logo SOV

Rock en Seine

Paris, - 29 août 2010

Live-report rédigé par Fab le 2 septembre 2010

Bookmark and Share
dimanche 29
Après deux journées menées tambour-battant, place à la clôture du festival Rock en Seine avec une nouvelle ribambelle de formations toutes plus attendues les unes que les autres jusqu’au feu d’artifice annoncé : Arcade Fire.

Mais avant cela, retour au début d’après-midi. Il n’est que 14h30 lorsque Wallis Bird et sa troupe prennent place face à une assistance encore clairsemée. Si la musicienne fait preuve d’un entrain et d’une volonté de communier à toute épreuve, sa musique folk légère et ensoleillée manque d’inspiration pour passionner un auditoire éreinté par les deux dernières journées. Les titres s’enchaînent sans que les mélodies ne fassent réellement dodeliner les têtes ou ne provoquent des applaudissements convaincus, et c’est ainsi que la courte demi-heure s’écoule dans une ambiance bon enfant alors que le flot des festivaliers entrant sur le site ne longe la scène d’un œil distrait.
Les australiens de The Temper Trap prennent à leur tour le relai sur la Grande Scène, jouant de leur pop entrainante, explosive et aux guitares dynamiques pour charmer et pousser à la danse un auditoire en attente de plus d’excitation. Le chant si particulier de Dougy Mandagi fait des merveilles et l’efficacité de titres à l’image de Sweet Disposition, Fader ou Drum Song contribue à faire monter l’intensité progressivement tout au long du set. Souvent réduit jusqu’alors aux petites salles de la capitale, le quatuor a réussi en ce jour un examen de passage face à quelques milliers de spectateurs, constituant au final l’une des belles surprises de ce dimanche.

 

SOV

 

Place ensuite à The Black Angels sur la scène de la Cascade, là même où leurs compatriotes de Black Rebel Motorcycle Club ont frappé fort deux jours plus tôt. Las, quand bien même la qualité des compostions est indéniable, le groupe semble éprouver quelques difficulté pour imposer son psychédélisme et faire naître une quelconque atmosphère en plein jour, qui plus est face à une foule éparse. En résulte ainsi une première moitié de set timide, marquée par l’introduction de plusieurs titres extrait de leur nouvel album, Phosphene Dream, avant que la tension ne monte par la suite mais sans jamais parvenir à convaincre pleinement. A revoir à l’évidence dans de meilleures conditions, et notamment sur un espace plus réduit où les nombreuses qualités de la formation sauront mieux s’exprimer.
Le public, quant à lui, a déjà migré vers la Grande Scène depuis longtemps et attend avec une certaine impatience le début du set de Eels. En ce jour, c’est un Mark Oliver Everett à la barbe fournie, foulard enroulé autour de la tête, que nous retrouvons, le tout sous des faux airs de membre de ZZ Top. La comparaison s’arrête là, mais c’est une prestation des plus rock & roll que l’américain et ses quatre musiciens nous proposent : les titres se suivent à grande vitesse, majoritairement dans des versions électrisées et plus blues que jamais. On citera notamment les très appréciés I Like Birds, Hombre Lobo, Mr E's Beautiful Blues et Souljacker, une surprenante reprise de Summer In The City des Lovin' Spoonful ainsi qu’une poignée de compositions extraites de Tomorrow Morning, pour un résultat cohérent et maîtrisé conclu par une présentation en règle des musiciens et un jam final très apprécié.

 

SOV

 

Les aléas de la programmation étant ce qu’ils sont, c’est assis dans la herbe que nous attendons les prochaines échéances, à savoir le concert de Beirut sur cette même scène une courte heure plus tard. Zach Condon et sa fanfare sont ainsi chaleureusement accueillis, chaque titre se voyant ponctué par des applaudissements nourris et quelques échanges dans un français parfait. Si la prestation est chaleureuse, portée par des cuivres et arrangements superbes, la musique de Beirut semble se perdre face à un si vaste espace, l’absence de réels changements de rythmes et une configuration peut-être trop acoustique tendant à renforcer l’impression d’un cruel manque d’ambiance et de présence. Un set à l’image d’une journée axée sur des sonorités plus douces, mais trop en décalage par rapport aux exigences d’un festival.

 

SOV

 

Progressivement, la fatigue se lit de plus en plus sur les visages, mais les Ting Tings sont à leur tour attendus pour asséner un coup de fouet au public en vue des dernières échéances du week-end. Après une absence d’une année principalement consacrée à l’écriture et l’enregistrement de leur second album, les deux anglais semblent étrangement se complaire dans un confort malvenu. A l’exception de leur nouveau single, Hands, efficace en dépit d’une chorégraphie bancale durant laquelle le slogan « Dance, Dance Dance » est brandi sur plusieurs pancartes par une troupe figurants, le set proposé est une copie conforme de ceux connus jusqu’alors : mêmes enchaînements, même arrangements, même notes d’humour… Jules De Martino et Katie White se reposent sur leurs acquis et ne doivent leur salut qu’aux singles Great DJ, Shut Up And Let Me Go et That’s Not My Name, immédiatement accrocheurs face à une foule compacte et enthousiaste. Un minimum syndical loin de combler les attentes pour l’une des principales déceptions du festival.
Sur la scène de la Cascade, l’heure est à la nostalgie avec la venue des vétérans de Roxy Music. Si la foule fait preuve d’un enthousiasme discutable, la prestation se révèle vite très respectable et classieuse. Le groupe, Brian Ferry en tête, maîtrise son répertoire en dépit d’un manque d’unité certain, la présence de plusieurs musiciens d’appoint et de quatre choristes étant une obligation dans l’optique de retranscrire la majorité des compositions de leur répertoire. Un retour vers les années 70s et 80s réussi mais peu à-même de satisfaire la plus jeune génération plus concernée par l’événement se préparant sur la Grande Scène à quelques centaines de mètres de là.

 

SOV

 

Depuis près d’une demi-heure, les quelques trente mille amateurs de musique présents dans le Parc de Saint-Cloud convergent en effet vers un unique lieu en vue de l’arrivée d’Arcade Fire. Si leur récent album, The Suburbs, partage encore aujourd’hui les fans de la première heure en dépit d’un accueil critique unanime, la prestation du soir est à la hauteur des attentes et comble de bonheur l’ensemble de la foule. Euphorique au point de reprendre en chœurs les refrains des titres les plus populaires, celle-ci pousse le groupe à se dépasser à chaque instant. En résulte une communion des plus touchantes durant cette prestation majestueuse et sans la moindre faute de goût, marquée par un Ocean Of Noise proposé en compagnie de Beirut et un No Cars Go ébouriffant. Ce moment de grâce est toutefois interrompu par des trombes d’eau durant We Used To Wait, obligeant le groupe à se retirer face au risque d’électrocution alors que le public ne baisse pas les bras et continue d’acclamer les héros du soir. Bien décidés à ne pas rester là, les canadiens bravent les éléments et la tempête pour interpréter un ultime titre en acoustique, Wake Up, repris en chœur par une assemblée que rien ne semble pouvoir décourager. Une conclusion parfaite à la prestation la plus marquante du week-end.

 

SOV

 

Avec plus de 105000 spectateurs accueillis durant trois jours, le festival Rock en Seine a rempli son contrat avec brio. Certes l’ambiance n’aura pas toujours été au rendez-vous, la faute à l’absence d’animations et décorations dignes de ce nom, mais la programmation aura quant à elle tenu toutes ses promesses. Vivement 2011 !
artistes
    Arcade Fire
    Crystal Castles
    Roxy Music
    The Ting Tings
    Wave Machines
    Fat Freddy's Drop
    Rox
    Beirut
    Wayne Beckford
    I Am Un Chien
    Eels
    The Black Angels
    Success
    The Temper Trap
    Wallis Bird