People In Planes

Né des cendres du très pop branchée Tetra Splendour, qui eut son quart d’heure de gloire au début des années 2000, People In Planes a tiré les leçons du passé. En effet, Mr. Bishi est mort très jeune, trop fragile, ne pouvant résister face aux poids lourds de la production récente.

Avec As Far As The Eye Can See, People In Planes propose un rock musclé, très complet, et se remet sans cesse en question. Pour preuve, les versions très différentes de If You Talk To Much (My Head Will Explode) et For Miles Around (Scratch To Void), lesquelles chansons figuraient déjà sur les deux premiers EPs du groupe, sortis en fin d’année dernière. Le groupe se montre résolument perfectionniste dès l’introduction de l’album avec Barracuda, l’un des nombreux titres progressifs de l’opus, où le superbe chant module plusieurs intonations différentes sur un tempo faussement Stoner. La première moitié de l’album regorge de joyaux de cet acabit, comme, par exemple, les somptueux Moth et Rush qui se clôturent en apothéose, au terme d’un crescendo où bouillonne une pléthore d’instruments. Autre composition, fruit d’une recherche musicale intense et aux accents complexes, Token Trapped Woman confirme les influences de We Are Scientists et de At The Drive-In, pour donner un résultat qui sonne toujours juste.

La seconde partie, en revanche, avec des titres comme My Black Widow (lequel vire orchestral voire groovy) et Narcoleptic (morceau mi-slow mi-symphonique, qui porte finalement bien son nom), si elle contraste avec la première en proposant une atmosphère plus calme et intimiste, est finalement bien moins intéressante. Quant à Penny, titre expérimental où le saxo s’immisce et où la légèreté et la sobriété de la production ne sont pas sans rappeler l’esprit de Tetra Splendour, celui-ci constitue une manière d’ovni.

Même si l’on est affublé d’une mauvaise vue, « aussi loin que l’on puisse voir », on distingue très nettement que le futur de People In Planes est radieux, à condition néanmoins qu’ils proposent un peu plus de variété, non pas en ce qui concerne la complexité des morceaux, mais relativement aux tempos et à la construction à proprement parler des titres. Le décollage est donc réussi pour People In Planes mais le mur du son n’est pas encore atteint.