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For Noise Festival

Pully, du 22 au 24 août 2013

Live-report rédigé par Amandine le 25 août 2013

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Il est certains rendez-vous annuels qui nous réjouissent plus que d’autres et le For Noise, signant la fin de l’été pour l’un et le début des vacances pour l’autre, fait partie du versant positif de la chose.

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Après avoir savouré un après-midi sous un soleil resplendissant dans un parc arboré, il est temps de rejoindre Pully pour le début des réjouissances.
Coincé dans une cuvette, à l’orée d’un bois, à quelques kilomètres de Lausanne, ce festival a la chance de jouir d’un cadre magnifique. Côté « infrastructure », une grande scène probablement plus petite que les scènes annexes de son grand frère du Paléo et deux scènes minuscules situées dans un ancien refuge : l’Abraxas, originellement le club rock mythique de la région, et le DeMovie Salon.
Comme chaque année, nous constatons les quelques changements, retrouvons bien volontiers le stand du disquaire ou encore le bar à vins et il est déjà l’heure du premier concert de la dix-septième édition de l’un de nos festivals fétiches.

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Entre Bercy et le For Noise, il n’y a qu’un pas et Hanni el Khatib, en quelques semaines, l’a franchi. L’Américain, pouvant désormais se targuer d’avoir assuré les premières parties de Johnny Hallyday (est-ce réellement une bonne publicité pour les aficionados de la musique ? Vous en êtes seuls juges...) ouvre cette année le premier jour. Désormais accompagné de trois musiciens, il entre en scène devant un parterre épars et débute son premier titre alors que la musique d’ambiance dévide encore son habituelle compilation à base de Graham Coxon et Breton.
Drapé de son éternelle veste kaki ouverte sur un tee-shirt blanc, Hanni est impassible et déroule un set consensuel où l’âme garage que l’on trouvait sur Will the Guns Come Out est quasi inexistante. Si les compositions rock poppy font remuer les quadras des premiers rangs, le reste de l’assemblée est quelque peu perplexe et on peine à croire le brun ténébreux lorsqu’il annonce qu’il « feel like shit ». Le frontman a le visage fermé, ne sourit pas et il faudra attendre un bon moment avant que l’ambiance ne prenne et que le groupe se déride pour enfin lâcher quelques petits brûlots et que la mèche gominée de HEK ne vienne lui barrer le visage tandis que sa voix se perd enfin dans les aigus.

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Jamais convaincus, nous préférons nous tourner vers l’Abraxas et prendre en vol le set du duo A Crashed Blackbird Called Rosehip. Leur musique intimiste parvient à peine à couvrir la fin du concert sur la Grande Scène. Teintée de trip-hop et baignée dans l’oversampling, l’originalité et l’expérimentation sont mises en lumière par un son étonnamment bon pour cette salle plutôt réputée pour son brouhaha ambiant.

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Sans perdre de temps, nous retournons vers le cœur de l’action pour accueillir le super-groupe Tomahawk, mené par un Mike Patton en grande forme. Si le retour de Faith No More avait fait figure de pétard mouillé pour de nombreux fans, c’est toujours un plaisir de retrouver la formation, emmenée par les percussions de John Stanier, indéniablement le plus grand batteur de ces dernières décennies. D’abord connu pour ses faits au sein d’Helmet, il brille désormais depuis quelques années avec Battles et au sein de Tomahawk, il insuffle une énergie qui permet aux pérégrinations de Patton de prendre forme. Loin de l’image de leader de groupe de métal des débuts, le chanteur est depuis longtemps connu et reconnu pour son éclectisme et il le prouvera une fois encore ce soir. Tonique, percutant et incisif, Tomahawk étonne et ravit.

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Cependant, l’attente de cette soirée sera aussi créée par les sombres Américains de The Soft Moon. Le projet de Luis Vasquez prend désormais corps sur scène grâce à un batteur et un bassiste. Le confinement du lieu avec son plafond bas et sa moiteur conviennent parfaitement à la décadence de leur musique. Une rage à peine contenue, un côté malsain et dépressif, on se languit dans leur décadence. Une batterie martiale accompagne des lignes de basse lourdes et plombantes ; l’ambiance se fait poisseuse. Le monochrome de la scène est à l’image de leur musique, sans demi-mesure. On pourrait les comparer aux plus grands, Peter Murphy et son Bauhaus en tête de liste, mais un tel name dropping ne retranscrirait jamais les méandres du son de The Soft Moon, oscillant entre psyché, krautrock, post-punk et cold-wave. Vasquez hurle et pousse son chant d’outre-tombe. On en ressortira au bout de plus d’une heure le regard hagard, encore sonnés par la prestation époustouflante. Un grand moment de la soirée.

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Il sera donc difficile de passer sans transition à la grande scène où !!! ont commencé à faire leur show. Le chanteur, en caleçon et paraissant parfaitement à l’aise de la sorte, entre pour la première fois en fosse, danse avec les spectateurs et c’est l’occasion pour nous de constater à quel point le site s’est vidé (la faute, probablement, à une affiche assez pointue pour un premier soir). Musicalement, ils sont plus groovy et dansant que jamais et Nic Offer lance ses faussetés à-tout-va. C’est drôle, à n’en point douter, amusant, mais un peu fade après The Soft Moon.

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Il est déjà l’heure de passer au dernier concert de cette première soirée et c’est vers la troisième scène, en intérieur, que nous nous rendons pour retrouver Camilla Sparksss. La moitié de Peter Kernel est ce soir seule à l’œuvre, deux danseuses étant tout de même présentes pour la seconder dans son show. Elle propose une prestation très arty : rythmes syncopés sur des paroles hurlées ou rappées. La candeur apparente de la blonde contraste avec son attitude gorgée de sex appeal. Un brin provocante, elle vient entourer son fil de micro autour des personnes du premier rang tout en simulant des cris orgasmiques. Sa musique vient toucher quelque part au fond de l’estomac et sa fièvre est contagieuse.

Les mélodies primales sont entêtantes et nous sortons totalement conquis, heureux d’avoir pu assister à des moments comme ceux proposés par The Soft Moon et Camilla Sparksss dans un lieu si éclectique et privilégié.
artistes
    !!!
    The Soft Moon
    Tomahawk
    Hanni el Khatib
    Camilla Sparksss
    Veto
    A Crashed Blackbird Called Rosehip
    Christine & the Queens
    JJ & Palin
    Rangleklods
    DJ Tanguy
photos du festival