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Southside Festival

Neuhausen Ob Eck, du 17 au 19 juin 2011

Live-report rédigé par François Freundlich le 26 juin 2011

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samedi 18
Après une nuit de pluie, les conditions se sont passablement dégradées sur le Southside 2011 même si l’organisation reste irréprochable, notamment pour l'accès au site. On parvient néanmoins à patauger vers le festival en début d’après-midi alors que Blood Red Shoes entrent en scène.

 

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Le duo de Brighton est visiblement ravi de se produire ici, d’autant plus que les deux musiciens sont accueillis chaleureusement par un public qui scande leurs noms. Laura-Mary Carter est irrésistible dans ses fringues de festivalière grunge, elle envoie son rock lourd en tenant négligemment sa guitare. Sa voix se mélange avec celle du blond Steven Ansell qui terrasse sa batterie pour se faire entendre des festivaliers restés à l’arrière. It's Getting Boring By The Sea fait son petit effet, le tempo s’accélère, les voix s’enrayent et le public s’organise des Mosh Pit dans la boue (ou Mud Pit). This Is Not For You calme un peu le jeu, permettant d’apprécier la profondeur de la voix de Laura ainsi que son accent british. Les nouveaux morceaux ne sont pas oubliés même si certains s’étalent trop en longueur étant donné le format direct, rapide et tranchant de leur son. Le duo n’a pas l’air d’en revenir tellement l’ambiance bat déjà son plein et y va de ses « Danke Schön ». Alors que I Wish I Was Someone Better résonne au loin, il faut déjà couper court car Tame Impala commence son concert sous le chapiteau. Il est cruel de faire jouer ces deux excellents groupes en même temps, d’autant plus qu’il y aura des temps morts dans l’après midi ou un ignoble groupe de reggae français sera le seul à se produire...
Qu’importe, les australiens de Tame Impala entament Why Won’t You Make Up Your Mind? en ouverture, leurs synthés psychédéliques s’abimant derrière des guitares distordues. Malgré leur apparente jeunesse, on les croirait sorti tout droit des années 60 puisque, Allemagne oblige, ils nous offrent des versions de leurs titres encore plus Krautrock qu’à l’habitude. Le tempo n’est jamais semblable à celui de leur album Innerspeaker, s’amusant à ralentir leurs chansons puis à les accélérer brutalement. Kevin Parker fait trainer sa voix aérienne et lancinante mais maîtrisée, tandis que des guitares saturées s’y enroulent. Les tubes s’enchainent, de Solitude Is Bliss à Desire Be Desire Go avec leurs explosions électriques les rendant diablement accrocheurs. Ils partent soudainement dans des improvisations psychédéliques et tumultueuses à la fin de leurs chansons, la plus longue et aboutie étant celle qui terminera le concert. Tame Impala ont gagné en expérience et se lâchent encore plus depuis leur dernière tournée européenne de l’an dernier. Le public a lui aussi vécu une sacrée expérience.

On réalise alors que Miles Kane a joué en même temps que Tame Impala, alors qu’il n’y a plus rien d’intéressant en ce milieu d’après-midi. On teste Darwin Deez sous un chapiteau qui fait salle comble et où circuler est presque impossible. Quatre énergumènes entrent en scène pour exécuter une chorégraphie assez ridicule sur une musique assez vide. Le public adore... à l'évidence, il boit trop. On croit à la blague mais ça continue dans la pop mièvre mixée à du hip-hop aussi plat qu’une toile de tente repliée : Auf Wiedersehen.
On cherche du réconfort sur la Blue Stage avec les américains de Portugal. The Man. Entre blues et pop bercée par la voix aérienne de John Gourley, les longues compositions des natifs de Portland s’étendent entre divagation psychédélique et rythmique entrainante. Des solos électrifiant de guitares blues se superposent à des touches de synthés créant un son partant dans une multitude de directions sans vraiment savoir sur quelle planète il veut atterrir. Le quatuor est adepte du jam et dès que John cesse ses percées vocales dans des aiguës distendues, il rejoint ses acolytes à l’arrière pour un peu d’improvisation. People Say n’échappe pas à la règle, ce titre pop imparable est étendu sur presque dix minutes sans que l’on ne s’en lasse au vu du plaisir qu’il procure. Portugal. The Man est le groupe qui lance dignement la soirée épique qu’on est sur le point de vivre.

 

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Dans tout festival, il faut un groupe OVNI et les délirants Kaizers Orchestra sont de cette espèce. Entre influences baroques et rock sulfureux avec un chant en norvégien qui s’adapte excellemment au tout, l’orchestre foutraque débarque sur du Tom Waits et lance son Ompa Til Du Dør. Le claviériste caché derrière un vieux masque à gaz fait vibrer son piano au son déglingué. Le charismatique Janove Ottsesen, en costume cravate, harangue la foule de ses textes répétés même par les fans qui n’ont pas fait deuxième langue norvégien. Entre tabassage de bidon à l’avant de la scène et course de droite à gauche du leader, les Kaizers Orchestra ajoutent une contrebasse bien réglée à des guitares pop. On ne sait plus où donner de la tête, si ce n’est pour la remuer de bas en haut : nous voilà conquis !
Il faut les quitter prématurément car c’est Kashmir qui commence son concert sur la scène d’à coté. L’un des meilleurs groupes de rock que le Danemark ait connu est réinvité pour la seconde année consécutive, ce qui nous permet de découvrir les adaptations live d’albums qui ont fait date comme No Balance Palace. Tout en nuances et en classe, les quatre manient un rock indé délicieusement soutenu par la voix sensible de Kasper Eistrup. Le single Mouthful Of Wasps est proposé dès le début avec des nappes de synthés bousculées par une basse binaire elle-même libérée par le refrain. Ces derniers sont entrainants et fédérateurs, portés par des enchevêtrements de guitares et synthés comme sur l’excellente Kalifornia. Les légers arrangements de piano cachés par les guitares sont délicieux sur Still Boy, extrait du dernier album qui regorge de pépites pop rock. On pense aux meilleurs moments de Girls In Hawaii plus qu’à ceux de Led Zepellin, mais Kashmir possède cette touche d’originalité qui fait que l’addiction survient rapidement. Le set se termine par l’énervée The Cynic mais sans le featuring de David Bowie qui n’a pas pu venir. Les danois ont encore réjouit le Southside, alors jamais deux sans trois pour l’an prochain ?

La montée en puissance dans les têtes d’affiche se poursuit avec les écossais de Glasvegas qui enchaînent. Leur entrée en scène est réussie avec une version prometteuse de Geraldine, la chanson britpop imparable se suffisant à elle-même pour fédérer un public. Malheureusement, le chanteur James Allan peine ce soir et doit sans doute être sous l’influence de quelques substances. Il hésite entre deux octaves sur plusieurs chansons ce qui ruine allègrement les parties vocales, complètement fausses, allant même parfois jusqu'à oublier de revenir sur scène pour chanter. Pendant It's My Own Cheating Heart That Makes Me Cry, il défait les nœuds de son câble de micro, ayant certainement oublié les paroles. Cette chanson tout bonnement superbe s’en trouve gâchée même si l’explosion finale reste jouissive. Le groupe assure les instrumentations tant bien que mal avec un air un peu désabusé et le public se fait rare. On essaye de profiter de Lonesome Swan ou d’une version tout en puissance de Go Square Go : probablement le meilleur moment où le groupe retrouve toute sa puissance. Alors que quatre énergumènes sont en train de prendre un bain de boue à l’avant de la scène, James signale qu’il faisait la même chose avant le groupe et tente de les rejoindre. Il tente de descendre péniblement de la scène et tombe magistralement sur le postérieur dans la boue. Le fait qu’il soit vêtu intégralement de blanc ajoute à la cocasserie de la scène. Il est d’autant plus difficile de s’enflammer que les chansons du nouvel album sont bien moins excitantes. Leur adaptation live est plutôt moyenne, le groupe essayant d’étirer des compositions de faible variété sur la longueur. Glasvegas parvient tout de même à se retrouver sur son final avec Daddy’s Gone. Ceux qui auront attendu la fin pour entendre le tube sont récompensés car l’intensité y est toujours aussi présente. Au final, on obtient un concert très inégal où les bons moments furent rares et de courte durée. Espérons pour Glasvegas que leur chanteur n’est pas dans cet état à chaque prestation...
Le chapiteau est toujours aussi prisé alors que The Kills entament l’introduction rythmée de No Wow devant une peau de léopard géante. Titre à la tension extrême, la tigresse Alison Moshart entre furieusement dans l’arène pour faire entendre sa voix plus chaude que jamais. Dès la fin du morceau et la montée en puissance des « No Wow Now » accompagnés par Jamie Hince, le public est déjà fou, sautant dans la chaleur de la Red Stage. Le show est des plus électrisant et les titres de l’excellent Blood Pressures ne font qu’élever la pression sanguine générale. On en prend pour exemple l’intro de batterie de Future Starts Slow ou les riffs négligés de Jamie sur Heart Is A Beating Drum. De vieux titres jamais oubliés en concert sont de la partie avec Kissy Kissy qui voit le duo se rapprocher pour partager le micro alors que VV fait gémir sa guitare d’accords bluesy. Hotel avance d’un pas lent vers la belle, la figure cachée par sa chevelure. La peur entretenue sur l’avenir des Kills s’évanouit, ils sont toujours là, préservant cette tension au bord du précipice qui les caractérise. L’enchainement de deux bombes du dernier album envenime la situation. DNA voit VV exciter sa voix dans les aiguës alors que Satellite, l’addictif single aux chœurs enivrants devient presque le principal tube du concert. Le public est tenu en haleine par un duo clairement de retour après une dernière tournée plus en demi-teinte. Retour au troisième album justement avec Tape Song pour calmer les ardeurs avant que le chaudron n’explose. La voix de VV tiraille entre douceur et exultation soudaine. Baby Says sonne comme une réponse à Tape Song puis Alison s’avance seule au micro pour laisser Jamie s‘occuper de l’orgue déviant de The Last Goodbye. Touchante au possible, cette chanson aux allures de Georgia On My Mind est le moment paisible du set durant lequel on prend conscience de toute l’émotion dans la voix d’une Alison qui se livre totalement. Un instant de calme avant le retour des guitares. C’est ici qu’on laisse The Kills pour rejoindre la Green Stage ou se prépare un certain groupe de Bristol. En voyant les deux noms de Portishead et Arcade Fire sur l’écran géant, on ne peut que s'attendre à quelques claques bien placées.

 

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Le but de la manœuvre et de se placer au plus près de Portishead alors que l’intro parlée de Silence se fait entendre et que le public s’attend à vivre un moment d’extase. Ce concert tant attendu s’ouvre sur cette chanson aux violons angoissants comme leur dernier album Third, dont la pochette apparaît sur l’écran LED géant à l’arrière de la scène. Le guitare grave d'Adrian Utley répète les trois premiers accords de la chanson puis... silence. Beth Gibbons, dos au public, se retourne et s’approche du micro. Elle tranche le Southside Festival d’une voix angélique d’abord murmurée puis plaintive et complètement irrésistible. Son visage apparaît en gros plan sur l’écran et la chanson prend tout son aspect tragique dans cette version sublimée. Geoff Barrow est à la batterie et Beth se réfugie près de lui dès que son chant est terminé pour un final anxiogène. Hunter enchaîne et les basses commencent à être libérées même s’il semble que le groupe joue sur un crescendo sonore, le volume du son étant pour l’instant peu élevé. C’est un délice car les productions précises de Geoff écoutées à de si nombreuses reprises prennent ici toute leur consistance. La voix de Beth est d’une perfection telle que dès l'entame un couplet, on en ressent les vibrations comme jamais une interprète n’a pu en donner jusque là. Première escale faite sur l’album de référence Dummy avec Mysterons. Des vidéos psychédéliques apparaissent à l’arrière de la scène et la silhouette de Beth tenant son micro dans leur ombre, ne renforce que la puissante légèreté de la chanson. Geoff disperse ses premiers scratchs tandis que les « Did you really want » relevés par ces notes de guitares fait décoller le Southside.
Portishead continue dans la douceur avec The Rip et sa guitare légère atténuant encore le son, comme s’ils s’amusaient à ralentir le temps dans un festival où tout n’est que bruit, rumeur et folie excessive. C’est à cet instant qu’on entend la ligne de basse peut-être la plus reprise de toutes, le tube le plus attendu de tous, l’abyssale Glory Box. Un silence de cathédrale se fait dans la fosse, ce qui est tout à fait remarquable pour un festival de cette ampleur. Les conditions sont parfaites et la guitare tortueuse fait dérailler les bouleversants « Give me a reason to love you » de Beth alors que ces montées de violons dilatent l’épiderme. On assiste à un moment de plénitude comme seules des chansons de cet acabit peuvent en procurer, un moment où l’on n’est plus du tout les pieds dans la boue du Baden-Württemberg, où il n’y a même plus de Baden-Württemberg. Les textes si profonds de Magic Doors répondent ensuite à Glory Box par un constat universel sur soi-même auquel se livre Beth. Elle s'accroupit ensuite pour interpréter la triste Wandering Star, entourée de Geoff et Adrian. Les aigus divins éclairent la fin du morceau. Puis vient le déchainement, tout s’emballe avec Machine Gun et ses basses finalement à leur maximum de volume, terrassant des tympans qui avaient été jusque là dorlotés. Ils ne sont cette fois pas épargnés car la batterie est puissante et métallique. Même avec ces à-coups extrêmement froids derrière elle, Beth parvient à tout transpercer de sa voix avec une tendresse incroyable, comme une humanisation des temps modernes. Elle s’efface finalement pour cet éclatement final de synthétiseurs héroïques qui vient sonner le glas de ce morceau de terreur.
Le premier morceau du deuxième album sera joué avec Over, juste avant Sour Times, dont le son se fait plus psychédélique face à une assistance toujours aussi attentive et subjuguée par cet enchainement de titres d’une fulgurante beauté. Retour des scratchs avec Cowboys pour laquelle apparaît un tunnel concentrique noir et blanc sur l’écran. Le clavier de Roads met encore les amplis de basse à rude épreuve, ce dernier flotte à l’arrière d’une Beth Gibbons qui pousse la gravité de sa voix dans ses derniers retranchements. Portishead ne nous laissera pas nous en tirer sans une dernière explosion avec l’angoissante We Carry On que l’on soupçonne d’avoir provoqué la pluie avec son tonnerre de basse et son déferlement alarmiste au synthé. Le son déraille une dernière fois sous les coups du trio de Bristol. On en ressort subjugué par l’expérience, avec une empreinte sonore à jamais enfoncée dans le cerveau.

C’est là que se joue le drame des festivals géants et riches, d’autres groupes immanquables jouent en même temps... mais on se situe au meilleur emplacement possible pour voir Arcade Fire. On choisit donc de rester alors qu’une forte pluie commence à s’abattre. Il y a comme des réminiscences de Rock en Seine. On a la sensation d’être un chat noir quand le concert est retardé car le vent pousse la pluie sur les instruments qui doivent être reculés par le staff. Après un long moment d’angoisse, la pluie cesse, les lumières s’éteignent et un petit film est projeté sur les trois écrans à l’arrière de la scène. Il s’agit de la nouvelle disposition de scène pour les festivals des canadiens qui entrent en scène dans l’impatience générale. Une fois n’est pas coutume, c’est Month Of May qui lance le concert dans une avalanche de guitares. La version live est beaucoup plus accrocheuse, moins dans la retenue. La petite troupe est bien en place avec Régine Chassagne derrière la batterie, Win Butler impressionnant au centre, entouré de Richard Parry et Tim Kingsbury. Les arrangements violons de Sarah Neufeld apportent quand à eux toute leur profondeur et leur précision aux compositions grandiloquentes de Arcade Fire. Régine s’installe derrière le piano et c’est dans une folie collective que le groupe entame l’introduction de Rebellion (Lies). En début de concert, ce titre a le mérite de nous faire entrer dans le vif du sujet. Les chœurs « Lies Lies » sont repris par le public, relancé par les « everytime you close your eyes » de Win, tandis que Will Butler s’excite sur son tambour. L’air au violon de fin de chanson est chanté à tue-tête par la fosse et ce même le titre terminé, donnant l’impression qu’il s’agit déjà du rappel. Le début de Keep The Car Running est tout aussi efficace pour l’un des morceaux les plus dansant de Neon Bible. Les petites touches de xylophone se mélangent à l’accordéon de Régine pour Laika, une chanson qui possède ce je ne sais quoi de nostalgique lorsqu’elle est déclamée haut et fort par toute la troupe. La batterie s’échauffe et les voix dissonantes de Win et Régine se mélangent pour No Cars Go.
Win s’efface, vient l’instant où Régine prend seule le devant de scène et le micro pour interpréter Haïti. Hymne de la chanteuse à son pays d’origine, Haïti est interprété en douceur, bercé par des cordes voluptueuses et ces délicieuses danses qu’on prend plaisir à scruter dans ses moindres mouvements. Les synthés reprennent le dessus avec Sprawl II pour le passage le plus 80s du concert. Le chant de Régine prend des intonations de Debbie Harry. La lumière se coupe sur son « Please cut the Lights » avant de nous gratifier d’une danse du ruban ensorcelante. Win reprend les devants pour un passage plus calme avec Rococo et sa montée en crescendo vers des chœurs de plus en plus cristallins puis un refrain chanté à tue-tête par tout le Southside.

 

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Un orgue noir et blanc apparaît sur l’écran à l’arrière de la scène alors que ce même instrument fait résonner Intervention à nos oreilles. Relevé d’un xylophone, Win chante religieusement le premier couplet en s’accompagnant de sa guitare, jusqu’au dénouement de final ou Régine lui répond avec ses textes si justement écrits. The Suburbs est dédicacé à tout ceux qui se sont fait passer pour gay pour éviter l’armée et est accompagné d’une version ralentie du moyen métrage de Spike Jonze basé sur ce titre. On sent toujours un moment particulier de recueillement qui traverse l’ensemble du groupe lorsque Win arrive au couplet « I want a daughter while I’m still young ». Piano léger et ambiance délicate pour le morceau éponyme de l’album qui sera prolongé de son outro The Suburbs (Continued), murmurée dans un silence d’une rare intensité. Richard Parry nous gratifie ensuite des quelques notes de piano annonçant Tunnels, peut-être l’un des plus beaux morceaux du groupe. Chacun met tout son cœur pour déclamer ensemble les paroles « And if the snow buries my neighbourhood ». La version live est un bonheur au sens littéral, de bout en bout. La joie est à son comble lorsque le groupe répète ses chœurs à l’infini, porté par le violon divin de Sarah Neufeld. Son enchainement avec We Used To Wait nous met dans un état proche de l’Ontario, l’excitation est trop grande pour supporter l’intensité de cette introduction au piano. Ce titre reste le sommet de The Suburbs et peut-être la composition la plus aboutie de l’an passé. La voix de Win s’emplit de mélancolie et ce piano de Régine qui tente de le rejoindre répétant sans cesse les mêmes notes éclaircit la nuit noire du festival. Il empoigne son micro tandis que sa voix est adjointe à celle de ses acolytes jusqu’à l’explosion finale. Il s’approche enfin du devant de la scène et déclame ses « Sing the chorus again » alors qu’on ne peut s’empêcher de sauter en rythme sur une batterie qui s’excite de plus en plus. Attendue, cette chanson parfaite a finalement atteint nos oreilles de la plus belle des manières. Après ces quelques instants de rares émotions, place au défoulement avec Power Out qui débride une fosse se mettant à s’agiter et à sauter. Le concentré d’énergie est bien libéré sur ce défouloir électrique.

Arcade Fire quitte alors la scène pour quelques instants avant d’offrir au Southside un rappel de deux chansons. C’est Ready To Start qui reprend comme on l’avait bien deviné puisqu’elle est souvent jouée au tout début du show. Ses riffs de guitares introductifs sont des appels à tout recommencer comme si Portishead venait de quitter la scène. « Now I’m ready to start » est crié par tout le public, rendant l’adaptation live encore plus percutante. Le morceau se voit prolongé dans cette nouvelle version d’une outro aux relents de synthés 80s dansants rappelant Sprawl II. Le résultat est amusant mais on espère qu’il ne se perdront tout de même pas trop dans cette direction à l’avenir. Pour terminer, le traditionnel Wake Up est joué, le public reprenant les chœurs comme une exultation finale. Signalons un public parfait qui a chanté au bon moment sans trop en faire, sauté sans violence aucune : juste une communion générale autour du meilleur groupe du monde.
Après cet enchainement un peu fou, l'envie d’écouter quoi que ce soit s'est éteinte, on préfère savourer ce moment. On reste néanmoins devant le show de The Chemical Brothers. Entre basse vrombissante, beats déliquescents et vidéos psychédéliques, les anglais poussent la fête jusque tard dans la nuit. Les jeux de lumières sont plutôt hallucinants avec une sorte de lustre géant suspendu en haut de la scène qui déverse des couleurs de haut en bas. Le fond de scène est stroboscopique, répondant en rythme aux tubes des DJs, Block Rockin' Beats en tête.

C’en est terminé de la journée « Too Much » du Southside 2011 où des groupes qui prennent plusieurs étages dans nos étagères à CD se partageaient l’affiche et jouaient parfois tous en même temps. L’enchainement Portishead – Arcade Fire restera comme un des meilleurs moments musicaux jamais vécus. The Kills, Tame Impala et Blood Red Shoes ont également su réjouir les festivaliers. Sans être certain que la multitude de sons soit bien arrivée au cerveau, la satisfaction d’avoir été là est réelle.
artistes
    Evaline
    Twin Atlantic
    Blood Red Shoes
    Irie Révoltés
    Selig
    Kashmir
    Elbow
    Portishead
    Arcade Fire
    Yoav
    Miles Kane
    Portugal. The Man
    Kaizers Orchestra
    Glasvegas
    Jimmy Eat World
    Suede
    The Chemical Brothers
    The Astronaut's Eye
    Everything Everything
    Tame Impala
    Darwin Deez
    William Fitzsimmons
    The Asteriods Galaxy Tour
    The Kills
    Eels
    Klaxons