Cela faisait des mois qu'on l'attendait et c'est finalement sous une pluie battante que nous arrivons aux abords de la commune de Dour. Trois cent soixante et un jours par an, Dour petite bourgade wallonne de moins de 20 000 habitants, vit paisiblement mais depuis maintenant vingt-trois ans, elle accueille l'un des plus gros festivals de Belgique pendant quatre jours.
Oubliez les affiches grandiloquentes de Werchter et autres Pukkelpop, le festival de Dour a pour objectif la découverte musicale et c'est donc autour de plus de 200 artistes que s'articule la programmation de cette année ; certains sont des musiciens confirmés, tels que Kyuss ou Pulp mais beaucoup sont encore au début de leur carrière et déploieront toute leur énergie pour essayer de nous convaincre.
Pour cette vingt-troisième édition, le festival s'est muni d'une septième scène afin d'accueillir comme il se doit les concerts dubstep et drum'n'bass qui sont attendus.
Le temps de retirer le pass qui nous servira de sésame pendant ces quatre jours et il est déjà temps de faire un tour du site pour juger des nouveautés et des améliorations. Quelques arbres, des coins verdoyants et une foule déjà importante, aucun doute ne subsiste, les hostilités ont bien débuté ! Après un rapide coup d’œil aux alentours, nous nous rendons compte qu'il est déjà 18h et que
Gallows sont sur le point de commencer leur court concert de quarante minutes. Nous apprécions alors pleinement d'être sous l'un des six chapiteaux (seule la Last Arena est en plein air) car la pluie redouble autour de nous.
Qu'importe, les Anglais vont rapidement réussir à nous réchauffer grâce à leur punk hardcore gras et brut. Ils écument leur répertoire et proposent même des pots de vin aux premiers rangs afin de faire monter l'ambiance dans la fosse. Leur set est énergique, efficace et s'avère être la mise en bouche parfaite. Même si l'horaire est un peu précoce pour ce genre de musique, le public est réceptif. Malgré l'annonce, quelques jours auparavant, du départ du chanteur, ce dernier est toujours aussi volcanique : torse nu, tatoué comme il se doit, il harangue la foule et lui demande de faire un immense circle pit jusqu'à la régie, sans quoi ils ne continueront pas le concert.
Nous sommes donc en pleine forme pour profiter du début du concert de
Channel Zero, groupe de métal belge, sur la grande scène. Il faut cependant se résigner à marcher jusqu'au camping pour installer les tentes avant que le jour ne tombe. Là, notre énergie risque d'en prendre un coup : près de quarante-cinq minutes entre la voiture et le bout du camping (un autre champ loué à la dernière minute au fermier du coin pour permettre de pallier à la forte demande de cette année).
Nous slalomons entre les crottins pour enfin pouvoir nous poser et lorsque nous terminons, nous nous rendons compte, la mort dans l'âme, que nous sommes en train de rater le set de
Kyuss Lives !... Il va falloir s'en remettre...
Nous rejoignons le Club Circuit Marquee pour le concert de
Foals : comme souvent, le public, essentiellement féminin, s'époumone et se déhanche. Nous frôlons la crise d'épilepsie avec un jeu de lumières décidément désagréables... Nous avons l'air d'être les seuls à ne pas aimer le set si l'on en croit les cris à la fin des morceaux.
Quelques bières et nous voilà devant
Cypress Hill qui enflamment la Last Arena. Si une petite déception avait été constatée l'an dernier lors de leur passage à Rock en Seine, nous avons la bonne surprise de constater que ce soir, le groupe a décidé d'aussi mettre en avant les morceaux plus rock pour un effet bien plus convaincant.
Cependant, nous préférons voir du côté du Magic Soundsystem ce que donnent les
Tahiti 80. Les Français semblaient avoir perdu un peu le cap ces dernières années et pourtant, leur pop acidulée est toujours aussi entraînante et charmante, un moment de douceur avant d'affronter le reste de la soirée.
En effet, que serait le festival de Dour sans ses fins de soirée électro ? Et là, il faut bien avouer que nous aurons, tout au long de ces quatre jours, l'embarras du choix. Nous nous décidons donc dans un premier temps pour le groupe belge
Arsenal qui livrera un set impeccable dans une ambiance flamboyante.
Ensuite, même si notre réputation de clubbeur n'est pas notre plus grand atout, les pintes de Jupiler nous aideront à nous trémousser devant
Boys Noize jusqu'à tard dans la nuit. Comme quoi... Tout arrive.
C'est donc exténués que nous retrouvons notre modeste tente pour une courte nuit avant d'affronter ce qui semble d'ores et déjà la journée la plus attendue du festival.