Sound Of Yell

Non, le mélange des genres musicaux n'est pas le seul apanage des Américains ! En Ecosse aussi on a le sens de la diversité : la folk peut d'ailleurs très bien flirter avec le jazz, les ambiances psychédéliques ou la pop bricolée. Le dernier songwriter national à nous en fournir la preuve s'appelle Stevie Jones alias Sound Of Yell et son album Brocken Spectre, majoritairement instrumental (hormis quelques choeurs), est une ode à la volupté.

Au menu : des arpèges acoustiques aux allures parfois baroques s'acoquinent souvent de batteries jazzy (Ossicles) jusqu'à parfois s'élever vers les sphères d'un post-rock lo-fi et légèrement psychédélique. Dans ces huit chansons, qui relèvent autant de la pop que de la musique classique et n'ont ni vrai début ni réelle fin (Iguacu), on trouve une douceur bienvenue et idéale pour être écoutée sereinement au coin du feu, mais aussi quelques moments de dramaturgie(Crescent, Brocken Space) qui entraînent l'auditeur dans des ambiances progressives, épiques et ondulantes, qu'on diraient presque improvisées.
Dans son maëlstrom sonore, le musicien de Glasgow arpente alors des chemins paisibles (Sated Eyrie, pas loin d'un Gravenhurst) ou met le pied dans des paysages plus fantaisistes et chatoyants. Dans tous les cas, jamais il ne fige ses compositions qui se baladent et se pavanent via des rythmes et des tensions multiples, qui souligne le relief de ce disque.

Musicalement, Stevie Jones (El Hombre Trajeado, Arab Strap) n'hésite pas non plus à donner de la richesse à ses comptines en intégrant tout un attirail d'instruments (flûte, clarinette, piano, violons, violoncelle...) à son processus de création et en invitant plusieurs artistes à participer aux arrangements de ses titres. Parmi eux, on retrouve notamment Stevie Jackson (Belle And Sebastian) à l'harmonica, Aby Vuillamy (National Jazz Trio d'Ecosse) à la scie musicale, Norman Blake (Teenage Fanclub) au chant, Alex Neilson (Trembling Bells) à la batterie et aux percussions, mais aussi Kim Moorre sur des parties de violons.

De quoi donner à cet album une belle singularité, à défaut d'une accroche totale.