logo SOV

For Noise Festival

Pully, du 18 au 20 août 2011

Live-report rédigé par Amandine le 27 août 2011

Bookmark and Share
vendredi 19
Deuxième jour de festival et le baromètre est au beau fixe : la température avoisine les 31°C lorsqu'on arrive sur les coups de 19h à Pully. C'est l'une des journées qui s'annonce des plus intéressantes avec Wild Beasts et Blonde Redhead qui devraient créer quelques-uns des moments les plus mémorables de cette édition 2011 du For Noise.

En attendant le premier groupe, toutes les conversations tournent autour du même thème : le drame survenu la veille sur le site du Pukkelpop qui a valu à cinq personnes de trouver la mort dans des circonstances affreuses.
Loin du tumulte belge de la veille, la Suisse semble décidément épargnée de tous les tracas européens et même Dame Nature lui accorde ses faveurs. Il fait une chaleur écrasante et nous sommes déjà moites avant même d'avoir commencé le moindre concert et de s'être retrouvé dans la foule.

Les premiers à démarrer ce soir sont les Américains de Twin Shadow. Derrière ce nom de scène se cache surtout le Dominicain George Lewis Jr, ayant sorti son premier album l'an dernier, produit par Mr Chris Taylor de Grizzly Bear. Chapeau vissé sur la tête, mèche gominée, le jeune artiste débarque avec un sourire narquois qui en dit long ; on a l'impression qu'il va éclater de rire à tout moment et sans raison apparente. Un « Hi Geneva ! » introductif lui vaudra les huées du public ; il ironise sur le fait qu'étant Américain, il ne sait même pas vraiment où se situe la Suisse mais que ça pourrait être pire puisque lui, au moins, n'est pas obèse comme la moitié de ses congénères.
Pas le temps de choisir si la blague était du lard ou du cochon que le groupe commence son set. Les claviers nous embarquent d'emblée dans les années 80s. Celui qui se réclame de Madonna et de Michael Jackson a pourtant l'air d'avoir plus puisé ses inspirations du côté d'Albion. Si son rêve d'adolescent était de faire partie d'un boys band façon Boyz II Men, il s'est finalement tourné vers la noirceur new-wave, empruntant tantôt aux Smiths pour l'amour décadent et illusoire, tantôt à la pop pour un côté plus édulcoré. Le set est carré, sans faux pas et ne laisse donc place qu'à très peu d'improvisation.
Même si les années 80s sont le terrain de chasse favori de nombreux petits groupes actuels, Twin Shadow innovent et délivrent des compositions délicates et soignées. Néanmoins, le concert peine à démarrer : ça manque d'entrain et de relief, on a du mal à se mettre dedans et au bout de quarante-cinq minutes, on ressort avec l'impression d'avoir entendu quelques longs titres sans grandes nuances.

Contrairement à la veille, nous assistons donc à un début de soirée mitigé mais nous savons que le meilleur reste à venir. En parlant de meilleur, nous retrouvons bien vite ceux qui, au fil des mois, ne cessent de nous surprendre par leur talent : Wild Beasts.
Comme lors de leur passage parisien en mai dernier, le matériel installé sur scène est impressionnant. Les claviers de Tom Fleming et Hayden Thorpe se font face, comme une illustration de leurs chants respectifs. Le plus simplement du monde, ils entrent en scène, saluent le public, Hayden ayant un petit mot sur la qualité du vin suisse, et se recentrent afin de débuter sur Lion's Share. On ressent alors un peu de saturation dans les graves et on espère que le problème sera rapidement rectifié. Rien de bien gênant toutefois et jamais ce souci ne viendra entacher la qualité du set.
On essaie de se placer le mieux possible car comme souvent lors des festivals, une bande de potes a décidé de taper un brin de causette dans les premiers rangs, ignorant totalement le groupe et se moquant éperdument de gêner les petits camarades alentours. Passé cet intermède désagréable, nous nous replongeons dans l'univers enchanteur des auteurs de ce qui se révèle être l'un des meilleurs albums de cette année en cours.
C'est justement Smother qui est ce soir privilégié, même si des tubes tels que Hooting And Howling, We Still Got The Taste Dancing On Our Tongues ou All The King's Men ne sont pas oubliés. En résulte une ambiance planante, à l'image de la pop atmosphérique de ce dernier album. Nos sens sont sans cesse en alerte à l'écoute de la voix de Tom et du falsetto d'Hayden. Le For Noise avait eu son moment de grâce l'an dernier lors du concert de Jonsi, leader charismatique de Sigur Ros. Cette année, ce sont indéniablement Wild Beasts qui tiennent ce rôle. Toujours aussi brillants, ils terminent sur un End Comes Too Soon magistral. Ils auront ce soir donné une heure de concert qui restera dans les esprits pendant longtemps.

C'est du côté de New York que nous mène la suite de la programmation de la Grande Scène avec les cultissimes Blonde Redhead.
Nous espérons enfin assister à un concert du groupe avec un son potable car ces dernières années, le sort semblait s'être acharné contre nous et jamais nous n'avions pu jouir pleinement de toute la beauté et la vigueur des compositions du groupe. Le « Jamais deux sans trois » ne sera ce soir pas de rigueur. Kazu Makino se présente sur scène entourée des frères Pace et commence un Dr Strangeluv planant et hypnotique. On sait que la formation n'aime pas revenir sur ses anciens succès et aujourd'hui, ils ne dérogeront pas à la règle : 23 et Penny Sparkle sont les plus représentés, ce même si ce dernier est bien en-deçà d'albums plus anciens au niveau qualitatif.
Ce choix de setlist laisse tout au long un arrière-goût amer puisque tout un pan de la carrière de Blonde Redhead, celui brut et bruitiste des premiers albums, est mis de côté. Bien que tirant les honneurs de leurs titres plus pop, on aurait clairement aimé entendre un I Still Get Rocks Off ou U.F.O.. Il faudra attendre cinq titres avant d'apercevoir une chanson antérieure à 23 mais lorsque résonnent les premières notes de Falling Man, porté par la voix déchirante d'Amedeo, notre cœur se fend pendant le temps que se fait entendre son « I know a ghost, can walk through the wall, but I am just a man, who still learning how to fall ». Inespéré parmi les nouveautés, In Particular vient se glisser subrepticement et nous sommes enfin comblés. Kazu, y allant de ses petites danses sensuelles et déhanchées reprend toute sa « punkitude » sur ce genre de morceau.
Il est impossible de pester ce soir contre la prestation de Blonde Redhead : c'est poignant, maîtrisé, même si on aurait aimé plus de titres rock. Kazu est toujours aussi envoûtante, même si notre cœur penche clairement du côté de la sensibilité d'Amedeo.

La fin de soirée est d'un autre acabit avec le live show du DJ danois Trentemøller, que l'on espère ne pas ressembler au set de Moderat l'an dernier. Fort heureusement, Anders Trentemøller ne ment pas lorsqu'il parle de « Live show ». Il nous proposera ce soir une parfaite symbiose entre musique synthétique et live, les batteries, basses et guitares venant converser avec les boîtes à rythmes et les laptops du bonhomme. Une chanteuse invitée apportera une petite touche trip-hop à la minimal house du Danois tandis que certains moments seront bien plus rock. Une bonne surprise donc que cette prestation à cheval entre tradition et technologie... Les prémisses de ce qu'offriront Death In Vegas demain ?
artistes
    Trentemøller
    Blonde Redhead
    Wild Beasts
    Twin Shadow
    Festival All Stars DJ's
    Peter Kernel
    Oy
    The Golden
    Spezialmaterial