Après une édition 2012 où les caprices de la météo avaient quelque peu gâché la fête, le Festival Beauregard investissait pour la cinquième année consécutive le parc de château du même nom pour trois jours de concerts. En concurrence directe avec le Main Square et les Eurockéennes, l’équipe du festival a réussi quelques jolis coups en programmant New Order, Nick Cave And The Bad Seeds, The Smashing Pumpkins, Bat for Lashes, Dead Can Dance, Local Natives ou encore Jake Bugg.
On attendait 69 en ouverture du festival, c’est finalement le duo caennais
Goodbye Horses qui aura cet honneur suite à l’annulation du groupe des deux ex-membres de Sloy. Les fans de Housse de Racket y trouveront peut-être leur compte, les autres passeront leur chemin qui les mènera peut être vers
Half Moon Run. Les quatre canadiens offrent une lecture sympathique de ce qui se fait dans l’indie folk actuelle mais celle-ci tend malheureusement vers l’ennui avec ses fulgurances aseptisées. Pour finir l’échauffement avant l'arrivée des Vaccines, on retrouve
Bow Low que lon avait découvert lors des dernières TransMusicales et toujours dans son trip Far West. Ça sonne toujours comme du sous Kaiser Chiefs mais on apprécie malgré tout de ré-entendre
Bird Of Prey en live.
C’est toujours avec plaisir que l'on revoit les
Vaccines sur scène et cette fois-ci ne déroge pas à la règle. Si la voix de Justin Young est un peu trop nasillarde sur
Blow It Up, les choses rentrent rapidement dans l’ordre avec
Teenage Icon puis
Ghost Town. Sans temps morts, les dix-huit titres s’enchaînent pendant une heure tantôt mélancolique (
Wetsuit), romantique (la nouvelle
Melody Calling) ou dansante (
Nørgaard), confirmant que c’est bien sur scène qu’on les préfère.
Les
Local Natives avaient fait sensation en 2010 sur la même scène pour ce qui restera comme l’un des moments forts de cette édition. Trois ans plus tard, le public normand ne les a pas oubliés et se presse devant la scène pour réentendre les titres de
Gorilla Manor avec lequel il avait succombé mais vient aussi découvrir son successeur
Hummingbird. La recette qui avait fait leur succès est toujours présente avec les harmonies vocales des deux leaders, Kelcey Ayer et Taylor Rice. Leur reprise de
Warning Signs des Talking Heads reste l’un des moments forts et intenses du concert avec ses paroles scandées « Hear my voice, move my hair. Move it around a lot. I don't care what I remember ».
Présents pour une date unique en France cet été,
New Order investissent la scène principale au son de
The Ecstasy Of Gold d’Ennio Morricone. Peter Hook parti vers d’autres cieux, on retrouve Bernard Sumner, Stephen Morris et Gillian Gilbert toujours motivés à faire revivre les titres qui ont fait leur renommée. Alors que
Here To Stay, produit par les Chemical Brothers pour les besoins de la BO de 24 Hour Party People, fait presque office de nouveauté avec sa dizaine d’années au compteur, c’est avec les classiques
Ceremony, Blue Monday ou
True Faith que l’on prend le plus de plaisir à voir New Order sur scène (sans oublier la reprise de
Love Will Tear Us Apart en clôture). On se rend bien compte que les années fastes sont derrière eux mais il est impossible de bouder son plaisir devant un groupe heureux de jouer ensemble et qui fait honneur à son répertoire.
Alors que cela fait maintenant un peu plus d’un an que
An Awesome Wave tourne sur nos platines,
Alt-J reviennent pour une deuxième année de tournée des festivals. En un an, pas de grandes révolutions. Leur claviériste Gus Unger-Hamilton se charge toujours de communiquer dans un français parfait avec le public,
Matilda reste une des chansons préférées du public et les interprétations sont toujours soignées. La setlist s’est tout de même allongée et l’on retrouve donc maintenant
Slow Dre, un mashup tout en finesse des titres
Slow de Kylie Minogue et
Still D.R.E. de Dr Dre.
Que l’on ait vu Heavy Trash ou Boss Hog, on garde toujours un très bon souvenir de Jon Spencer sur scène et ce n’est pas avec ce concert de
Jon Spencer Blues Explosion que l’on changera d’avis car l’énergie sauvage du trio est toujours présente même plus de vingt ans après leur formation. En l’espace d’une heure, ils vont se dépenser sans compter, Jon Spencer en tête n’hésitant pas à nous rappeler « Ladies and gentlemen, it’s the Blues Explosion ». Qu’il ne s’inquiète pas, on sait à qui on a à faire et il n'y eut pas de déception.
De cette première journée de festival, on retiendra l'enchaînement The Vaccines, Local Natives, New Order, Alt-J qui, à défaut de surprendre, aura été sacrément efficace, sans oublier le grand moment de rock’n’roll que fût le concert du Jon Spencer Blues Explosion.