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Rock en Seine

Paris, du 24 au 26 août 2012

Live-report rédigé par Fab le 28 août 2012

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Si les critiques concernant la faiblesse supposée de ses têtes d'affiche ont été nombreuses ces derniers mois, le festival Rock en Seine proposait malgré tout cette année pour sa dixième édition un plateau de choix, mêlant retours espérés, révélations en tous genres et valeurs sûres tout au long d'un week-end marquant pour beaucoup la fin de la période estivale. En ce premier jour conclu par la venue de Placebo, nos attentes avaient principalement été placées en la présence de Bloc Party et Sigur Rós, à juste titre tant les deux formations auront survolé les débats.

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Une courte demi-heure après que l'ouverture de cette édition 2012 par les bordelais de Crane Angels sur la scène Pression Live, c'est sur la Grande Scène en compagnie des canadiens de Billy Talent que débute notre périple. Dès les premières minutes, le jeune public semble avoir répondu à l'appel du punk rock. Ambiance bon enfant, pogos nombreux, riffs aguicheurs : le concert, s'il se veut sans surprises et peu cérébral, constitue une mise en bouche des plus honnêtes. Pendant près de quarante minutes, le quatuor mené par son leader Benjamin Kowalewicz survolté, enchaîne les brûlots sans jamais faiblir, dédicaçant au passage le très convaincant Viking Death March aux Pussy Riot avant de voir la première averse du jour gagner en intensité durant le très à propos Rusted From The Rain. Un set sans prétention et efficace, idéal pour prendre le pouls d'une foule encore peu nombreuse dans le Parc de Saint-Cloud à cette heure de la journée.

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L'une des révélations de cette année 2012 s'apprête alors à prendre ses quartiers sur la scène de la Cascade : CITIZENS!. Aperçus à plusieurs reprises sur les scènes parisiennes ces derniers mois, les jeunes anglais vont montrer aujourd'hui quelques limites quant à leurs capacités à convaincre et mener une foule plus importante. La première moitié de leur set, déroulée sans accroc, fait preuve d'un cruel manque de rythme et d'engagement alors que Caroline, Reptile ou encore Let's Go All The Way sont judicieusement enchainés durant les premières minutes. Les ritournelles électro-pop du quintet parviennent à faire lever les bras à quelques dizaines d’aficionados alors que la majorité de la foule observe dubitativement le maigre spectacle proposé. Il faut ainsi attendre l'emballage final, initié avec l'électrique She Said, pour assister à un réveil final sur scène et dans la fosse, True Romance et (I'm In Love With Your) Girlfriend traduisant la volonté d'un Tom Burke peu disert ce soir de passer enfin à la vitesse supérieure. Trop tard sans doute pour sauver une prestation au final décevante.

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De plus en plus menaçant alors que des averses orageuses sont à craindre tout au long de la journée, le ciel choisit alors les minutes précédant l'arrivée sur scène de Get Well Soon et Beth Jeans Houghton & The Hooves Of Destiny pour déverser une heure durant une pluie gagnant progressivement en intensité. Si le public semble quant à avoir massivement pris le parti de suivre Konstantin Gropper et l'Orchestre national d'Ile-de-France à quelques centaines de mètres de là, c'est en compagnie de la jeune anglaise installée sur la scène Pression Live que nous choisissons de passer les prochaines quarante minutes. Première surprise, la chanteuse et ses quatre musiciens, en plus de choix vestimentaires pour le moins colorés, affichent également moult peintures sur leurs visages. Les excentricités de la demoiselle s'arrêtent toutefois là, sa musique mêlant pop débridée et rock que ne renierait pas une certaine PJ Harvey se voulant classique. Installée au centre de la scène avec sa guitare, Beth Jeans Houghton capte les regards tout en se voulant des plus chaleureuses lors de ses nombreux discours à destination du public. Les quelques inédits présentés ce soir se révèlent d'excellente facture tandis que son récent single Dodecahedron reçoit un accueil satisfait d'un public appréciant à sa juste valeur l'apport ponctuel d'une trompette, notamment durant Sweet Tooth Bird. Après avoir fait le bonheur de la presse people pour sa relation avec Anthony Kiedis (Red Hot Chili Peppers), l'anglaise aura démontré aujourd'hui sa capacité à exister à travers son seul univers artistique.

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Sur la Grande Scène, la musique semble depuis plusieurs minutes déjà avoir laissé la place à un véritable spectacle mené d'une main de maître par Mathias Malzieu pour Dionysos. Comme à son habitude, le lutin-chanteur est survolté, gesticule sans cesse, saute d'un coin à l'autre de la scène et va même jusqu'à se faire porter par son public dans la fosse après quelques titres seulement. Si sa complicité avec Babet, tant comportementale que vocale, constitue l'un des atouts des français, il est regrettable que la formation en oublie parfois de favoriser les chansons en elles-mêmes plutôt qu'une représentation maintes fois vues ces dernières années et cassant trop souvent le rythme du concert. On pense notamment à un Bird'n'Roll prolongé à l'envie et marqué par l'omniprésence des trois choristes habillées de rouge, quand bien même la formation parvient encore ponctuellement à rallumer la flamme musicale avec une poignée de valeurs sûres, à commencer par Song For Jedi. L'appel de The Shins, appelés à leur succéder sur la scène de la Cascade, est le plus fort : c'est sans regret que nous laissons les français poursuivre leur spectacle devant un public convaincu.

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Après quinze ans de carrière, The Shins se voient ainsi invités pour la première fois à se produire à Rock en Seine. A en voir la foule ayant fait le déplacement, leur réputation n'est plus à faire et leur succès grandissant ces dernières années est une évidence. Accompagné ce soir par cinq musiciens, James Mercer, tête pensante du groupe, se révèle rapidement plus chaleureux dans la teneur de ses compositions que dans une quelconque interaction avec le public, pour ainsi dire inexistante ce soir. En dépit de cette apparente froideur, les américains signent ce soir une prestation réjouissante alors que le soleil parvient à percer l'épais manteau nuageux pour éclairer le Parc de Saint-Cloud pour la première fois de la journée. Le public ne s'y trompe pas et semble se laisser griser ponctuellement par l'entrain dégagé par de nombreuses compositions du groupe. Sans forcer leur talent, The Shins auront assurément tenu leur rôle avant le tant attendu emballement de début de cette soirée.

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Plus encore que la sortie de leur quatrième album, Bloc Party célèbrent ce soir sur la Grande Scène leur retour en terres parisiennes trois années après un ultime concert dans ce même Parc de Saint-Cloud. Le public, nombreux pour l'occasion, accueille Kele Okereke et ses trois acolytes avec un bel entrain, ce même Kele faisant rapidement preuve d'une bonne humeur contagieuse et d'une volonté très louable de se rapprocher des fans. En l'espace d'une courte heure, les quatre amis balayent ainsi l'ensemble de leur carrière tout en prenant soin de présenter plusieurs nouvelles compositions. Parmi ces dernières, on retiendra notamment le récent single Octopus mais aussi et surtout le très américain et électrique Kettling, dédié aux Pussy Riot, ou l'efficacité des chœurs du léger Truth. Aux côtés de ces quelques nouveautés, les principaux éléments de la discographie du quatuor sont passés en revue avec une belle application, à commencer par les impeccables enchaînements de Hunting For Witches et Positive Tension, puis de Song for Clay (Disappear Here) et Banquet, ce dernier déclenchant un enthousiasme général des plus contagieux, alors que Gordon Moakes délaisse sa basse pour un clavier plus dansant durant One More Chance puis Flux. Point culminant du concert, Helicopter, dont la guitare se voit menée avec brio par le très discret Russel Lissack, clôt un retour définitivement à la hauteur des attentes placées dans les anglais.

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Un marathon s'engage alors pour prendre place face à la Scène de la Cascade pour un second retour tout aussi attendu, celui des islandais de Sigur Rós. Après plusieurs minutes de patience en raison de quelques réglages visuels alors que la nuit commence à envelopper l'ensemble du site, la petite troupe fait son apparition en suivant les pas de Jón Þór « Jónsi » Birgisson. Pas moins de onze musiciens se partagent ainsi la scène, complétant le quatuor par plusieurs violons et cuivres. Il ne faut que quelques minutes pour réaliser que le public est en passe de vivre un moment d'exception. Justesse des arrangements, perfectionnisme des instrumentations, envolées vocales d'une incroyable pureté, projections et montages visuels : tout est réuni ce soir pour vivre une heure durant une expérience reléguant les autres concerts du jour au rang de simples faire-valoir. Grattées ou percutées à l'aide d'un archet, les cordes de la guitare ou la basse déversent ponctuellement un flot de décibels plongeant plus loin encore la musique de Sigur Rós dans le post-rock, notamment durant le formidable Popplagið proposé en clôture, tandis que les chœurs et la montée en puissance instrumentale auront marqué les esprits tout au long du sublime Varúð. Inconvénient d'une prestation en festival, seuls quelques huit titres sont ainsi interprétés ce soir, faisant naître un sentiment final de frustration à la hauteur du délice proposé. Assurément l'un des temps forts de cette dixième édition du festival, ce concert de Sigur Rós restera dans les annales.

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Sur la Grande Scène, à quelques centaines de mètres de là, la foule a massivement répondu au rendez-vous proposé par Placebo. Dans l'attente de la sortie d'un nouvel album prévu pour 2013, c'est un unique concert en France que Brian Molko, Stefan Olsdal et Steve Forrest, accompagnés par trois musiciens supplémentaires ce soir, ont accepté de donner pour achever cette première journée du festival. Fidèles à leur réputation, les anglais ne surprennent guère ce soir : moins renfermé qu'à l'accoutumée, Brian Molko se veut plus professionnel que passionné à l'image de son camarade de toujours Stefan Olsdal. En dépit de l'inactivité de près d'une année ayant précédé leur récent retour sur scène, Placebo livrent un set taillé pour le lieu, les jeux de lumière et quatre écrans additionnels renforçant plus encore le spectacle visuel. On regrettera toutefois le manque de conviction du groupe, peu aidé il est vrai par un public parfois passif, notamment durant le classique Every You Every Me, et une setlist centrée sur les productions les plus récentes au détriment de plus anciennes compositions d'un tout autre calibre.
artistes
    PLACEBO
    BLOC PARTY
    DIONYSOS
    THE ASTEROIDS GALAXY TOUR
    BILLY TALENT
    C2C
    SIGUR ROS
    THE SHINS
    GET WELL SOON & l'ONDIF
    CITIZENS!
    MIIKE SNOW
    PARA ONE
    THE KNUX
    YETI LANE
    OWLLE
    BROMANCE
    DARK DARK DARK
    BETH JEANS HOUGHTON AND THE HOOVES OF DESTINY
    GRIMES
    CRANE ANGELS