Événement musical de la fin de l'été en France, le festival Rock en Seine affichait cette année complet pour deux de ses trois journées avant même l'ouverture des portes en ce vendredi. Une performance somme toute logique à la vue de la programmation dans sa globalité, qui plus est renforcée par l'ajout d'une quatrième scène permettant d'offrir un plus grand espace aux festivaliers. Retour sur une première journée dont l'attraction annoncée, à savoir Dave Grohl et ses Foo Fighers, aura tenu toutes ses promesses.
C'est sur la fameuse nouvelle scène, nommée Pression Live en partenariat avec une célèbre marque de bière à la couleur rouge, que tout est appelé à commencer en cette journée avec
Edward Sharpe And The Magnetic Zeros pour les premiers arrivés sous un ciel menaçant. Si certains curieux se risquent à explorer cette nouvelle zone du festival encore inconnue de tous, c'est vers
Smith Westerns que notre attention et celle de la majorité des personnes présentes dans le Parc de Saint-Cloud semblent se porter dans un premier temps.
Précédés par une solide réputation depuis la parution de leur second album chez Domino Records en Europe et Fat Possum Records aux Etats-Unis, les quatre américains accompagnés sur scène par un musicien supplémentaire vont avoir toutes les peines du monde à capturer l'attention d'une foule en phase d'acclimatation. En dépit de vaines tentatives de communication de la part de leur leader Cullen Omori, c'est dans une indifférence quasi-générale que les titres s'égrainent durant une courte demi-heure, le groupe ne parvenant jamais réellement à prendre la mesure du lieu avec les ritournelles pop ou mélodies pourtant si évidentes à l'écoute de
Dye It Blonde. Une prestation assurément professionnelle et menée sans raté mais dépourvue du supplément d'âme et de folie nécessaire à tout artiste pour tirer son épingle du jeu à ce moment de la journée.
Pour leur seconde participation, c'est sur la Scène de la Cascade que
Biffy Clyro sont par la suite appelés à se produire à 16h15. Fort est de constater que le tournant pris outre-Manche par la carrière des trois écossais semble suivre la même voie en France désormais, le public ayant fait le déplacement en masse pour cette unique date en France de l'été 2011. Torse nu dès les premières secondes du set tandis que son visage est comme à son habitude dissimulé derrière une imposante chevelure, Simon Neil ne tarde pas à faire la démonstration de ses capacités avec le très apprécié
Captain, lançant ainsi une prestation dont les principaux temps résideront en une sélection efficace de leurs plus récents succès. Si l'accueil leur étant réservé se veut chaleureux,
That Golden Rule et
Glitter And Trauma ne manquent pas de secouer un peu plus un public conquis avant un bref moment de relâche sur
God And Satan.
Les discours et les temps morts se font rares afin de laisser la place aux compositions en elles-mêmes durant les courtes quarante-cinq minutes accordées par les organisateurs. Lorsque le groupe annonce l'arrivée d'une ancienne compositions,
57 ou
Justboy sont logiquement espérées, mais c'est une surprise plus grande encore que le groupe nous a réservés avec
Stress On The Sky dont la brutalité semble à cet instant rebuter une frange de la foule. En enchainant par la suite
Bubbles et
Living Is A Problem Because Everything Dies, le triomphe devient total, et même si la présence de
Many Of Horror (When We Collide) ne se justifie que de par le succès rencontré par le titre via la reprise de Matt Cardle,
Mountains conclue avec force et efficacité ce que l'on retiendra comme l'une des meilleures performances du jour.
Le périple se poursuit avec la découverte de la scène Pression Live à l'occasion du premier concert français de
Wolf Gang quelques semaines après la sortie de son album
Suego Faults. Installé entre un mur de pierres et une zone boisée, le lieu se veut agréable et dépaysant quoique excentré et installé sur une pente. Le visuel suspendu au fond de la scène, représentation d'une cascade aux couleurs féériques, est un avant-goût du spectacle se déroulant devant nos yeux quelques minutes plus tard : une pop 80s d'un goût discutable. Que le clavier ou la guitare soient au centre de chacune des compositions, la voix de Max McElligott, fondateur et tête pensante de Wolf Gang, se veut tout aussi éreintante et ne manque pas de nous ramener vers les pires heures de Mika ou MGMT. On accordera toutefois à ce spectacle kitsch rapidement oublié une poignée de compositions plus accrocheuses et légères, à l'image du single
Lions In Cages ou du très réussi
The King And All Of His Men.
A quelques centaines de mètres de là, sur la Scène de l'Industrie, est venu le tour des américains de
Funeral Party. Si ceux-ci se fendent de quelques minutes de retard, l'explosivité de leur set fait rapidement oublier ce léger contre-temps, et ce quand bien même la qualité de l'acoustique s'avère exécrable dans un premier temps. Le dance-punk des cinq californiens fait rapidement des ravages dans les premiers rangs d'un public bondissant alors que quelques slameurs se font également remarquer. Lorsque les premières notes de
New York City Moves To The Sound Of L.A. résonnent, un vent de folie souffle sur Rock en Seine, et si toutes leurs compositions ne provoquent pas une même approbation en raison d'un manque certain de renouvellement, la réussite est globalement au rendez-vous.
Après seulement trente minutes passées sur scène, Chad Elliott prend une nouvelle fois la parole pour s'excuser de quelques problèmes vocaux après avoir abusé des cigarettes... et annoncer ce qui sera leur ultime chanson jouée ce soir :
Finale. Un choix judicieux tant ce titre fort de leur répertoire remue une ultime fois un public qui aura su apprécier ce défouloir sans prétentions.
Sur le coup de 19h20, alors que la concurrence du moment oppose le très populaire
Kid Cudi aux jeunes pousses de
Grouplove, ce sont finalement
The Kills qui emportent le morceau. En effet, chacun des deux artistes sus-cité accuse un retard de près de vingt minutes, l'imminence de l'arrivée du duo anglais nous poussant ainsi à opérer un déplacement stratégique vers la Grande Scène sans avoir eu l'occasion d'entendre le moindre note de leurs deux prédécesseurs.
Une décision rapidement regrettée tant Alison Mosshart et Jamie Hince vont avoir toutes les peines du monde à convaincre l'imposante foule leur faisant face. Installé au centre de la scène, le binôme est en place mais la disparition totale d'une quelconque alchimie au sein du duo refroidit rapidement les velléités : à la guitare et aux samples, la moitié masculine du duo tient sa place avec application mais sans passion, tandis que sa moitié arpente quant à elle la scène et se déhanche autour de son pieds de micro.
Les premiers titres proposés sont malgré tout plein de promesses, avec un
No Wow à la tension palpable suivi d'un
Future Starts Slow entêtant. Avec
Heart Is A Beating Drum et
Kissy Kissy, les deux guitares s'affrontent sans conviction, et l'arrivée de deux choristes à l'utilité discutable pour
DNA et
Satellite ne changera pas la donne. Le public semble avoir décroché depuis plusieurs minutes et le choix de concentrer la prestation du soir sur l'album
Blood Pressures est un échec, à l'image d'un
The Last Goodbye dépourvu de relief. On préfèrera retenir ce soir
Fried My Little Brains, rare vestige d'un temps où le duo dégageait encore une énergie dévastatrice et pesante lors de chacune de ses prestations.
A peine les lumières se sont-elles éteintes que les écrans géants annoncent l'arrivée anticipée des
Foo Fighters, le groupe ayant demandé à monter sur scène quinze plus tôt. Il est ainsi 21h45 lorsque la foule désormais massée face à la principale scène du festival voit débarquer Dave Grohl et ses acolytes instruments en mains et prêts à lancer leur set sur les chapeaux de roue.
Si les premiers titres font la part-belle à leur dernier album en date,
Wasting Light, avec notamment
Rope et un furieux
White Limmo en guise de temps forts, le concert du soir va rapidement prendre des airs de Best Of régulièrement agrémenté d'interventions d'un Dave Grohl d'humeur joviale. En arpentant constamment la scène, provoquant ses camarades ou interagissant avec la foule, celui-ci offre comme à son habitude un véritable one man show musical auquel personne ne peut rester insensible.
Après cinq années d'absence, les Foo Fighters réussissent ce soir le retour que tout un chacun attendait avec pas moins de deux heures de concert, une exception dans un tel événement où tout y est habituellement minuté. Avec
Long Road To Ruin ou
Best Of You, le groupe se permet de ralentir le tempo sans provoquer le moindre ennui, avant que l'emballement final ne devienne irrésistible sous ses airs de rock FM pour les milliers de fans désormais surexcités. Le riff d'ouverture de
One By One annonce une tempête de décibels avant que Dave Grohl et le groupe ne décident de rester sur scène pour interpréter ce qui était imaginé comme le traditionnel rappel : sous les premières goutes de pluie de la soirée,
Everlong achève de convaincre les amateurs de rock sous le charme d'une formation qui aura offert un impeccable show à l'américaine.
Les Foo Fighters n'auront laissé que des miettes à la concurrence ce soir, notamment
Death In Vegas et
Paul Kalkbrenner, victimes désignées du rallongement du set du quintet, alors que plusieurs artistes attendus n'auront pas été dignes de leur standing. Avec Interpol, The Streets, Arctic Monkeys ou encore WU LYF, gageons que la journée de demain sera d'un tout autre standing !