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Rock en Seine

Paris, du 26 au 28 août 2011

Live-report rédigé par Fab le 5 septembre 2011

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Les jambes se font lourdes pour cette troisième et dernière journée du festival Rock en Seine, la faute à des conditions climatiques facétieuses mais aussi et surtout à la taille du site, agrandi en 2011 avec l'ajout de la Scène Pression Live. Qu'importe, le programme concocté par les organisateurs va rapidement s'avérer de qualité en dépit de l'absence d'une véritable tête d'affiche de dimension internationale pour clôturer cette édition.

Dès 14h30, un cruel dilemme s'offre aux festivaliers avec les concerts simultanés de Crocodiles et The Naked And Famous. Les premiers s'étant produits à quelques reprises en France durant l'année écoulée, notre attention se porte en conséquence vers la formation néo-zélandaise menée par Thom Powers et Alisa Xayalith, tous deux installés au premier plan au centre de la scène.
Si leur premier album, Passive Me, Aggressive You a connu un beau succès critique et commercial dans un passé récent, la recette semble connaître quelques ratés dans les conditions du live. La subtilité de certains titres laisse la place à plus de puissance mais aussi un son brouillon noyant le plus souvent les mélodies sous les couches d'instruments. Coup de maître de leur set, le pétillant Punching In A Dream, tout aussi addictif et entrainant que sa version studio le laissait supposer, sera au final le point à retenir de cette demi-heure électro-rock.

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La course commence alors afin de rejoindre la Grande Scène pour l'arrivée de The Vaccines. Forts de l'accueil reçu par leur album What Did You Expect From The Vaccines? durant l'année écoulée, les quatre anglais n'ont eu de cesse d'écumer les salles de concerts et festivals, gagnant en expérience sans perdre une once de la fraîcheur faisant leur charme. Comme à l'accoutumée, le quatuor enchaîne les compositions sans le moindre temps mort, les seuls Justin Young et Freddie Cowan se fendant de remerciements polis envers la foule.
Sans révolutionner le genre, sur des titres courts flirtant avec les trois minutes, The Vaccines font preuve d'une efficacité redoutable à l'aide d'un répertoire se résumant à un enchainement ininterrompu de singles potentiels de Wreckin' Bar à Post Break-Up Sex en passant par Blow It Up, le lancinant et hypnotique If You Wanna ou même la reprise du Sometimes Good Guys Don't Wear White des Standells. Du beau travail de la part d'un groupe loin d'être un simple feu de paille.

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Sur la Scène Pression Live, Faris Badwan et Rachel Zeffira s'apprêtent à donner vie à leur side-project, Cat's Eyes. Souvent qualifiée de cinématographique en raison de l'utilisation à outrance de projections, leur musique ne peut miser en plein milieu de l'après-midi que sur les instruments pour convaincre. A leurs cotés, trois musiciens mais aussi deux choristes pour une représentation toute aussi inégale que peut l'être leur premier album.
Lorsque les instruments se voient mis en avant au détriment des deux voix placées au second plan, le public ne peut rester de marbre face au déluge sonore, alors que l'ennui semble prendre le dessus dès lors que l'ambiance se veut plus intimiste et que le mariage vocal du duo reprend le dessus (I'm Not Stupid, I Knew It Was Over). Inégal, le concert restera malgré toute une satisfaction de part l'investissement du groupe afin d'offrir plus de rayonnement aux ambiances crées en studio.

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Alors que le public s'est partagé entre le punk adolescent de Simple Plan et la pop de Concrete Knives, une foule de trentenaires et quadragénaires commence à s'amonceler progressivement afin d'assister à l'un des événements annoncés du week-end : la venue de The La's, présentée comme leur premier concert officiel depuis plusieurs années. Il y avait de quoi être circonspect à la vue de cette annonce, mais le triste spectacle offert sur scène pendant une petite heure va vite dépasser les pires cauchemars des plus optimistes de leurs fans.
En lieu et place du groupe annoncé, seuls Lee Mavers, au chant et à la guitare, et Gary Murphy, à la basse, ont daigné faire le déplacement, la batterie installée sur scène ne se voyant utilisée que durant quelques dizaines de seconde pour un jam d'un goût douteux. Peu concernés par leur prestation, les deux anglais enchainent leurs titres sans passion et avec une application très relative. Le son émanant de leurs instruments respectifs ôte toute âme aux titres joués tandis que le chant s'avère tout juste correct, le célèbre There She Goes n'échappant pas lui non plus au massacre. Un désastre salué par le déplacement progressif du public vers la Scène de l'Industrie ou un certain Miles Kane est attendu sur le coup de 18h.

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Face à un public complètement acquis à sa cause, celui que l'on a suivi ces dernières années au sein de The Little Flames, The Rascals ou The Last Shadow Puppets va offrir un véritable récital sans avoir à forcer son talent. Parfaitement épaulé à la guitare et aux chœurs par Eugene McGuinness, l'anglais égraine durant près de quarante cinq minutes les meilleurs titres de son répertoire, chacun d'entre eux se voyant chaleureusement applaudi par une foule de plus en plus compacte et enthousiaste au fil des minutes.
Les réserves formulées à l'écoute de son premier album studio restent malgré tout difficiles à oublier tant son univers dédié au rock des 60s tourne parfois à l'exercice de style assumé. Certaines compositions se veulent agréables mais peinent à se distinguer les unes des autres, les trois singles du jeune homme (Come Closer, Inhaler, Rearrange) faisant une fois encore sa force. S'il possède déjà l'attitude et de belles aptitudes scéniques, Miles Kane devra franchir un cap dans l'écriture pour construire sa propre histoire.

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La course se poursuit à quelques mètres de là pour l'arrivée de The Horrors au sein desquels Faris Badwan s'apprête à donner son deuxième concert du jour après celui de Cat's Eyes plus tôt dans l'après-midi. Si leur second album avait marqué un véritable tournant dans leur carrière, confirmé par la sortie récente de Skying, jamais les cinq anglais n'avaient su se montrer pleinement à leurs aises une fois montés sur scène. Trop de nonchalance de la part de leur leader et un manque d'implication général tendaient à provoquer l'ennui au sein de l'audience et à faire perdre un intérêt certain à leurs compositions.
Ce soir, c'est une formation transfigurée et pleinement en phase avec sa nouvelle image que l'on découvre, chaque musicien se voyant préposé à un unique instrument qu'il ne lâchera à aucun moment du set. Au chant, Faris Badwan est simplement impérial, celui-ci se montrant comme possédé par l'intensité des sons produits par ses quatre partenaires, eux aussi plus expansifs qu'ils ne l'avaient été lors de leurs précédents passages. La part-belle est faite au dernier album en date du quintet avec pas moins de sept titres joués, dont un Still Life envoûtant, tandis que Sea Within A Sea et Who Can Say se montrent à la hauteur des enregistrements de Primary Colours. Durant la petite heure passée sur scène, The Horrors ont simplement offert la prestation la plus marquante de la journée, si ce n'est du week-end.

Sur la Grande Scène, l'un des poids lourds du métal américain s'apprête à se produire pour la quatrième fois de l'année écoulée à Paris après des passages à la Boule Noire et au Trianon : Deftones. Une désagréable surprise attend le public venu en masse assister à ce retour avec une acoustique déplorable : instruments étouffés et voix difficilement audible vont ainsi gâcher une première moitié de set pourtant de qualité. Chino Moreno se montre tout aussi avenant et dynamique que lors des derniers mois, et les titres proposés sont à la hauteur des attentes avec Diamond Eyes en ouverture mais aussi Be Quiet And Drive (Far Away) et Digital Bath.
Malgré un temps mort de quelques minutes symbolisé par une poignées de compositions aux temps plus lents, la qualité du son semble enfin s'améliorer et faire honneur à la prestation du quintet. Si Passenger et surtout Back To School (Pink Maggit) seront inexplicablement laissés pour compte au final, Change (In The House Of Flies) et le 7 Words final réveillent une fosse jubilant de plaisir tandis qu'une partie des non initiés et curieux a préféré migrer vers d'autres concerts probablement jugés plus accessibles.

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Tandis que Nneka et Trentemøller sont chargés de clôturer les festivités sur la Scène de la Cascade et la Scène Pression Live, certains semblent avoir choisi de quitter le Parc de Saint-Cloud de manière anticipée ce soir. C'est ainsi un public plus diffus que l'on voit migrer lentement au fil des minutes vers la scène principale du site où Archive et un orchestre de trente musiciens sont attendus. Dès le premier titre joué, Controlling Crowds, les compositions du collectif semblent transcendées par la présence des cuivres et cordes, Dave Penn, Pollard Berrier et Maria Q allant se relayer vocalement tout au long du set.
La représentation est indéniablement en place, le déroulement des titres maîtrisé et calibré à la note près, à l'image de celles opérées en avril dernier dans la salle parisienne du Grand Rex, mais il semble bien difficile de s'enflammer face à ces longues compositions manquant souvent de moments forts ou de diversité. Qu'importe, achever le set avec le très populaire Again reste un choix judicieux pour marquer une dernière fois la mémoire collective des festivaliers ayant pris la décision de ne pas quitter le festival avant les ultimes notes.

Avec un record de 108'000 personnes accueillies tout au long des trois journées de cette édition 2011, le festival Rock en Seine aura été un succès à la fois populaire et du point de vue de la programmation, plus dense que jamais avec l'ajout d'une quatrième scène. Si les principales têtes d'affiches n'auront pas toujours été à la hauteur de leur réputation, les secondes couteaux et formations en devenir auront maintes fois offerts d'excellentes surprises tout au long du week-end. Rendez-vous l'année prochaine pour un dixième anniversaire que l'on ne peut qu'imaginer plus excitant encore !
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