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Paléo Festival

Nyon, du 19 au 25 juillet 2011

Live-report rédigé par Aurélien le 25 juillet 2011

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Troisième semaine de juillet, il est mardi. Deux éléments banals en soi me direz-vous. Pourtant détrompez-vous, car cela est synonyme, pour tout romand qui se respecte, de Paléo Festival évidemment. Temps maussade au rendez-vous, peu importe, c'est parti pour la cuvée 2011 de ce festival suisse qu'on ne présente plus.

Après un petit périple de plus d'une heure et demie dans les transports publics, entre train, navette et force des mollets, nous voici juste arrivés au bon moment pour recevoir les rageuses décibels de Pulled Apart By Horses dans nos faces. Sous la toile bleue du petit Club Tent, il est 20h. Les bêtes de scène que sont les quatre membres de cette formation originaire de Leeds vont s'appliquer à confirmer leur réputation.
Énergie folle, intensité monstre, le quatuor démarre en trombe sous une lumière rouge sang, tel un taureau sonore en furie dans une arène musicale électrique. Poing rageur en l'air pour le guitariste aux rayures, annonçant l'excité Back To The Fuck Yeah comme deuxième titre d'une prestation scénique partie sur les chapeaux de roues. Réaction immédiate, un pogo se forme aux avant-postes de la scène, bougeant au rythme effréné imposé par le groupe indie punk anglais.
Jets de bière dans tous les sens, coups qui se perdent, la jeune foule suit avec entrain les péripéties du guitariste chevelu sur High Five, Swan Dive, Nose Dive, où ce dernier n'hésite pas à grimper sur une pile d'amplis de plus de deux mètres de haut pour nous offrir le saut de la semaine. Un membre du staff essaye tant bien que mal de freiner l'ardeur du gratteux par mesure de sécurité, mais celui-ci se fera tout simplement recevoir par des crachats de chewing-gum. Scène cocasse, prouvant que la machine anglaise est en marche et que rien ni personne ne pourra l'arrêter.
Le jeune public est de plus en plus dynamique sur Yeah Buddy, tournoyant encore de plus belle aux premiers rangs, sous les consignes du groupe. En guise de remerciements, le chanteur au t-shirt blanc immaculé fait monter sur scène deux hommes hilarants en combinaisons intégrales multicolores pour les rejoindre, avant de gratifier les fans d'un chaleureux "Thumb up Switzerland!"

Puis, les titres s'enchaînent toujours avec la même intention. Sur Meat Balloon, le pogo repart de plus belle. Sous une giclée de lumières vertes, on assiste aux premiers slides d'un public qui se nourrit littéralement de l'énergie dégagée par les membres de Pulled Apart By Horses. Ensuite, les festivaliers tapent joyeusement des mains en l'air sur Get Off My Ghost Train. En récompense, l'hyperactif guitariste lance un trio de canettes de bière en direction de la jeune foule assoiffée, tandis que le chanteur à la voix endiablée se démène à jouer au contact des mains baladeuses du public, dans une communion musicale heureuse, mais suante.
Cette fois, le temps presse, la fin approche. Le monumental I Punched A Lion In The Throat, les sauts et réceptions du guitariste sur ses genoux de fer ou de sang, suivi du morceau final qu'est Den Horn, suivi du bain de foule du chanteur, s'appliquent à mettre un terme à ce concert feu d'artifice explosif.

De retour dans les allées boueuses du festival, nos oreilles encore bourdonnantes et nos muscles déjà bien échauffés, on se dit que ce Paléo 2011 a plutôt bien commencé pour nous. Nous laissant guider par les rares espaces secs au sol, les pulsations encore bien élevées, nous nous retrouvons à manger une pizza bienvenue sur les hauteurs du festival afin de retrouver nos émotions et de reprendre des forces.
Une fois le rythme cardiaque stabilisé, on se décide à redescendre au Chapiteau pour attraper au vol le concert des expérimentés américains de The National, avant de bifurquer vers la Grande Scène aux alentours des 23h30 où se produira le préféré de ses dames, c'est-à-dire le chanteur de plage nommé Jack Johnson.

Dans un premier temps, The National, considéré pour la petite anecdote comme le groupe favori d'Obama, excusez du peu, nous offre plus d'une heure d'atmosphères mélancoliques, réfléchies et suaves en compagnie d'un chanteur grisonnant à la barbe poivrée et de ses quatre compères musiciens à l'expérience musicale audible. Étiqueté rock indépendant, le son pointu de cette formation actuellement basée à Brooklyn provoque des émotions diverses et variées. Sombre, tendu, voire pesant à certains moments, le concert des américains a beau être droit et juste, il n'empêche, on a du mal à crocher. En effet, par exemple, malgré la beauté objective d'un titre tel que Anyone's Ghost, étant à la recherche d'un son plus festif et ensoleillé pour oublier l'humidité ambiante de cette troisième semaine pourrie de mois de juillet, on se dit qu'un surfeur d'Hawaï serait plus de circonstances. Ni une ni deux, on file devant la Grande Scène.

Sur place, on y retrouve donc un Jack Johnson toujours aussi décontracté, toujours aussi décomplexé et toujours autant aimé par la gente féminine, malgré la simplicité criante de sa folk légère qui ne fait jamais dans l'innovant. Surfeur un jour, surfeur toujours, semble être la devise de vie pour le bon copain Jack qui n'hésite pas à jouer à fond la carte bord de plage et ambiance au coin du feu. Multitude de paysages cartes postales diffusés en fond de scène, avec son lot de mouettes, de plages ensablées et de vagues bien clichés. Cette Grande Scène, d'ailleurs, qui malgré l'entourloupe visuelle, peine à être remplie par l'hawaïen aux cheveux courts et ses trois musiciens détendus, rend le spectacle presque ridicule. Titres après titres, c'est la même rengaine, le même train-train musical. Une guitare acoustique, un ton de voix posé, ainsi qu'un côté peace & love trop gentillet contrastant de manière flagrante avec la rage de Pulled Apart By Horses ou avec les névroses de The National, auront raison de nous.

Ainsi, lassé, on se fraye rapidement un chemin vers le Club Tent pour assister, peu avant 1h du matin, au début d'un concert qui sera d'exception. Tame Impala, réel phénomène australien de ces derniers mois, est de passage au Paléo pour nous embarquer au son de leurs guitares aériennes dans un voyage rock psychédélique des plus bluffants.
Au nombre de quatre, à raison de deux guitares, d'une basse, d'une batterie et d'un clavier intermittent, rien de plus classique me direz-vous et pourtant, les gars de Tame Impala arrivent à nous vendre du rêve à leur belle façon. Un rêve presque hallucinogène, un songe éthéré aux multiples effets, douces mélodies qui nous feraient presque oublier que la drogue, c'est mal.
Porté par les effluves vertes environnantes d'un public visiblement très détendu, on se met à vibrer musicalement au son génial des quatre Aussies pendant près d'une heure. Entre deux morceaux de leur génialissime Innerspeaker, on commence à dévisager le jeune quatuor sur scène. A droite, un guitariste introverti qui se cache timidement derrière ses mèches longues sans jamais échanger de regard avec son public, à sa gauche un blond de batteur au style beau gosse des mers. A ses côtés, un étonnant bassiste. Blond lui aussi, clope au bec, petite liquette en laine sur les épaules, recroquevillé sur lui-même dans un style peu conventionnel pour une potentielle future star du rock. Finalement, à gauche de la scène, le chanteur aux cheveux longs et lisses, guitare dans les mains, déroulant avec brio la majorité des pistes de leur seul et unique album, ainsi que quelques inédits.
Lumières violettes, lumières turquoises, on reconnaît par-ci l'excellent Expectations, lumières bleues, lumières rouges, on distingue par-là l'admirable Solitude Is Bliss. Tout s'enchaîne, dans une ambiance des plus agréables, devant une foule de couche-tard conquis. Livraison de bières pour remercier les premiers rangs, reprise de Serge Gainsbourg avec une version revisitée à l'australienne du célèbre Bonnie And Clyde, puis sans nous apercevoir du temps qui passe, la fraîcheur rock vintage de Tame Impala ne vibre déjà plus dans l'air réchauffé du Club Tent.

Cette température agréable à l'intérieur, nous ferait presque oublier l'extérieur, toujours aussi humide et boueux, des travées d'un Paléo festival qui s'annonce très pluvieux cette année. On s'en va sous la pluie, le sourire aux lèvres...
artistes
    Jack Johnson
    The National
    Patrice & The Supowers
    Bloody Beetroots Death Crew 77
    Tame Impala
    Pulled Apart By Horses
    Concrete Knives
    Oy
    Pierre Omer
    Dans La Tente
    Cali
    Katerine
    Zaz
    Florent Marchet
    Calypso Rose
    Systema Solar
    Bomba Estéreo