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Rock en Seine

Paris, du 24 au 26 août 2012

Live-report rédigé par Fab le 30 août 2012

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C'est sous un soleil radieux que débute cette seconde journée du festival Rock en Seine. A l'affiche, The Black Keys, Noel Gallagher's High Flying Birds, dEUS ou Eagles Of Death Metal sont pressentis par beaucoup comme les temps forts de ce samedi.

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Sur le coup de 15h, bien que visiblement peu attendue, Speech Debelle débute son concert avec quelques minutes de retard sur la Scène de la Cascade. Rappeuse engagée, découverte après une victoire surprise au Mercury Music Prize en 2009, l'anglaise ne se laisse pas compter du relatif désintérêt de la foule et cherche à communiquer son plaisir de se produire sur scène aux nombreux curieux éparpillés sur les pelouses. Réjouissante, sa performance ne se limite pas aux frontières du hip-hop mais touche également à la soul de par une voix aux multiples textures, qui plus est mise en valeur par l'apport des quelques musiciens présents à ses côtés. Difficile de juger si la performeuse aura réellement marqué des points ou gagné de nouveaux fans aujourd'hui, tout juste aura-t-elle démontré que les louanges reçues jusqu'à ce jour ne sont pas galvaudées.

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Trente minutes plus tard, changement de cadre et d'ambiance pour la venue des islandais d'Of Monsters And Men. Face à une foule grandissant progressivement en nombre, la petite troupe constituée de sept musiciens parvient rapidement à faire grimper sa côte d'amour avec une prestation chaleureuse et enjouée que n'auraient pas reniée Arcade Fire, tant dans l'attitude que les instrumentations. A mi-chemin entre folk et envolées indie pop, porté par la complémentarité des voix de leurs deux co-leaders, Nanna Bryndís Hilmarsdóttir et Ragnar Þórhallsson, le groupe enchaîne les titres sans coup férir. Les chansons sont ainsi majoritairement tirées de leur album My Head Is An Animal et laissent entrevoir un large panel d'instruments, incluant clavier, cuivres ou un accordéon du plus bel effet. Point culminant du concert, marqué par le soubresaut mérité d'un public plus concerné, l'imparable Little Talks popularisé par de nombreuses diffusions en radio cette année achève de convaincre du capital sympathie engrangé par les musiciens.

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Sur la Scène Pression Live, c'est avec quelques minutes d'avance sur l'horaire prévu que TOY débutent une prestation attendue à en voir le public ayant fait le déplacement sur le coup de 16h15. Sous un soleil radieux et éblouissant, les cinq londoniens ne dérogent pas à leurs habitudes : leur communication se révèle minimaliste, chacun d'entre eux semblant se dissimuler derrière une chevelure abondante comme pour mieux se concentrer sur son instrument. Hypnotiques pour certains, répétitives pour d'autres, les mélodies dévoilées aujourd'hui par le groupe s'inspirent tout autant du krautrock que de la pop des Byrds ou Beach Boys voire du punk du MC5 ou des Stooges, autant d'influences assumées par le quintet dont les titres s'étirent le plus souvent au-delà des cinq minutes. De Colours Running Out aux excellents Dead & Gone et Motoring, en passant par la bside Bright White Shimmering Sun, ces oiseaux de nuit contraints aujourd'hui à évoluer en pleine lumière signent ainsi une prestation convaincante à deux semaines de la publication de leur premier album éponyme. Gageons que le concert annoncé à la Maroquinerie de Paris au mois de novembre prochain leur offrira un terrain de jeu plus en phase avec leurs capacités.

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Sur la Grande Scène, le tant attendu retour en France de Maxïmo Park va combler sans la moindre difficulté les attentes des fans, contrairement à la majorité d'un public dont les rares soubresauts seront à relever durant une poignée de titres plus anciens tirés de l'album A Certain Trigger. Comme à son habitude, Paul Smith se déchaîne durant les quarante-cinq minutes du concert, ce dernier haranguant le public autant qu'il saute et gesticule sans discontinuer aux côtés de ses quatre camarades plus effacés. En l'espace de douze titres, Maxïmo Park font valoir ce soir un répertoire de singles semblant inépuisable. De l'ouverture sur Girls Who Play Guitar à un détonnant final sur l'irrésistible Apply Some Pressure, les cinq anglais livrent un concert sans temps morts, les plus récentes compositions à l'image de Hips And Lips, Write This Down ou encore de The Undercurrents trouvant aisément leur place aux côtés des fan favourites que sont Graffiti, Our Velocity ou encore Limassol. En choisissant de faire honneur à leurs influences post-punk ou en laissant une place plus importante aux sonorités électroniques distillées par un Lukas Wooller plus volontaire au fil des minutes, Maxïmo Park ont signé aujourd'hui un retour gagnant.

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Il est désormais 18h15 et les belges de dEUS s'apprêtent à faire leur apparition sur cette même scène, quelques semaines seulement après la publication inattendue d'un nouvel album studio, Following Sea. En rangs serrés au centre de la scène, les cinq belges vont offrir une prestation de quarante-cinq minutes aussi courte qu'intense. Si le plaisir de les voir évoluer avec une telle envie ne peut être que partagé, qui plus est lorsque The Architect, le mythique Instant Street ou encore le très progressif Bad Timing se font entendre, la frustration est de mise lorsque ces derniers délaissent les lieux sur un Suds & Soda habité et détonnant à l'issue de ces trois courts quarts d'heure. Entre temps, Constant Now, un Keep You Close porté par des violons pré-enregistrés et la superbe interprétation du francophone Quatre Mains aux accents Gainsbourgien auront eu raison des sceptiques et offert le meilleur concert de la journée, laissant un public aux anges espérer un retour prochain en France de cette formation phare de la scène belge.

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Trois années après la fracassante séparation d'Oasis, Noel Gallagher, accompagné par ses High Flying Birds, ne fera pas faux bond aux très nombreux fans présents aujourd'hui. Peu expressif comme à son habitude bien que visiblement heureux d'évoluer sur scène, en témoignent les quelques phrases adressées à la foule, l'anglais livre une heure durant un concert solide mêlant une majorité de titres extraits de son premier album solo à une sélection concise de reprises d'Oasis. Massivement soutenu ce soir à en voir les nombreuses pancartes arborées aux quatre coins de la fosse, le Chief confirme son statut d'interprète hors-pair. Point de fantaisies ou d'improvisation, certes, mais une justesse faisant honneurs aux Everybody's On The Run, AKA... What A Life! ou The Death Of You And Me. Les fans d'Oasis ne sont pas en reste, puisque après l'ouverture réalisée sur (It's Good) To Be Free, et en dépit de l'absence de Wonderwall, la clôture du concert réalisée avec l'enchaînement de Whatever et Don't Look Back In Anger fait résonner dans le Parc de Saint-Cloud une chorale constituée de milliers de voix. Touché par le soutien, Noel Gallagher peut quitter les lieux avec le sentiment d'avoir rempli sa mission de belle manière.

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Le choc des cultures s'opère par la suite entre les scènes de la Cascade et Pression Live. Près de l'entrée du festival, le minet Ed Sheeran présente un one man show avec sa guitare pour seul instrument. Révélation de l'année écoulée outre-Manche avec un premier album ayant désormais dépassé le million de copies écoulées, le jeune anglais peine à exister une fois monté sur scène. S'il ne manque ni d'aplomb ni de présence, en témoignent de vaines tentatives visant à réveiller un public amorphe à l'exception de quelques jeunes filles postées dans les premiers rangs, la légèreté de son univers et une dispensable reprise du Be My Husband de Nina Simone ne semblent que difficilement s’accommoder avec les exigences d'un concert en festival.
Après quelques minutes de marche, sur la scène de la Cascade, c'est un public déchainé dans un impressionnant nuage de poussière que nous retrouvons face à Eagles Of Death Metal pour le concert le plus rock & roll de la journée. Peu original, voire parodique par instant de par les poses adoptées, le rock de l'américain Jesse Hughes n'en demeure pas moins taillé pour la scène, qui plus est en présence d'une foule répondant au doigt et à l’œil au moindre signe de sa part. On retiendra de sa seconde moitié de set Stuck In The Metal With You et Wanna Be In LA, très attendus à en observer la rédaction d'un public chauffé à blanc.

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Devenus de véritables stars à l'échelle mondiale suite à la sortie de leur album El Camino en fin d'année dernière, il est vrai porté par l'incroyable succès populaire du tube Lonely Boy, The Black Keys étaient attendus le pied ferme par leurs fans et détracteurs en cette fin de soirée. Le pari des organisateurs de leur offrir la très convoitée place de tête d'affiche allait-il être payant ? Du point de vue de la seule réaction du public, sous le charme, la réponse est assurément positive. Seuls sur scène ou accompagnés par deux musiciens additionnels, Dan Auerbach et Patrick Carney, en plus d'être d'excellents musiciens, font preuve d'une réelle alchimie et savent flatter la foule en misant sur l'accessibilité de leurs plus récentes compositions au détriment de leurs plus anciens faits discographiques, à l'image de Gold On The Ceiling ou du dévastateur Lonely Boy. Toutefois, une prestation d'une courte heure est-elle digne de la tête d'affiche d'un festival comme Rock en Seine ? Ce soir, les Black Keys n'auront pas effacé la déception de certains de ne pas avoir vu évoluer At The Drive-In, The Stone Roses, Pulp ou bien d'autres dans le Parc de Saint-Cloud cette année.

De cette seconde journée, à guichets fermés, d'excellente facture, on retiendra au final principalement la classe des belges de dEUS, l'envie de Maxïmo Park et le professionnalisme de Noel Gallagher.
artistes
    THE BLACK KEYS
    NOEL GALLAGHER's HIGH FLYING BIRDS
    dEUS
    MAXIMO PARK
    OF MONSTERS AND MEN
    AGORIA presents FORMS
    EAGLES OF DEATH METAL
    THE TEMPER TRAP
    CARAVAN PALACE
    ALBERTA CROSS
    SPEECH DEBELLE
    THE BLACK SEEDS
    THE BEWITCHED HANDS
    DEAP VALLY
    HYPHEN HYPHEN
    GRANVILLE
    MARK LANEGAN
    ED SHEERAN
    BASS DRUM OF DEATH
    THE BOTS
    TOY
    UME