Printemps de Bourges

Six jours pour fêter les trente ans de musique de l’un des plus vieux festivals de France… Le Printemps de Bourges s’est donné les moyens de se faire plaisir. Gros budget, programmation très réussie : le festival du Cher a cartonné, avec plus de 72 000 entrées.

Que retiendra-t-on de l’édition 2006 ? Le Printemps a commencé plutôt calmement. Mercredi, pendant que 5000 groupies s’égosillent avec Raphael et que le chanteur des Ogres de Barback chante Renaud, Bikini Machine électrise le répertoire de Dutronc. Puis c’est Skin la tigresse qui débarque, avec une patate qu’on lui envierait presque. Problème : à l’image de son dernier album, ses chansons ne sont pas vraiment percutantes.

Jeudi, premier rendez-vous très attendu avec White Rose Movement, en première partie d’Indochine. Mais pas de Brittons au Phénix. Seules quatre nippones qui braillent sans conviction. Une fois de plus, après la Route du rock cet hiver, le groupe de Finn Vine a déserté. Et cette fois, deux heures avant le concert. La consolation arrive avec QueenAdreena, programmés juste après. Très bon concert, à grands renforts de cris stridents de Katie Jane Garside. Qui au passage s’arrose de vin blanc. Mais tout cela n’est pas du goût des groupies d’Indo (chez qui le mot tolérance est très relatif), qui sifflent copieusement le groupe… La fin de soirée se passera en compagnie des Puppetmastaz, gangsta de marionnettes berlinoises déjantées, adeptes de hip-hop bien gras. L’un des tous meilleurs concerts du festival.

Vendredi, début de journée plutôt calme. Côté chanson délirante, une découverte : Loïc Lantoine. Bon d’accord, tout le monde ici préfère le rock britton, mais ce gars est un tel ovni qu’il faut bien en parler. Une contrebasse, un chanteur, un esprit gouailleur, et Loïc Lantoine a marqué au fer rouge toutes les âmes de la Hune. Le soir, rendez-vous au 22 pour découvrir la scène parisienne branchouille (The Brats, Second Sex). Puis Art Brut déboule, enflamme littéralement la salle (impossible d’y accéder). Gros carton à l’applaudimètre. On arrivera juste à se faufiler pour apprécier Champion, et son DJ survolté, chef d’orchestre d’un quatuor de guitares ne cachant pas ses penchants pour Hendrix ou Black Sabbath.

Samedi, les gros poissons s’appellent Arctic Monkeys et dEUS. La soirée débute tranquillement avec les Hushpuppies, qui ne jouent même pas une demi-heure. Arrivent ensuite Katerine, qui ne montera pas vraiment le son par rapport à son disque. Puis les enfants terribles de l’Arctique investissent le Phoenix. Les Arctic Monkeys ont du talent. Leurs chansons, parfois un peu trop sous perfusion libertinienne, passent quand même très bien en live. Le public est déchaîné, largement plus qu’Alex Turner, qui en a connu d’autres malgré sa puberté à peine digérée (Astoria…). La bande à Tom Barman sera elle gênée par un son digne des Wampas. On attendra pour les revoir dans de meilleures conditions. Fin de soirée rock avec les Dionysos, qui retournent le chapiteau. Mais ceci est un pléonasme.

Dimanche, soirée cocooning au Palais d’Auron inaugurée par Architecture In Helsinki. Sur scène, une vache ne retrouverait pas son veau. Mais malgré tout, c’est bien agréable à écouter et diablement imaginatif. Pour le concert classieux, il faudra attendre CocoRosie. Le son est parfait, le show tout autant. On croirait leur musique taillée dans de la soie. Génial. Après la jolie Emilie Simon, les Flaming Lips refoutront le joyeux bordel, à grands renforts de paillettes, ballons et autres serpentins. Derrière cette grosse fiesta qui prend des allures de pamphlet anti-Bush se cachent des chansons bourrées de talent. Une bien belle éclaircie pour clôturer ce 30ème Printemps.