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One Shot Not

Paris, - 25 janvier 2011

Live-report rédigé par Amandine le 12 février 2011

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mardi 25
Depuis ses débuts il y a maintenant plus de trois ans, One Shot Not, l'émission musicale d'Arte, se positionne comme un OVNI du PAF de par sa programmation souvent audacieuse et son plateau atypique.

Si la plupart des enregistrements se déroulent dans la grisaille de la Plaine Saint-Denis, le panorama de ce soir ressemblerait plutôt à un film de Michel Audiard avec pour toile de fond le pont Mirabeau, la Seine et la Tour Eiffel.
Manu Katché nous propose aujourd'hui une affiche aussi alléchante qu'éclectique, du jazz du trompettiste Paolo Fresu au rock électrisé de The Kills. C'est donc avec beaucoup d'impatience que je me dirige vers les studios. L'attente est brève mais l'organisation un peu sommaire pour nous conduire au plateau grand comme un mouchoir de poche. Chacun prend place où il peut, s'asseyant par terre, se plaçant entre deux cameramen et le chauffeur de salle, ne nous posant pas comme souvent comme une bande d'enfants attardés, nous donne quelques recommandations, nous demande quelques plans d'applaudissements et voilà déjà que Manu Katché et Alice Tumler font leur apparition pour nous expliquer le déroulement de la soirée. L'émission sera diffusée en live sur le site d'Arte mais par souci promotionnel, le premier groupe, The Kills, souhaite ne pas figurer au générique avant l'émission définitive.

 

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Alison Mosshart et Jamie Hince arrivent tous deux accompagnés de leurs quatre choristes et c'est sans un mot qu'ils commencent Satellite, leur tout nouveau single. Ils sont contraints de recommencer à cause d'un problème de son sur l'ampli de la guitare. Ils jouent deux titres totalement inaudibles, Alison lance un « Bonsoir » et un « Merci » avant de rapidement quitter la scène. Le duo que j'attendais impatiemment restera la déception de la soirée.
Un changement de plateau qui fait quelque peu retomber l'ambiance (ceci, tout au long de l'enregistrement, prendra beaucoup de temps malgré l'efficacité et la rapidité du staff technique) et vient maintenant l'instant solennel de rencontrer la grande dame, Marianne Faithfull.
On se rend rapidement compte qu'elle n'est pas très à l'aise et ne maîtrise pas entièrement les compositions qu'elle a choisi d'interpréter ce soir. Son regard va et vient entre sa claviériste et son antisèche où sont inscrites les paroles. Malgré tout, elle est impressionnante et déconcertante par la facilité et la puissance vocale dont elle fait preuve. Même si elle n'affiche plus la beauté de ses 20 ans, elle est majestueuse, d'une grande classe et enchaîne ses trois titres devant la béatitude des quelques privilégiés. Après la prestation, Manu Katché vient annoncer un souci technique sur le premier titre, entrainant la nécessité d'une nouvelle prise; Marianne ironise sur la diplomatie du présentateur car elle-même s'est rendue compte que les attaques de début de phrase n'étaient pas franches et toujours en retard. Nous terminerons donc par une meilleure prestation qui nous fera un tant soit peu oublier les anicroches précédentes.

 

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Pour continuer cette soirée, nous retrouvons la chanteuse israélienne Yael Naim qui, contrairement à Marianne Faithfull, est d'une décontraction et d'une aisance qui n'ont d'égales que la bonne humeur qu'elle insuffle en quelques secondes à l'assemblée. Une chanson pop enjouée au piano avant de retrouver, au centre de la scène, ses musiciens en formation acoustique pour nous offrir une ballade parlant de la difficulté d'être loin des êtres qui nous sont chers. On sent que le sujet la touche, qu'elle chante avec son cœur, toujours avec ce petit brin de folie qui la caractérise depuis ses débuts. Même si je n'ai jamais suivi de près la carrière de cette artiste tant nous avons été mitraillés de son New Soul, force est de constater que Yael Naim nous enchante et nous prouve combien elle est douée et talentueuse. La grande cohésion et la complicité qu'elle affiche avec ses musiciens semblent au centre de la réussite de ce soir.
Changement total d'ambiance avec le trompettiste italien Paolo Fresu; finie l'image désuète des fanfares de village, il nous propose un premier morceau marquant sa virtuosité mais c'est surtout en second lieu dans une improvisation free jazz avec Manu Katché à la batterie que l'auditoire est littéralement soufflé. On sent le présentateur dans son élément; sourire accroché aux lèvres, il tape ses fûts toujours plus fort et plus vite. On se dit alors que c'est grâce à ce genre de prestations que certains instruments moins rock prennent un coup de jeune. Grande bonne surprise que ce Fresu.

 

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Après avoir repris nos esprits et nous être dégourdis les jambes (ce n'est finalement pas si confortable d'être assis en tailleur au bout de quelques heures) pendant le changement de plateau, le piano du dandy Fyfe Dangerfield est au centre pour trois titres tout en douceur et en émotion. Le chanteur des Guillemots fait preuve de beaucoup de sensibilité. Ses compositions sont enjouées mais parfois tristes et sa douce mais puissante voix se pose toujours avec justesse.
Vient maintenant le moment de bouger et de danser pour clore la soirée avec Metronomy. Le plateau est totalement vidé de la masse d'instruments qui l'encombrait. On y amène simplement claviers, guitares, basse et laptop tandis que la batterie est installée sur un promontoire en arrière-plan. Les trois titres délivrés par le groupe font ressurgir le problème récurent de cette soirée : la mauvaise qualité sonore. Nous avons la malchance de nous trouver devant le bassiste et c'est donc principalement ce qu'on entendra du groupe, le reste de la formation étant en sourdine. Il semblerait que la majeure partie du son provienne des retours et des amplis guitare et malgré l'efficacité, l'énergie et le dynamisme délivrés par Metronomy, l'interprétation paraîtra désagréable. Cependant, pour la première fois de la soirée, le public semble unanimement apprécier et le fait entendre par des applaudissements chaleureux. La jeune batteuse remporte un franc succès auprès de la gent masculine, comme en témoigneront les acclamations lors de sa présentation par Manu Katché.
Les lumières se rallument et rapidement nous rejoignons les vestiaires, la soirée est finie.

 

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Contrairement à beaucoup d'enregistrements d'émissions télé, avec One Shot Not, nous avons la chance de rencontrer, dans une ambiance intimiste et presque familiale, les artistes prestigieux dont les prestations sont mises en avant par la qualité des moyens mis en œuvre. Les présentateurs sont discrets et savent s'effacer quand il le faut et c'est indéniablement ce qui fait la force de ce programme. Malgré tout, on regrettera l'étroitesse du studio ou la volonté de la réalisation propose un son inadapté à la musique trop électrique.
artistes
    The Kills
    Marianne Faithfull
    Yael Naim
    Paolo Fresu
    Metronomy
    Fyfe Dangerfield