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For Noise Festival

Pully, du 18 au 20 août 2011

Live-report rédigé par Amandine le 25 août 2011

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Déjà un an que Local Natives, Fool's Gold, The Fall, Jonsi ou encore Get Well Soon nous mettaient des claques mémorables dans la forêt de Pully, petite bourgade de l'Est lausannois. On remet donc ça cette année avec, encore une fois, une bien belle affiche qui nous promet son lot de surprises, bonnes comme mauvaises.

Pour sa quinzième édition, le For Noise a de nouveau tablé sur une programmation à mi-chemin entre découvertes et talents confirmés.
Afin d'encore améliorer les prestations fournies, les organisateurs ont cette année repensé la sonorisation de la petite salle de l'Abraxas, ancien club indie qui aurait fêté ses vingt printemps en 2011 ; restera maintenant à travailler sur les problèmes de climatisation, comme nous aurons à maintes reprises l'occasion de le constater durant les trois jours. Au niveau de la grande scène, un agrandissement a été privilégié, permettant notamment un meilleur accès aux loges et au coin VIP. Pour le reste, c'est un peu comme lorsqu'on arrive au début de l'été dans la maison de vacances familiale : le gardien a repeint les volets et planté quelques fleurs mais on se sent instantanément chez soi. On fait donc le tour des quelques stands de nourriture bio ou asiatique, on salue les éternels mêmes festivaliers que l'on croise indubitablement chaque année à cette occasion et que l'on ne revoit jamais le reste du temps. On passe au bar pour constater que le prix des consos est toujours aussi élevé, on fait un coucou à notre disquaire lausannois préféré et on peut enfin dire que le décor est planté et que le For Noise a bien démarré.

Les ouvertures de festival sont généralement l'occasion de découvrir un groupe local ayant gagné un tremplin, le genre d'artiste que l'on écoute au détour d'une conversation animée, comme un échauffement avant la course en somme. Aujourd'hui, on passe directement aux choses sérieuses avec les très attendus Suuns.
Si Arcade Fire sont très souvent promus fers de lance de la scène canadienne, il ne faudrait toutefois pas qu'ils étouffent des groupes aussi talentueux que Suuns. Encensés (à juste titre) par Pitchfork lors de la sortie de leur premier album, Zeroes QC , en 2010, les Montréalais nous avaient définitivement enchantés avec une musique sur le tranchant de la lame, sorte d'harmonie instable constituée de riffs de guitare et d'électro, le tout emmené par Ben Shemie et son phrasé feutré et lancinant.
Le moins qu'on puisse affirmer est que Suuns auront fait une énorme impression au public suisse. Leur électro rock noir et angoissant, teinté de kraut et de minimal tient plus de l'expérimental que du dancefloor putassier. Néanmoins, ils gardent un sens aigu de l'accroche. Le chant sensuel et fiévreux développant des phrases répétées incessamment semble un appel à une apocalypse toute proche. Mélangeant les genres, le concert atteint son apogée lors du détonnant Arena.
On pouvait craindre des balances ne permettant pas au groupe de retranscrire son atmosphère studio ; au contraire, le son est étonnamment bon et l'équilibre entre la voix et les instruments est parfait. Néanmoins, même si le set est irréprochable, on déplore l'horaire de passage précoce. La musique de Suuns perd un peu de sa grandeur jouée en plein soleil et on imagine combien il aurait été hypnotique de les savourer sous la lumière de la lune. La voix haut perchée de Ben Shemie semble quant à elle oublier les conditions. Le groupe oscille entre titres pêchus et morceaux en suspens avec une voix toujours magistralement posée. Malgré un répertoire encore jeune et peu fourni, ils réussissent à gérer leur concert à la perfection. On en ressortira au bout d'une heure un peu hébété et il nous faudra de longues minutes avant d’atterrir pour continuer la soirée.

La nuit est tombée sur Pully quand arrive sur scène la jolie Sharin.
Malheureusement, pour la deuxième fois, le passage helvétique de The Raveonettes se fait amputé de l'un des membres. Pour le Paléo en 2008, c'était Sharin qui manquait à l'appel pour cause de congé maternité. Aujourd'hui, Sune Rose Wagner ne sera pas de la partie, la faute à une hernie discale survenue quelques jours auparavant.
Entourée de deux musiciens, la belle danoise tente de restituer l'ambiance du groupe mais n'y parviendra malheureusement jamais vraiment. Même si on apprécie la noirceur et les guitares distordues répondant au chant sucré de Sharin Foo, la prestation manque cruellement de relief et on finit par s'ennuyer ferme. Beaucoup de réverb' pour rien pourrait résumer le set des Danois. Le son rétro n'est pas déplaisant mais loin d'être enivrant. Même si les premiers rangs constitués de fans semblent apprécier, on ne pourra à aucun moment perdre pied, si ce n'est dans la torpeur qu'amènent parfois des titres redondants.
Difficile néanmoins d'avoir le jugement acerbe quand l'un des deux membres majeurs du groupe est absent. La jolie blonde aura ce soir fait de son mieux et, sans totalement réussir à nous convaincre par sa musique, elle n'aura pas manqué de le faire auprès de la gent masculine par son charme naturel. Attendons donc une prochaine venue au grand complet pour pouvoir statuer.

Il faudra patienter jusqu'à 22h15 pour l'entrée en scène d'Elbow. Vint ans que Guy Garvey, le petit rondouillard à la bonhomie légendaire, mène d'une main de maître son groupe. S'il jouit d'un succès relativement confidentiel en dehors du Royaume-Uni, le groupe n'en demeure pas moins l'un des plus talentueux et reconnus de sa génération. Elbow, c'est donc un peu la légende invitée pour cette quinzième édition du For Noise. 2011 est pour eux l'année de Build A Rocket Boys! , nouvel album venant rappeler qu'Elbow reste la quintessence de la pop britannique.
Faisant hommage à cette dernière sortie, le set va vite revêtir une ambiance épique, toute en douceur. Pas loin d'une dizaine de musiciens sont présents sur scène pour enrichir les compositions et les magnifier. Un groupe de cordes permet de restituer cette nostalgie ; il vient emporter les mélodies et les pousser jusqu'au sommet de leur beauté. L'humilité et la gentillesse de Guy Harvey, qui ne cesse de saluer le public et d'avoir des mots sympathiques envers lui, confèrent à instantanément aimer la prestation du groupe. De bout en bout, nous voilà époustouflés par la performance de ce soir : une voix incroyable, touchant sans aucun doute même le plus rustre des spectateurs et surtout, un bonheur de voir une telle formation faire preuve d'autant de simplicité.
J'entends à côté de moi un « Vraiment, y a rien à dire, Guy Garvey, il est sympa ! ». A elle seule, cette phrase résume en effet assez bien le sentiment de chacun. Le frontman d'Elbow sera désormais dès lors notre indicateur sur l'échelle de la bonne humeur durant tout le festival. Au delà de cette fraîcheur, nous ne pouvons que saluer un concert mythique duquel nous sortons les yeux humides et l'esprit léger.
Heureusement, c'est sur cette apothéose que se termine cette première soirée sur la grande scène. Nous rejoignons le bar et croisons Hayden Thorpe, leader de Wild Beasts, toujours affublé de son bonnet rouge à la Cousteau qui semble prendre plaisir à se promener dans l'anonymat le plus total. Nous irons faire un tour du côté de la soirée Kitsuné puis vaquerons encore un moment ici et là pour terminer à l'Abraxas à danser sur les vieux disques de DJ Tanguy... Marie Laforêt reprenant Paint It Black aura eu son petit succès !

Pour cette première journée, Suuns ont laissé une très forte impression au point que toutes les personnes n'avaient plus que ce nom sur les lèvres à l'issu de la soirée. Néanmoins, ce sont Elbow qui nous auront scotchés par leur talent sans conteste et par la voix magistrale de Guy Harvey.
artistes
    Elbow
    The Raveonettes
    Suuns
    DJ Tanguy
    Überreel
    We Loyal
    Meril Wubslin
    Kitsuné Club Night