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For Noise Festival

Pully, - 19 août 2010

Live-report rédigé par Amandine le 20 août 2010

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jeudi 19
C’est sous un temps radieux que débute l'édition du For Noise Festival 2010 pour trois jours de concerts alléchants. On y découvrira des têtes d’affiche confirmées comme Peaches, The Fall ou The National et de petits groupes encore inconnus comme à l’accoutumée.

Le For Noise se déroule chaque année aux alentours de Lausanne et fait figure de Petit Poucet face aux géants francophones du Paléo ou de Rock en Seine. Le site est articulé autour d’une scène principale à laquelle viennent s’ajouter une petite salle (le DeMovie Salon) pour les sets électro et une autre, minuscule, l’Abraxas, connue des Lausannois pour avoir accueilli durant de nombreuses années des concerts rock de groupes locaux. Le lieu est convivial ; les stands de Tchaï indien côtoient ceux des gaufres traditionnelles et le tout prend plus des airs de kermesse de fin d’année que d’un festival. Je serai toujours étonnée de constater une programmation aussi pointue et intéressante pour un événement aussi petit.

Cette première soirée débute avec les californiens de Local Natives. Le site se remplit peu à peu au son entraînant du groupe qui allie titres punchy et ballades. Ces quatre américains occupent ces dernières semaines le devant de la scène outre-Atlantique (alors qu’ils restent encore assez méconnus en Europe) avec un premier album, Gorilla Manor, encensé par la critique. Leurs morceaux accrocheurs ont des accents d’Animal Collective ou The Dodos. Ils déroulent les chansons de leur album en nous gratifiant même d’une reprise des Talking Heads, Warning sign. Les percussions presque tribales mêlées à des voix et des backing vocals savamment maîtrisés réussissent à conquérir un public qui n’était pourtant pas totalement rallié à leur cause.
C’est avec le sourire et en chantonnant que l’on se rend à l’Abraxas, deuxième scène indoor et minuscule du site, pour un concert conceptuel qui interpelle. Les Suisses de Televator nous expliquent qu’ils ont aujourd’hui décidé de jouer un « Toystoner Show ». Nous sentant dubitatifs, ils nous expliquent qu’étant donné qu’ils ne pourront pas pousser les décibels ce soir, ils ont imaginé un concert avec une batterie pour enfants et de petits amplis « de merde » (je cite). « This is how we wanna sound toystoner » : le ton est donné et c’est sur une scène décorée de dessins d’enfants quelque peu effrayants que Televator nous balance son gros son : un chant screamo, des riffs efficaces, un rock brut nous rappelant At the Drive-in ; le tout est prenant et une grand-mère à mes cotés semble apprécier puisqu’elle se trémousse et hurle pendant tout le spectacle ! Les trois suisses nous laissent sur notre faim en nous saluant sur une mélodie enfantine pré-enregistrée sur un vieux clavier Bontempi. Après avoir brûlé toutes ces calories, le temps est venu de retourner dehors.

La nuit tombe quand les quatre musiciens de Caribou montent sur scène. Je suis étonnée d’assister à un début très pop alors que Daniel Snaith est plutôt reconnu pour ses mélodies électro. Après un long intermède instrumental résonnent les premières notes d'Odessa, titre phare du récent Swim. Le concert monte en puissance et il est surprenant de constater à quel point le groupe réussit à transposer ses compositions en une musique à la frontière entre rythmes électro et pop.
Après le set des canadiens et une petite pause rafraichissement bien méritée, on assiste au ballet des techniciens amenant une grande quantité de matériel sur la grande scène : des pianos, des clavecins, des claviers, des xylophones ; il faut dire que l'on attend un artiste très spécial. La tête d’affiche de ce premier soir n’est autre que Jónsi, chanteur et leader du groupe islandais Sigur Rós. Après de longs réglages durant la balance, le show commence. On a du mal à s’imaginer comment cette voix féérique pourrait sonner autrement que celle de Sigur Rós ; pourtant, ce soir, le chanteur va nous prouver le contraire.

Accompagné de ses quatre musiciens, il se présente sur scène habillé de plumes et de franges. Un premier titre assez planant en islandais fait craindre le pire : un pastiche de son groupe serait inutile et malvenu. Les doutes se dissipent très vite lorsqu’il entame un morceau plus rythmé et en anglais. Le spectacle est à la hauteur des attentes : les ombres spectrales des musiciens se détachent et les yeux et les oreilles sont comblés. La mise en scène est théâtrale, les musiciens prodigieux : le batteur, coiffé d’une couronne, semble se démettre les épaules sur chacune des chansons tant il donne de sa personne. Le groupe a l’air de prendre du plaisir... et nous aussi.
Je me souvenais, il y a quelques années, d’un Jónsi, sur la scène de l’Olympia, beaucoup plus introverti et grave. Aujourd’hui, il est souriant, a l’air mutin, se perd dans des danses transies. Certains spectateurs peu avertis semblent tout de même se demander qui sont ces hurluberlus balançant un son à nous percer les tympans et des basses, à nous retourner l’estomac. Pour ma part, même après des années d’écoute intensive de Sigur Rós, la voix de Jónsi me fait toujours le même effet et je sens naître de la pointe de mes orteils au sommet de mon crâne un énorme frisson malgré la douceur ambiante.

Ce dernier concert de la soirée nous laisse étourdis par tant de beauté et de virtuosité (malgré un bassiste avec le pouce dans le plâtre, comme on pourra le constater lor du salut au public). Un bénévole du site nous demande d’évacuer au plus vite pour laisser place au semi-remorque venant récupérer le matériel du groupe. Vif retour à la réalité. Je rentre ravie de ce premier soir riche en émotions et m’attend à sortir de ces trois jours de festival avec des images plein la tête et des découvertes musicales plein les oreilles.
artistes
    Jónsi
    Caribou
    Local Natives
    Tanguy
    Nya
    My Heart Belongs To Cecilia Winter
    Televator Toystoner show
    Carte Blanche à Mash Up!