Eight Legs

Malgré leur attachement à la France au vu des quelques concerts qu'ils ont déjà effectués sur la capitale, les quatre londoniens de Eight Legs ne semblent pourtant pas connaître d'intérêt grandissant par chez nous. Leur premier album Searching For Simple Life paraissait d'ailleurs l'année dernière au Japon puis, en février dernier, rongeait l'Allemage, la Suisse et l'Autriche ... avant de finalement s'offrir une sortie dans nos contrées et, plus étonnant, sur leurs propres terres. Six mois après le Japon, donc ...

Huit pieds sous terre, le regard détourné de la musique, le groupe se voit proposé par le styliste français Hedi Slimane la composition d'une pièce pour le défilé Dior 2006/2007. De 2 minutes 30, These Grey Days est alors réarrangé en punk romantique de quinze minutes. Ce maigre succès aura valu à Eight Legs de devenir l'espace d'un instant le groupe anglais glamour en vogue. Restait à faire leurs preuves sur disque, qu'ils égrénèrent au fil des mois.

Slalomant entre les Good Shoes et The Boyfriends, Eight Legs fascinent par leurs mélodies entêtantes dont on ne retient que la moelle : quand d'autres courent après les mélodies pour se prendre à l'arrivée les pieds dans le tapis, le quatuor enchaîne lui les pépites rock dépoussiérées avec une facilité déconcertante. Le son de guitare est là, toujours à l'identique, sans qu'aucune chanson ne se ressemble vraiment. Une intro dispensable + neuf morceaux chacun sur sa planète, puis, parce qu'ils sont encore jeunes, Eight Legs se permettent de laisser deux de leurs meilleurs atouts pour la fin.

Quand on sait que la moyenne d'âge du groupe se situe autour de 19 ans, on ne ressort que des bonnes choses de ce premier album. Porté par le chant impeccable de Sam Jolly, on gagne en intensité et maturité sans perdre en spontanéité, l'énergie des singles côtoyant les trouvailles des nouvelles compositions. Ne dépassant pas les trois minutes et réussissant pour autant le tour de force de créer une âme directrice, les titres s'accordent parfaitement pour créer un premier album à la fois clairsemé et cohérent.

Eight Legs ont beau avoir les Plastiscines dans leurs amis myspaciens, ils n'en sont pas moins emplis d'inspirations pop déballées à l'arrache. Rarement brouillons, ils ont su tirer de l'indie rock anglais actuel ses avantages : la diversité mélodique, les arrangements décomplexés, la résolution adolescente, la mort certaine de la britpop. Ils ont le talent, ne leur manque plus que la reconnaissance des deux côtés de la Manche.