Plantées dans l’attente de l’ouverture du festival, nos jambes et nos méninges sont fatiguées. Heureux mais épuisés, nos membres tremblent encore d’avoir trop remué nos bassins, nos neurones raisonnent encore d’avoir trop bougé nos têtes. Et pourtant, les plus gros morceaux du festival arrivent certainement aujourd’hui. Mona étaient censés donner le ton. Malheureusement leur rock, prétentieux mais efficace, énergique mais peu innovant, ne colle pas avec le soleil de plomb qui s’abat cet après-midi sur le festival. Si leur nom ne dépasse pas un petit cercle d’initiés, leur rock, lui, vise clairement les stades. Dommage pour eux, ils en sont encore très loin.
Puisque les grosses guitares sont difficilement encaissables sous une chaleur tonitruante, nous partons reposer nos oreilles au son de Moriarty et de leur folk des bois avant de se rendre aux pays des fées avec The Do. Comme pour d’autres concerts, l’acoustique n’est pas très bonne, légèrement touffue. Difficile donc de se faire une opinion fiable à 100%. Néanmoins, nous pouvons affirmer, sans la moindre hésitation, que le duo est l’un des meilleurs groupes pop français à l’heure actuelle. Son adaptation de Tightrope de Janelle Monae, en aura été l’une des plus belles preuves. Leur maitrise est sidérante. On les aime encore plus maintenant. Retour sur l’esplanade Greenroom pour se jeter dans les bras poilus de Katerine. Figure excentrique et hors genre de la pop à la française, Philippe Katerine est aussi (et avant tout) un artiste déjanté qui pratique l’humour et la dérision dans toute leur dimension. Sans limite, il parcourt son répertoire, allant de La Banane au bar du Louxor, avec une aisance et une tenue hawaïenne à faire sourire n’importe lequel des festivaliers.
Avant d’aller voir les larrons d’Odd Future, un rapide détour vers Beady Eye et leur britpop 2.0 où Liam Gallagher nous gratifie de sa politesse légendaire à coup de « fuck » placés ci et là. Comme si l’album ne suffisait pas, le frère de Noel nous inflige une performance terne et tout juste passable. Passable n’est cependant pas le meilleur terme : inutile serait plus approprié. C’est donc avec l’esprit déçu que l’on débarque voir les californiens d’Odd Future. Eux seuls sont à même de nous changer les idées. Pari réussi. Au sein d’un concert totalement anarchique, à la limite de l’improvisation, Tyler, The Creator (en fauteuil roulant pour l’occasion) et sa troupe ont mis la plage sans dessus dessous.
A cet instant précis, l’hystérie n’est pas prête de retomber. Pour son retour en France, un an après Rock en Seine, Arcade Fire livre une performance en forme de Best Of. La majorité des titres les plus populaires y passent : The Suburbs, Wake Up et la collection des « Neighborhood » font un effet monstre. Win Butler peut être fier du succès de sa formation, elle a poussé une foule entière à se prendre dans les bras. Huit ans après leurs débuts, Arcade Fire nous veulent évidemment toujours du bien.
Leur set est terriblement efficace avec un mélange entre anciens et nouveaux titres. Dès Brianstorm, les spectateurs entrent en transe. S’enchaineront, sans le moindre temps morts, This House Is A Circus, The View From Afternoon et Brick By Brick dans une ambiance électrique et captivante où planent les fantômes du Velvet Underground. Dernier rappel : Arctic Monkeys enchaine Fluorescent Adolescent et le sublime 505 pour émouvoir une dernière fois les milliers (95 000 pour être précis, selon les organisateurs) de festivaliers présents durant ce week-end de fête.
Rarement une clôture avait autant rapproché les Eurockéennes des côtes anglaises !