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Jake Bugg

Paris, Olympia - 21 novembre 2013

Live-report par Mélissa Blanche

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De grands espoirs pèsent sur les épaules de Jake Bugg – le génie de Nottingham, le Bob Dylan anglais, l’enfant prodige du folk. On attendait de pied ferme son deuxième album et sa performance à l’Olympia. Preuve s’il en est de la hype qui entoure Jake Bugg : la présence du très médiatique rédacteur en chef de Rock & Folk, Philippe Manœuvre, dans les gradins.

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C’est le groupe américain honeyhoney qui assure la première partie, dans un style très roots, entre folk, country, blues et folklore traditionnel. Voilà une introduction idéale pour Jake Bugg, qui puise la plupart de ses inspirations dans la musique américaine. Le groupe est composé d’un homme et une femme. Lui est à la guitare et à la batterie. Elle est tantôt au banjo, tantôt au violon, tantôt à la guitare. C’est leur premier concert en France et les deux Américains ont l’air vraiment émus de l’accueil qui leur est réservé. Le public est attentif et enthousiaste. La chanteuse, vêtue d’une longue robe, arbore un look bohème hippy. Les deux se serrent la main après leur dernière chanson, et ils resteront signer leur album à la fin de la soirée.

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A 21 heures, Jake Bugg entre en scène. Il entame son concert comme il débute son nouvel album : sur le morceau There's A Beast And We All Feed It. Le rythme est rapide mais Jake Bugg n’a pas encore délaissé sa guitare acoustique. Il ne sortira les électriques qu’au sixième morceau, Messed Up Kids. Jake Bugg joue tout aussi bien des chansons de son premier et de son deuxième album, même s'il ne jouera malheureusement pas les pépites All Your Reasons et Simple Pleasures.
S’il est une chose qu’on ne peut pas reprocher à Jake Bugg, c’est de bâcler ou d’écorcher ses chansons en concert. L’interprétation est au contraire très intense. C’est son âme et son cœur qui parlent dans ses chansons avec une voix puissante. Les moments clés du concert – et il en va de même des albums – sont les ballades. Ce soir, il nous propose des moments magnifiques : Simple As This, Broken, Song About Love ou Country Song. Broken commence tout bas, de façon délicate et fragile, et la voix s’intensifie sur le refrain. On voit Jake Bugg s’époumoner comme un forcené. Il force d’ailleurs un peu trop sur sa voix par moments, l’interprétation n’est pas toujours très juste ; mais c’est cette intensité que l’on est venu chercher.

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Pour ce qui est des morceaux électriques, c’est Taste It qui remporte ici la palme. Les morceaux électriques du deuxième album font aussi la joie du public qui se trémousse. Le concert se finit sur le tube Lightning Bolt, précédé d’une excellente reprise du chef d’œuvre de Neil Young, Hey Hey, My My. « Rock'n'roll will never die » prend tout son sens dans la bouche d’un Jake Bugg.
L'anglais n’est pas un bavard, c’est un fait avéré. Ce n’est pas un grand joyeux non plus. Il est plus proche du misanthrope que de l’adorateur des bains de foule. Bref, on ne peut malheureusement pas s’attendre à ce qu’il établisse une grande complicité avec son public lors de ses concerts. C’est une des très grandes lacunes de ses performances. Cela dit, à voir les premiers rangs emplis d’adolescentes hystériques qui ne pensent qu’à lui déclarer leur amour, on comprendrait presque son exaspération. Cependant, quand on connait les habitudes de Jake Bugg, on peut se réjouir de l’avoir vu sourire plusieurs fois dans la soirée, et même rire par moments. Il faut croire qu’il était de particulièrement bonne humeur...

Quoi qu’il en soit, ce n’est pas comme cela qu’il établit un contact avec son public. C’est par la musique, et par la musique seule, qu’il communique avec nous. Il semblerait que ce soit le mode de communication qui lui convienne le mieux.