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Paléo Festival

Nyon, du 19 au 25 juillet 2011

Live-report rédigé par Aurélien le 14 août 2011

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Seconde journée du Paléo Festival et le soleil pique déjà du nez. Le temps est toujours aussi maussade, les allées sont toujours autant détrempées. Le festivalier de base, c'est-à-dire le valeureux qui va au camping du coin ou celui détenant un abonnement à la semaine, est tout de suite reconnaissable, semblant s'être rapidement adapté aux éléments. Grosses bottes en caoutchouc aux pieds, pèlerine multicolore sur les épaules et cheveux gras, celui-ci est prêt à attaquer une semaine musicale qui s'annonce encore bien longue. Vu la quantité de boue à terre et les sombres nuages au ciel, on regretterait presque de ne pas avoir suivi l'exemple.

Peu importe, il est 20h. Un amas de festivaliers curieux ou connaisseurs s'est déjà posté aux avant-postes du grand Chapiteau pour faire partie de la fratrie Angus & Julia Stone, le temps d'un concert. D'un côté Julia, belle plante, robe blanche maillée, cheveux longs et serre-tête blanc, voix d'ange. De l'autre, Angus, bel homme, chevelu, barbe de quelques jours et guitare vissée dans ses mains. Les deux frère et sœur musiciens sont partis pour une heure et quart de concert chaleureux. Une chaleur instantanément communicative qui ne nous lâchera pas jusqu'à la dernière note d'une prestation sonore réussie. Entre piano, trompette, violoncelle ou harmonica, rien ne manque pour délecter l'oreille et titiller la pupille avec ce groupe qui tantôt nous fait penser aux danois de The Asteriods Galaxy Tour pour la décontraction vocale de Julia sur certains titres, tantôt à Lykke Li pour sa voix vibrante d'écorchée vive sur d'autres, ou encore au français Raphaël pour les vocalises douces d'Angus sur les pistes restantes. Un vrai plaisir.
Le public répond présent de bout en bout. Le chanteur, heureux, gratifie la foule d'un "I love you" venant du fond du cœur avant d'enchaîner avec le tube Big Jet Plane qui se meut bien sûr sur toutes les lèvres ce soir. Puis, une reprise guitare-voix étonnante de l'incontournable You Are The One That I Love tiré de la comédie musicale Grease, un rappel énergiquement applaudi et il en est fini de la famille Stone pour ce soir.

Ni une, ni deux, on file faire le plein à l'un des nombreux stands de nourriture avant les premiers accords de Portishead sur la Grande Scène devant ses dizaines de milliers de festivaliers adeptes de trip-hop. Il est 21h30 passé lorsque le célèbre trio de Bristol fait son apparition sur les planches du Paléo 2011. Introduction sonore frénétique, tendue, écrans géants animés, tout est là pour lancer ce groupe de légende comme il se doit. La foule s'anime, les titres défilent pour ces musiciens qui n'ont musicalement pas pris une ride malgré le poids de l'âge.
Rodée et minutieusement calibrée, la prestation est digne d'un travail d'orfèvre. En effet, à l'identique de celle vécue un mois plus tôt dans les champs du danois Roskilde Festival, cette dernière ne laisse aucune place à l'improvisation. Lumières sobres, images brouillées en noir et blanc, on sent qu'il y a comme un réel besoin de sécurité dans le déroulement de leur show. Une sécurité à outrance donc, que l'on mettra sur le compte d'une volonté certaine de protéger une Beth Gibbons à la timidité excessive. Mais finalement, cette fragilité criante se transforme en force, prenant tout son sens musicalement au long de ce concert ténébreux qui reprend principalement leur album Third et sa suite de pointes sonores froides, torturées mais hautement inspirées.
Le public, mature, apprécie. Puis, une pluie d'appareil photo numériques et de vieux briquets s'abat au dessus de la foule lorsque, scène plongée dans le rouge, Glory Box retentit dans la fosse. Un morceau intergénérationnel, indémodable, en guise de communion de fin pour nous, avant que l'on ne reprenne la route du Chapiteau.

Il est environ 23h, la nuit est déjà bien tombée sur la Plaine de l'Asse, de quoi amplifier la rêverie, de quoi exacerber la fougue de la masse de festivaliers massés devant le phénomène folk américain nommé Beirut. Accompagné d'une pléthore de musiciens accomplis et de sa célèbre trompette, l'artiste au tatouage en forme de cor de chasse au poignet nous offre une virée tzigane enchanteresse sous la lumière bleue tamisée du Chapiteau.
On se laisse bercer par l'accordéon hyper-présent, on se laisse emporter par la brillante section cuivre, on se laisse tout simplement charmer par l'exotisme passionné et passionnant d'un américain tout simplement talentueux. La foule s'enflamme, nous aussi, le premier rang est déjà ensorcelé après deux morceaux. Dans un français parfait, le jeune homme incite le public à le suivre vocalement sur un titre tiré de son dernier opus intitulé The Ripe Tide. Mandoline dans les mains, xylophone et envolées lyriques, c'est tout un programme. Le public s'anime joyeusement. La nostalgie est contagieuse à l'écoute de l'univers musical de Beirut, il y a comme une sorte de retour à une musique riche dans sa simplicité.
Douceur, chaleur, bonheur, ces trois termes coulent de source au gré des mélodies solaires jouées et écrites par ce natif du Nouveau-Mexique. Influences slaves, expériences méditerranéennes revendiquées, le jardin musical de l'incroyable Beirut est peuplé d'orangers et de sueurs, à des années lumières de la culture MTV préfabriquée dont se nourrit la triste majorité de ses compatriotes. Heureusement, et on adore. Belle ambiance populaire donc, bonnes vibrations, rien à redire à la fin du compte. De plus, signe qui ne trompe pas en ces temps de tout à la musique digitalisée, l'envie nous prendra même d'acheter l'album du génial américain à la fin du spectacle. Chapeau, l'artiste!

Passée l'authenticité de Beirut, il est très difficile pour nous, à peine quelques minutes plus tard, de nous projeter face aux bruyants The Chemical Brothers et leur orgie sonore binaire. Pixelisé à outrance, le show du célèbre duo électronique anglais se veut gigantesque. Aïe, nos yeux encore embrumés de magie et de rêves se font littéralement agresser par une explosion de lumières et de lasers en mode 3D. Des animations formats XXL, sur une structure scénique pharaonique, sous une pluie sonore continue, annonce le début du combat. Deux danseurs géants bleu et rouge animés, clown inquiétant façon Joker dans Batman, faisceaux turquoises et abondance de fumée sont là pour fatiguer nos rétines en moins de deux. Nos oreilles ne sont pas en reste, noyées dans l'électro cyber-punk du célèbre duo anglais. Même si pas forcément dans l'humeur, les gros effets visuels mis en place ne peuvent que nous impressionner, au final.

Rouge, vert, bleu, violet, trop plein pictural et grosses décibels, tout y passe sur scène, au loin, tandis que nous, décidés à ne pas prendre froid prématurément, nous dirigeons sous une nuit étoilée glaçante vers le minibus, synonyme de retour au sec et de rêveries nocturnes, confortablement lotis dans nos lits douillets.
artistes
    The Chemical Brothers

    Portishead

    AaRON

    Beirut

    Angus & Julia Stone

    BEAK>
    Bonobo

    June & Lula

    Anika

    Nasser

    Oh! Tiger Mountain

    Beataucue

    Yokonoe

    Überreel

    Admiral T

    Systema Solar

    Los De Abajo