logo SOV

Montreux Jazz Festival

Montreux, du 1er au 16 juillet 2011

Live-report rédigé par Aurélien le 19 juillet 2011

Bookmark and Share
dimanche 10
Deuxième et dernier soir au Montreux Jazz Festival cuvée 2011 pour l'équipe de Sound Of Violence. Le soleil brille au-dessus de nos têtes contre toute attente, malgré un début de journée très humide qui laissait présager le pire. Corrélation, les parking sont encombrés par le trop plein de festivaliers dominicaux venus profiter des dernières heures d'un week-end bien trop éphémère. Il en résulte une série de cafouillages logistiques qui propulsent notre véhicule en périphérie de la ville de Montreux. Pas de navettes gratuites à l'horizon pourtant si bien dégagé, nous nous retrouvons donc, 45 minutes à pied plus tard, enfin dans la montée des marches du prestigieux Auditorium Stravinski. La mythique salle accueille depuis déjà une vingtaine de minutes l'étoile montante folk à la voix d'or, c'est-à-dire le jeune et talentueux James Vincent McMorrow.

Encore méconnu du plus grand nombre, l'irlandais fait rapidement sensation. La salle est comble pour écouter la prestation parfaite d'un musicien étonnant. Cheveux bruns en bataille, chemise rouge à carreaux façon bûcheron canadien et guitare folk vissée dans ses bras, c'est les yeux fermés que le chanteur nous touchera par sa sensibilité musicale extrême. Tantôt lumières bleues, vertes, tantôt lumières violettes, toujours homogènes, l'ambiance se veut sobre, mettant en exergue l'univers artistique du génial irlandais. Juissant d'une excellente acoustique, le bonhomme et ses cinq musiciens offrent de belles émotions sonores riches et variées à un public ravi.
On distingue sur scène, du fond de la salle, une jolie blonde jonglant parfaitement entre choeur et banjo, un pianiste, des percussions, un petit lot de guitares folk acoustiques, ainsi qu'une guitare slide de bel effet. Bref, la panoplie du parfait folkeux qui, par son intensité musicale à la Mumford And Sons, peut sans difficulté mettre en valeur le don vocal de Monsieur McMorrow. Un timbre de voix qui n'est pas sans rappeler celui du très regretté Jeff Buckley, voir du plus actuel Justin Nozuka, le tout enrobé d'une couche de Damien Rice toujours bonne à prendre.
Dans son monde du début à la fin, le jeune homme ouvre finalement ses yeux timidement, osant fixer l'auditeur pour annoncer une reprise de Chris Isaak en guise de fin.

Wicked Game résonnant encore faiblement, au loin, dans nos têtes conquises, qu'un dilemme se pose quant à la suite. Cela sera soit l'Auditorium Stravinski avec la venue des heureux Arcade Fire, soit le Montreux Jazz Café avec l'arrivée gratuite des sombres anglais de Chapel Club ? Petit pincement au cœur et quelques doutes, même si en fin de compte le combat est inégal et donc vite remporté. David contre Goliath, encore traumatisé par les conditions d'écoute déplorables de la petite scène libre, la balance penchera vite du côté des géants canadiens et de leur grandeur scénique. Bien nous en a pris, c'est une grande claque sonore qui nous attend.

Délaissant les stades et autres arènes surdimensionnées pour l'occasion, l'extravagante troupe nord-américaine a choisi le Montreux Jazz Festival pour présenter son dernier petit bijou d'album, qu'on ne présente plus : l'épatant The Suburbs.
Jouant à fond la carte du spectacle son et lumière, l'expérience musicale Arcade Fire est un pur bonheur pour les oreilles comme pour les yeux en concert. Pas moins de huit musiciens sur les planches, dont deux batteries, deux violons, son lot de guitares, son ensemble de percussions et sa troupe de choristes-chanteurs. Polyvalent et hyperactif, le groupe est intenable sur scène, n'hésitant pas à s'échanger les instruments et les rôles au gré des chansons.
Écran géant central offrant son complément d'animations plus ou moins loufoques, la foule est rapidement embarquée dans une spirale musicale intense et festive qui démarre par l'entraînant Ready To Start et son magnifique levé de soleil pixelisé, puis absorbe titre après titre du trio d'albums d'Arcade Fire, pendant plus d'une heure aux influences 80s prononcées. Au final, niveau musique on aura bien sûr le droit aux grands tubes que sont le grand No Cars Go, le magnifique The Suburbs, le rythmé We Used To Wait et tant d'autres que l'on s'abstiendra de citer, tandis que niveau animation, on verra défiler petites filles fantomatiques, nageuses inquiétantes, palmiers californiens, orgues et chandeliers, danseuses pittoresques, routes interminables, manuscrits et j'en passe.
Cette orgie d'intentions comble une foule aux aguets, souriante, motivée et battante des mains. Un rappel joyeusement acclamé, suivi de Keep The Car Running, finissent par réchauffer pour de bon un Auditorium Stravinski initialement refroidi par une climatisation glaçante. Remerciements, lancements de serviettes et publicité honorable pour venir en aide à Haïti via une association, puis en voilà fini des canadiens. Dommage, car on en redemanderait bien.

Maigre lot de consolation, les américains de Cold War Kids jouent depuis quelques chansons gratuitement au Montreux Jazz Café. Ni une, ni deux, on s'empresse d'y faire un petit détour avant de reprendre la route. On y redécouvre une très bonne formation qu'on avait bien trop vite fait d'oublier. Au nombre de quatre sur scène, le groupe indie rock californien attire les foules malgré l'heure bien avancée pour un dimanche soir. Chemise bleue, pantalon noir, le chanteur maîtrise à merveille son flow vocal sur une vieille connaissance sonore qu'est Hang Me Up To Dry, tandis que le bassiste au t-shirt vert et le guitariste au polo gris se font plaisir sur l'agréable single qu'est Royal Blue.
Les yeux gorgés de fatigue, rien de tel que de se laisser bercer par la décontraction musicale contagieuse des Cold War Kids pour mettre un point final à ces deux mémorables soirées passées sur les bords du lac Léman, dans le cadre de ce 45ème Montreux Jazz Festival, placé sous le signe d'une programmation gratuite de très grande qualité.
artistes
    James Vincent McMorrow
    Arcade Fire
    Chapel Club
    Cold War Kids
    Sumo