Place ensuite à The Black Angels sur la scène de la Cascade, là même où leurs compatriotes de Black Rebel Motorcycle Club ont frappé fort deux jours plus tôt. Las, quand bien même la qualité des compostions est indéniable, le groupe semble éprouver quelques difficulté pour imposer son psychédélisme et faire naître une quelconque atmosphère en plein jour, qui plus est face à une foule éparse. En résulte ainsi une première moitié de set timide, marquée par l’introduction de plusieurs titres extrait de leur nouvel album, Phosphene Dream, avant que la tension ne monte par la suite mais sans jamais parvenir à convaincre pleinement. A revoir à l’évidence dans de meilleures conditions, et notamment sur un espace plus réduit où les nombreuses qualités de la formation sauront mieux s’exprimer.
Les aléas de la programmation étant ce qu’ils sont, c’est assis dans la herbe que nous attendons les prochaines échéances, à savoir le concert de Beirut sur cette même scène une courte heure plus tard. Zach Condon et sa fanfare sont ainsi chaleureusement accueillis, chaque titre se voyant ponctué par des applaudissements nourris et quelques échanges dans un français parfait. Si la prestation est chaleureuse, portée par des cuivres et arrangements superbes, la musique de Beirut semble se perdre face à un si vaste espace, l’absence de réels changements de rythmes et une configuration peut-être trop acoustique tendant à renforcer l’impression d’un cruel manque d’ambiance et de présence. Un set à l’image d’une journée axée sur des sonorités plus douces, mais trop en décalage par rapport aux exigences d’un festival.
Progressivement, la fatigue se lit de plus en plus sur les visages, mais les Ting Tings sont à leur tour attendus pour asséner un coup de fouet au public en vue des dernières échéances du week-end. Après une absence d’une année principalement consacrée à l’écriture et l’enregistrement de leur second album, les deux anglais semblent étrangement se complaire dans un confort malvenu. A l’exception de leur nouveau single, Hands, efficace en dépit d’une chorégraphie bancale durant laquelle le slogan « Dance, Dance Dance » est brandi sur plusieurs pancartes par une troupe figurants, le set proposé est une copie conforme de ceux connus jusqu’alors : mêmes enchaînements, même arrangements, même notes d’humour… Jules De Martino et Katie White se reposent sur leurs acquis et ne doivent leur salut qu’aux singles Great DJ, Shut Up And Let Me Go et That’s Not My Name, immédiatement accrocheurs face à une foule compacte et enthousiaste. Un minimum syndical loin de combler les attentes pour l’une des principales déceptions du festival.
Depuis près d’une demi-heure, les quelques trente mille amateurs de musique présents dans le Parc de Saint-Cloud convergent en effet vers un unique lieu en vue de l’arrivée d’Arcade Fire. Si leur récent album, The Suburbs, partage encore aujourd’hui les fans de la première heure en dépit d’un accueil critique unanime, la prestation du soir est à la hauteur des attentes et comble de bonheur l’ensemble de la foule. Euphorique au point de reprendre en chœurs les refrains des titres les plus populaires, celle-ci pousse le groupe à se dépasser à chaque instant. En résulte une communion des plus touchantes durant cette prestation majestueuse et sans la moindre faute de goût, marquée par un Ocean Of Noise proposé en compagnie de Beirut et un No Cars Go ébouriffant. Ce moment de grâce est toutefois interrompu par des trombes d’eau durant We Used To Wait, obligeant le groupe à se retirer face au risque d’électrocution alors que le public ne baisse pas les bras et continue d’acclamer les héros du soir. Bien décidés à ne pas rester là, les canadiens bravent les éléments et la tempête pour interpréter un ultime titre en acoustique, Wake Up, repris en chœur par une assemblée que rien ne semble pouvoir décourager. Une conclusion parfaite à la prestation la plus marquante du week-end.
Avec plus de 105000 spectateurs accueillis durant trois jours, le festival Rock en Seine a rempli son contrat avec brio. Certes l’ambiance n’aura pas toujours été au rendez-vous, la faute à l’absence d’animations et décorations dignes de ce nom, mais la programmation aura quant à elle tenu toutes ses promesses. Vivement 2011 !