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For Noise Festival

Pully, du 18 au 20 août 2011

Live-report rédigé par Amandine le 29 août 2011

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Nous entamons déjà la dernière soirée de festival, espérons que cette journée sera l'occasion d'engranger encore de bons souvenirs qui nous permettront de faire le plein jusqu'à l'an prochain. Un samedi éclectique qui promet son lot de surprises.

Il est 18h et un soleil de plomb s'abat sur nos têtes quand The Antlers font leur apparition sur scène. Faute d'avoir pu assister au Pitchfork Festival de Chicago quelques semaines auparavant, on se réjouit des rares groupes qu'on a l'occasion de croiser ailleurs. Il y avait eu Suuns jeudi et aujourd'hui, c'est au tour de Peter Silberman et de ses compères. Ayant sorti en avril dernier un magnifique album, Burst Apart , j'attends personnellement beaucoup de cette prestation et je ne suis pas la seule puisque malgré l'heure de programmation précoce, beaucoup de festivaliers sont déjà postés devant la Grande Scène.

Les trois gars de Brooklyn, actuel fief des petits génies en tous genres, délivrent une musique folk rock fiévreuse et sombre ; de son falsetto enivrant, Silberman nous emmène dans un monde où la beauté semble être synonyme de douleur. Jouant de l'émotion sans jamais surjouer, le trio ne verse pas dans le pathos mais sait tirer chez l'auditeur ses fantômes les plus profondément enfouis. Jamais clichée, la sensibilité du groupe n'est ni feinte ni exacerbée ; The Antlers seront pourtant le moment d'émotions pures de ce festival.
Quand la voix n'est pas nécessaire, elle se laisse surpasser par des guitares sèches et des nappes de synthé qui nous emmènent dans le monde torturé de Peter Silberman. Une voix délicate et presque androgyne, quelques touches d'électro pour renforcer le côté planant des compositions, les trois Américains ont compris comment magnifier leur musique sans en faire trop. Les montées dans les aigus du frontman réussissent à nous mettre le frisson malgré les 33°C qu'affiche la météo aujourd'hui. Un pur moment de grâce et d'émotions qui sera le point culminant de cette soirée.

La suite mettant du temps à venir, nous décidons de nous balader un peu sur le site et croisons ce qui nous avait valu de bons fous rires l'an dernier : le Human Jukebox. Pour ceux qui auraient raté l'histoire à l'édition précédente, le concept imaginé par un folkeux barbu est drôle et innovant : enfermé dans une cabine de fortune auréolée de pochettes de disques à l'effigie de la folk (Bert Jansch, Bob Dylan, Woody Guthrie...), un guitariste permet aux spectateurs, monnayant quelques centimes, d'écouter un titre de leur choix pioché dans une liste. Les chansons vont de Daniel Johnston à Kraftwerk en passant par Beck ou les Rita Mitsouko. Le gaillard s'en tire haut la main sous les applaudissements des spectateurs étonnés et enthousiastes.
Presque 20h30 et c'est maintenant l'heure de retourner vers la Grande Scène pour la suite avec Honey For Petzi . Dès lors, on a l'impression que tout le monde ici connaît quelqu'un qui était le voisin du chanteur ou le compagnon de foot du batteur. Bref, c'est un peu la fierté locale, ayant même gagné il y a quelques temps le tremplin pour jouer aux Eurockéennes.

Connaissant plus le groupe par réputation que par leur musique, je ne m'attends pas à grand chose quand le set commence. Les Lausannois n'en sont pas à leurs débuts puisque le groupe existe depuis une dizaine d'années maintenant. Si le combo a longtemps trempé dans un post-rock instrumental, il a décidé depuis peu d'introduire des voix et de prendre un virage pop. Peut-être une bonne idée pour se renouveler et gagner les faveurs d'un public boudeur des musiques instrumentales mais en résulte des compositions banales. Sans être déplaisant, c'est passe-partout et déjà-entendu. Lorsqu'ils repartent vers le math-rock, c'est tout de suite plus intéressant, mais trop peu souvent à notre goût et nous ne serons donc jamais convaincus par ce concert.
Un peu avant la fin, nous décidons d'aller voir ce que l'Abraxas nous propose. Piano Chat a livré tout au long du festival des concerts improvisés un peu partout sur le site de Pully et, pour le dernier jour, la petite salle lui a tendu les bras pour un véritable concert avec une vraie scène. Cet OVNI ne cesse de nous surprendre : véritable homme orchestre, il utilise l'oversampling pour construire pas à pas des compositions rock, presque punk. Il déploie une énergie sans borne, fait du bruit mais, surtout, est étonnant de talent. Un petit clin d’œil aux prestations Piano Chat durant ce For Noise 2011 s'impose donc.

Attendu comme le showman de la soirée, Saul Williams va livrer les cinq premières minutes les plus percutantes de ce festival. Gros bermuda baggy à bandes réfléchissantes façon « chantier », veste de costume, Mr Williams semble survolté. Celui qui a, selon les médias (et les goûts de chacun), réussi à combiner admirablement le slam, la poésie et le rock va créer un surprenant bordel. Saul Williams possède un charisme débordant et un talent certain, et on se dit alors qu'il est difficile d'apprécier une prestation à sa juste valeur lorsqu'on est novice dans le style et que ce dernier est loin d'être notre tasse de thé. Nous passerons donc un bon moment mais sans non plus se sentir chamboulés par le set.

Le groupe à venir sera pour nous la dernière sensation du festival et lorsque les lumières s'allument sur la Grande Scène à 23h15, nous trépignons d'impatience pour accueillir Death In Vegas.
Richard Fearless restera pour nous celui qui a merveilleusement su allier rock et électro à la fin des années 90s. On se souvient des featurings avec Liam Gallgher ou encore Iggy Pop et c'est d'ailleurs par ce biais que le groupe a acquis sa réputation. Après sept années d'absence, et ayant laissé les invités chez eux, Death In Vegas reviennent sur scène pour présenter leur prochain album : Trans-love Energies, à paraître en septembre prochain. Les jeux de lumières sont hypnotiques, bien plus que la musique. Les débuts sont légèrement difficiles, les titres ayant du mal à prendre de l'ampleur. Le chant est sans nuance et limité et cela devient assez rapidement gênant. Si les albums de Death In Vegas explosaient à presque chaque morceau, ce ne sera jamais le cas ce soir. Une grande déception qui nous amène à quitter la Grande Scène prématurément.
Nous terminons la soirée et par là-même le festival en nous déchaînant à la Silent Party. Vous avez probablement entendu parler de ce concept qui fait recette dernièrement : un dancefloor, deux Djs, chacun a un casque et choisit son canal. Même si le concept manque légèrement de chaleur, c'est drôle et nous nous prenons au jeu et hurlons sur The Clash, Nirvana, Rage Against The Machine ou MGMT. Au loin, les basses de Crookers sur la grande scène résonnent... beaucoup trop et ne nous donnent pas envie de retourner voir ce qui s'y passe. Une dernière bière, une gaufre et voilà, ça y est, la quinzième édition du For Noise est bel et bien finie.

Il y aura eu de grands moments, notamment avec Suuns, The Antlers et Wild Beasts ; certains auront confirmé leur talent, à l'isntar d'Elbow, tandis que d'autres auront déçu (Death In Vegas). Une chose est sûre : encore une fois, le For Noise ne nous aura pas laissé indifférents.
artistes
    Crookers
    Death In Vegas
    Saul Williams
    Honey For Petzi
    The Antlers
    DJ Leclerc
    Mars Red Sky
    Piano Chat
    Patrick Bishop
    Poor Records Night