Qui dit nouvelle formule, dit nouvel objectif : créer un espace scénique large et éclectique. Après une mutation voulue et certainement nécessaire, une soixantaine d’artistes s’assemblent, sans se ressembler, et se retrouvent plongés dans un même vivier artistique. Un empilement magnifique et magnétique de sons d’ici ou d’ailleurs qui forment un espace sonore très solide. Bref, un art de la bifurcation entre les genres et les formes avec en première ligne Arctic Monkeys, Queens Of The Stone Age, Arcade Fire ou The Ting Tings. Ça promet.
Pour nous, il est 18h15 lorsque les premières hostilités commencent. En force, évidemment ! C’est True Live, groupe de rap/jazz quelque peu dégénéré, qui donne le ton. En passant outre le concert intimiste de Keziah Jones et le fadasse Tiken Jah Fakoly, on se dirige lentement vers la plage pour assister au concert post-punk brut de Les Savy Fav (dont Tim Harrington, le chanteur, aura passé plus de temps à faire le dingue dans la foule que sur scène) avant de recevoir une véritable leçon de vie de la part des huit congolais de Staff Benda Bilili.
Dans le cadre de son engagement envers les personnes victimes d’un handicap, le festival accueille cette année près 500 festivaliers à mobilité réduite, handicapés visuels ou malentendants. Le concert de Staff Benda Bilili symbolise cette direction. Cette bande de musiciens en chaises roulantes, qui ont déclaré « être nés aux Eurockéennes 2009 », aura remué nos têtes et nos hanches, sans jamais relâcher la pression, avec leur musique à la lisière du funk et du blues.
Ce qui semble totalement incroyable, c’est que tout ce qui vient de se passer n’est qu’un minime échauffement en comparaison à ce qui arrive. The Ting Tings pour commencer. Fièrement installé sur la grande scène du festival, le duo mancunien défoule. Avec une pop acidulée et une efficacité, qui démontrent que les cendres de l’Hacienda sont encore fumantes, la performance restera vaille que vaille jubilatoire.
Elle n’est pas la seule : celle de Metronomy par exemple. Le phénomène hype du moment, appelé en renfort après le désistement de Spank Rock, enchaine les tubes dans un set méticuleux et réfléchi où l’on entend raisonner de multiples théorèmes scientifique. La plage en est encore toute retournée.
Pour finir la soirée, Carte Blanche et The Shoes donnent une ampleur supplémentaire à cette première journée. Preuve supplémentaire, s’il en fallait une, que la scène électro française déborde de talents. En jouant avec le blanc et le noir, le bien et le mal, le pur et l’impur, Carte Blanche ne fait pas qu’instaurer une esthétique, il crée une réelle opposition entre ses deux musiciens : DJ Mehdi et Riton. Une claque.
Dernier retour sur la plage pour une démonstration de réussite à la française. Adulés en Angleterre, The Shoes prouvent au gré des festivals français qu’ils ont également un rôle à jouer sur leur terre natale. Titres mégalos, précision orchestrale, énergie brute, de quoi nous exciter une dernière fois avant l'heure du coucher.