was the one who told you the difference between wrong and right » dans Wrong & Right.

Ce nouveau single s'inscrit ainsi dans la continuité des précédents tant dans les propos avisés que dans la liberté des mélodies déployées tout du long. Good Shoes n'ont pas changé leur marque de fabrique mais prennent une pointure de plus à chaque nouveau single, en espérant que leur premier album nous convienne tout autant : qu'il soit à son tour large et agréable tout en s'usant toutefois bien moins vite, et qu'il y ait surtout matière à se délacer afin de profiter à loisirs de chaque foulée spontanée que le groupe nous offre généreusement et en toute simplicité depuis ses débuts.