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Rock en Seine

Paris, du 20 au 29 août 2008

Live-report rédigé par Fab le 1er septembre 2008

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vendredi 29
Avec de nombreuses déceptions, surprises, retards et révélations, l'édition 2008 du festival Rock en Seine aura une nouvelle fois été haute en couleurs. De quoi regretter longtemps encore la réalisation des prédictions les plus pessimistes concernant la non-venue d'Amy Winehouse, l'anglaise ayant déclaré forfait moins de deux heures avant sa prestation, sans explication valable et acceptable, pour la seconde année de suite. Une énorme déception pour de nombreux festivaliers, qui plus est compensée de manière quelque peu chaotique par une organisation débordée...

C'est ainsi, après la grisaille persistante de la veille, que s'ouvre la seconde journée du festival sous un soleil radieux et avec la montée sur scène dès 15h du canadien DB Clifford. Parfait inconnu pour bon nombre de festivaliers, celui que le programme de l'événement parisien présente comme un croisement entre les Beatles, Stevie Wonder, Elton John et Jamiroquai éprouve toutes les peines du monde à confirmer ces comparaisons flatteuse. Installé au piano et accompagné par un percussionniste et un bassiste, ce natif de la France propose une demi-heure durant des compositions pop aux accents soul ou funk le plus souvent redondantes et sans saveur. Un moment de détente à apprécier allongé dans l'herbe, en attente de migrer vers d'autres cieux plus cléments.
A peine plus attendus, Louis XIV prennent la relève sur une grande scène au public très éparse. Si l'entrée en matière du groupe n'est que peu convaincante, Jason Hill et ses trois camarades parviennent à force de riffs plus ou moins gras à s'attirer la sympathie des membres de l'audience. Moins poseurs qu'à leurs débuts, notamment en comparaison avec une première venue au Nouveau Casino peu mémorable, les quatre musiciens de San Diego remplissent au final leur contrat avec une poignée de titres entrainants, à l'image du classique Finding Out True Love Is Blind et de son pont au piano. De piano, et de divers sons électroniques, il est également question dans la foulée sur la Scène de la Cascade pour la venue attendue de Jamie Liddell. Las, le croisement entre une pop classique et parfois rétro et de nombreuses sonorités electronica ne lui permettent à aucun moment de réellement conquérir un public d'abord curieux puis rapidement agacé et désintéressé.

Retour sur la Grande Scène du site pour l'arrivée des américains de Scars On Broadway, nouveau projet de Daron Malakian et John Dolmayan, respectivement guitariste et batteur de System Of A Down, vingt-quatre heures à peine après que leur ancien comparse Serj Tankian ait proposé au même endroit un concert d'une qualité discutable. A la dureté d'une première séries de titres peu réjouissants succèdent ainsi des compositions plus subtiles où les mélodies se voient mises en valeur avec une certaine réussite, et quand bien même la force de frappe des cinq musiciens semble parfois trop mise en avant au détriment de claviers sous-utilisés, l'ambiance monte malgré tout partiellement grâce à la volonté des afficionados de la formation. Un set réussi ponctué judicieusement par l'efficace single They Say.
Un rapide retour sur la Scène de la Cascade nous offre la possibilité d'assister quelques minutes durant à la démonstration bruitiste et inutile de The Jon Spencer Blues Explosion avant de retourner prendre place sur la scène principale dans l'attente de l'arrivée de The Roots. Pour leur seconde participation au festival parisien, ceux-ci proposent un set très convenu ne manquant toutefois pas de caractère. Si le savoir-faire scénique du groupe n'est pas remis en cause, la réussite ne semble pas totalement être au rendez-vous avec un public à l'entrain très mesuré. Une semi-déception de la part d'une formation que ses fans auront la possibilité de retrouver au Zénith dans quelques semaines aux côtés de Kanye West. Au même moment, à l'autre bout du site, les jeunes parisiens de Brooklyn profitent de cette fin de journée pour présenter en toute modestie les chansons destinées à figurer sur leur premier album attendu cet automne. Très classique et sans surprise, leur rock basique aux mélodies toutefois entrainantes est l'une des belles satisfactions de la journée devant un public satisfait au terme de près de quarante minutes de concert.

Vient ensuite le tour de la jeune Kate Nash pour un concert que l'anglaise présente comme l'un des tous derniers avant l'enregistrement de son second album. Souriante et charmante, celle-ci s'attire rapidement la sympathie du public avec ses petites ritournelles pop très accessibles, quand bien même la présence de nombreux musiciens reconstituant plus ou moins volontairement l'univers d'Arcade Fuire semble inutile à l'écoute du rendu sonore. Installée au piano dans un premier temps avant de saisir sa guitare pour les titres suivants, Kate Nash revisite de manière très fidèle les compositions de son album Made of Bricks, Pumpkin Soup et Foundations obtenant à cette occasion un joli succès d'estime.
Place maintenant à l'une des attractions du jour et du festival, The Raconteurs, alors que Black Kids opèrent au même moment sur la Scène de l'Industrie. Quelques mois après la publication de Consolers Of The Lonely, les américains menés par Jack White et Brendan Benson font forte impression en l'espace de quelques titres seulement alors que le public est désormais amassé face à la Grande Scène dans l'optique de la venue d'Amy Winehouse. Très au point techniquement, doté d'un répertoire varié et de qualité, le groupe justifie sans la moindre difficulté son statut, obtenant à cette occasion un bel hommage du public à l'issue de Steady As She Goes et revisitant le blues ou un rock plus classique durant plus d'une heure avant de quitter la scène. Une démonstration, si cela était encore nécessaire, du talent d'un Jack White très en vue.

De manière surprenante aux yeux de nombreuses personnes, le groupe revient pour un long rappel alors que la prestation de Justice sur la Scène de la Cascade se voit étrangement retardée sans qu'une véritable explication ne soit présentée. A 21h30, la terrible nouvelle est officialisée par les organisateurs du festival : « retenue » à Londres, Amy Winehouse n'assurera pas son concert du soir. Les sifflets pleuvent et les réactions oscillent entre incompréhension et résignation. Il est désormais 21h45, Justice entame sa grande messe populaire face à une foule compacte et chauffée à blanc alors que le concert de The Streets est déplacé à 23h sur la Scène principale du festival... de logique il n'y a plus, alors que le plus raisonnable aurait à n'en pas douter été d'offrir au duo français l'honneur de clôturer une journée mouvementée et qu'une importante partie du public considèrera sans doute longtemps encore comme ratée. Si les premiers assurent ainsi leur set avec un certain professionnalisme et sans la moindre prise de risque, Mike Skinner et ses musiciens saisissent cette occasion d'assurer le spectacle, jouant avec le public et égratignant la diva anglaise sans retenue durant un peu moins d'une heure.

Sauvée du nauffrage tout d'abord par The Raconteurs puis par Justice et The Streets dans un second temps, cette soirée de clôture restera un semi-raté à l'heure du bilan. On préfèrera ainsi conserver en mémoire les concerts les plus convaincants de ces deux journées passée sur le Domaine de Saint-Cloud pour tenter d'oublier un final au goût amer...
artistes
    Grande Scène

    The Streets

    The Raconteurs

    The Roots

    Scars On Broadway

    Louis XIV



    Scène de la Cascade

    Justice

    Kate Nash

    The Jon Spencer Blues Explosion

    Jamie Liddell

    DB Clifford



    Scène de l'Industrie

    Black Kids

    Brooklyn

    Fortune

    Molecule