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Rock en Seine

Paris, du 23 au 25 août 2013

Live-report rédigé par Fab le 28 août 2013

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Tous les ans, irrémédiablement, le festival Rock en Seine marque la fin de l’été pour bon nombre d’amoureux de musique à Paris. Alors que les Eurockéennes de Belfort, la Route du Rock, le Main Sqaure Festival ou autres Solidays ont rythmé la période estivale, l’événement parisien installé depuis plus de dix ans dans le Parc de Saint-Cloud est une fois encore parvenu à tirer son épingle du jeu de par une programmation qui, bien que manquant de véritables têtes d’affiches, sait toujours mêler découvertes, formations confirmées et groupes d’avenir.

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En ce vendredi 23 août, seule journée du festival à ne pas afficher complet à l’heure de l’ouverture des portes, c’est sous un soleil de plomb que les festivaliers font leur apparition au milieu de la verdure. Les nombreux bars disséminés sont ainsi pris d’assaut alors que Chance The Rapper et Big Black Delta sont appelés à offrir les deux premiers concerts du week-end sur le coup de 15h30.
Dès 16h15, c’est un public d’ores et déjà nombreux que l’on retrouve sur la Scène de la Cascade pour accueillir les quatre londoniennes de Savages. Habituées à évoluer dans une certaine obscurité lors de leurs prestations en salle, ces dernières font aujourd’hui face à un soleil éblouissant ne semblant toutefois pas calmer leurs ardeurs. Si l’ambiance visuelle s’en ressent nécessairement, Jehnny Beth ne ménage pas ses efforts à l’avant de la scène tandis que Gemma Thompson, Aye Hassan et Fay Milton, plus en retrait comme à leur habitude, l’accompagnent avec une application certaine.
Leur post-punk remplit une fois encore son contrat, et après trois concerts à guichets fermés de successifs à Paris, la réaction de la foule à l’écoute de I Am Here en ouverture du set, She Will, Shut Up, Give Me A Gun ou Husbands confirme rapidement que l’aura et la popularité du quatuor n’ont jamais été aussi marquées qu’à l’heure actuelle. Si beaucoup regretteront à l’issue du set que le groupe ne se soit pas vu offrir la possibilité de se produire à une heure plus avancée de la journée, Savages auront malgré tout su faire honneur à leur réputation.

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Alors que la foule se partage par la suite entre la pop de Belle And Sebastian sur la Grande Scène et les envolées shoegaze teintées d’électronique de Team Ghost sur la Scène de l’Industrie, l’une des révélations de cette année 2013 est attendue avec une certaine impatience sur la scène Pression Live : Daughter. Accompagnés par un quatrième musicien aux claviers ou à la guitare, Igor Haefeli, Remi Aguilella et Elena Tonra s’apprêtent à charmer avec une facilité déconcertante le public leur faisant face, cette dernière faisant toutefois preuve d’une timidité maladive dans ses interventions chuchotées, bien qu’emplies d’une sincérité désarmante.
La voix cristalline de l’anglaise résonne dans la petite clairière formée par les arbres et remparts la bordant, la délicatesse des arrangements, la guitare distante et les percussions distillées avec parcimonie poussant ainsi la foule à une écoute religieuse, chacun des titres se voyant salué par des applaudissements nourris et un enthousiasme non feint. Ce soir, Smother et plus encore Youth tutoient le sublime alors que Human, plus électrique, provoque un éveil de ceux ayant choisi de s’assoupir durant quelques minutes dans l’herbe. Assurément, le moment de grâce de cette journée, si ce n’est du week-end, sera à porter à l’actif de Daughter.

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Alors que Johnny Marr présente son premier véritable solo ainsi qu'une large sélection de reprises des Smiths (Bigmouth Strikes Again, How Soon Is Now? ou There Is A Light That Never Goes Out sur la Scène de l'Industrie, retour vers la Grande Scène afin de mesurer que Tame Impala semble être parvenus à rassembler un très large public, le succès de leur dernier album en date, Lonerism, et du tube Elephant se confirmant un peu plus mois après mois. Rassemblés au centre de la scène, les cinq australiens démontrent une petite heure durant qu’ils sont assurément des musiciens hors-pair dans le domaine de la pop psychédélique, le chant se voulant le plus souvent effacé pour mieux laisser toute la place nécessaire au déploiement des instruments. Utilisant les écrans géants bordant la scène pour diffuser non pas des images filmées du concert mais des visuels colorés en adéquation avec son univers, le quintet se paye aujourd’hui le luxe, pour la première fois à en croire Kevin Parker, d’interpréter une reprise de The Flaming Lips dont l’enregistrement sera soumis aux américains dans quelques semaines à l’occasion d’une tournée commune outre-Atlantique. S'il aurait été appréciable de voir le groupe déployer plus d'énergie, la prestation du jour aura malgré tout été appréciée à sa juste valeur.

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La suite du périple de la journée nous mène à la Scène de la Cascade où Alt-J sont attendus sur le coup de 19h45. Après moult concerts à guichets fermés en France tout au long de l’année écoulée et une présence très marquée dans les festivals de l’hexagone cet été, les quatre anglais s’apprêtent à boucler leur campagne estivale devant plusieurs milliers de fans, les premiers rangs se voyant étrangement pris d’assaut par la gente féminine alors que le public affiche, avant même leur montée sur scène, une surprenante ferveur. Point de surprise ce soir : la quasi-totalité de leur album An Awesome Wave est interprétée durant près de cinquante minutes avec une belle fidélité, le tout porté par une acoustique de qualité et une implication de tous les instants. Fitzpleasure, Matilda, Taro, Something Good ou encore Breezeblocks se voient ainsi ponctuellement repris en chœur par une fosse dont l’entrain semble parfois quelque peu inapproprié voire irritant en comparaison avec le caractère intimiste de nombreux titres. A la vue du concert du soir, le succès rencontré par Alt-J depuis un an est des plus justifiés bien que l’introduction de nouvelles compositions et l’évolution du set des anglais, parfois peu à même de tenir la foule, semblent désormais plus nécessaire que jamais au risque de voir une certaine lassitude d’installer à court terme.

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La majeure partie des festivaliers présents en cette première journée semble alors migrer vers une seule et unique destination : la Grande Scène, fin prête à accueillir quelques minutes plus tard le grand retour de Franz Ferdinand dont le nouvel album, Right Thoughts, Right Words, Right Action, sera officiellement disponible à compter de lundi prochain chez Domino Records. Après plusieurs années d’absence, les quatre Ecossais démontrent rapidement que leurs batteries sont désormais rechargées et que la machine à tubes qu’ils furent à une époque est à nouveau d’actualité.
Mêlant nouvelles compositions et classiques tirés de l’ensemble de leur discographie, accompagnés par d’imposants jeux de lumière et menés par un Alex Kapranos au sommet de sa forme, Franz Ferdinand font honneur durant près d’une heure à leur statut de tête d’affiche de la soirée et font de leur opération de séduction des milliers de fans une simple formalité. Evil Eye, Love Illumination ou Bullet sont en effet adoptés à la première écoute tandis que Do You Want To, Take Me Out ou encore This Fire font bondir l’ensemble de la foule tel un seul homme, alors que leur traditionnel final prend une forme jubilatoire : pour Outsiders, les quatre musiciens se retrouvent réunis autour de la batterie de Paul Thomson, martyrisée à huit mains pour le plus grand plaisir d’un public saluant avec une joie non dissimulée ce final euphorique.

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Sur la scène Pression Live, une nouvelle voix féminine, plus rocailleuse que celle entendue quelques heures plus tôt lors du concert de Daughter, entre en scène : Alex Hepburn. Accompagnée par plusieurs musiciens et choristes, celle que le titre Under, avec désormais plus de onze millions de vue sur Youtube au compteur, a rendu célèbre, a indéniablement attiré un public nombreux mais va rencontrer bien des difficultés à le faire tomber sous son charme. Exception faite du seul et unique tube à son compteur, attendu avec beaucoup d’impatience et copieusement applaudi, les quarante-cinq minutes de sa prestation manquent trop de relief et de variété pour faire réagir une foule s’étiolant à vue d’œil titre après titre. La pop teintée de soul, trop formatée, de l’écossaise berce certes quelques têtes, mais c’est bel et bien un inévitable ennui qui semble progressivement nous emporter au fil des minutes. De là à penser que la jeune chanteuse viendra dans quelques mois enrichir la longue liste des « one-hit wonder », il n’y a qu’un pas que beaucoup ne se priveront pas de franchir...

C’est sur cette même scène Pression Live que le périple de cette première journée va s’achever à 23h20 avec !!!. Une fois encore, la formation américaine menée par l’intenable Nic Offer, en caleçon comme à son habitude sur les scènes de festivals et toujours prompt à multiplier les pas de danse improbables et interactions avec les premiers rangs de la fosse, va livrer un set détonnant, poussant à la danse les quelques centaines de personnes disposant encore de suffisamment d’énergie pour se déhancher au son de leur électro-rock mâtiné de funk et de touches de saxophones. Principalement orientée vers leur dernier album studio en date, Thr!!!er, à commencer par les titres Even When The Water's Cold, Slyd ou Californiyeah, la setlist atteindra ce soir son summum avec leur très populaire Me And Giuliani Down By The School Yard (A True Story), efficace et entêtant comme au premier jour. Une courte heure menée tambour-battant par un groupe jamais aussi efficace en plein air qu’à une heure avancée de la soirée.

Du comeback tonitruant de Franz Ferdinand aux confirmations de Daughter, Alt-J ou Savages, cette première journée du festival aura assurément tenu toutes ses promesses.
artistes
    Paul Kalkbrenner
    Franz Ferdinand
    Tame Impala
    Belle and Sebastian
    Chance The Rapper
    Kendrick Lamar
    Alt-J
    Tomahawk
    Savages
    Hanni El Khatib
    The Pastels
    Johnny Marr
    Team Ghost
    Big Black Delta
    !!!
    Alex Hepburn
    Balthazar
    Daughter
    Skaters
photos du festival