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Jake Bugg

Paris, Alhambra - 25 octobre 2017

Live-report par Albane Chauvac Liao

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Nous voici partis pour une belle soirée dans un lieu rempli de charme : l'Alhambra. Non, pas l'ensemble palatial Andalou, l'Alhambra de Paris et son ambiance art-déco.Ce soir l'orchestre et le balcon, pleins à craquer, se sont unis autour d'un sentiment singulier et unique : l'amour. Avec Jake Bugg en acoustique, s'il-vous-plaît.

La première partie a pour nom Georgie. Vous le connaissez tous, le Georgie de Ça à qui le clown répète « You'll float too, you'll float too ». Il s'avance sur la scène, se positionne avec sa guitare et surprise ! Georgie est une femme (je vous aurais bien offert une chronique imaginaire, mais mon seul but ici est de vous inciter à voir la dernière version, actuellement en salle). La chanteuse Georgie porte une voix un brin soul qui tour à tour se demande « Should we break up? », invoque les forces supérieures (« Lord knows ») et reprend le beau By Your Side de Sade. Par moments, la jeune pousse de Nottingham (tout comme Jake) plisse les yeux et fronce les sourcils pour mieux ressentir le son.

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Juste le temps d'aller s'en griller une au fumoir/bains douches du sous-sol et la full house de Jake Bugg nous scotche au fauteuil. Il démarre fort avec Hearts That Strain (titre de son dernier album) et son « demon in their veins » au sacré coup de main celte sur la guitare avant la politesse du « Bonsoir / it is the first night of the tour / I am a little nervous but ça va aller ». Puis se succèdent ancien et nouveau, dont Saffron et cette fille dont la « beauty is beyond belief ». A cet instant, toutes les âmes assises dans la salle désirent s'appeler Saffron.

La prochaine, How Soon The Dawn, nous transporte à Nashville, où elle fut enregistrée, avec Dan Auerbach des Black Keys à la guitare. Les têtes se meuvent, changement d'instrument, les mains se joignent. Blues acoustique sur Strange Creatures. L'audience est à 136 BPM. Un goût d'Arkansas s'installe rue Yves Toudic avec des riffs du wild wild west. Poésie du temps jadis sur Slide (« I've got autumn leaves and heartbreak dreams inside, inside / Cause you and me on this frozen sea we slide, slide »). Jake Bugg est à l'Alhambra comme un Brahms en son église. Rappelons qu'en 2013 il remplissait l'Olympia. Mais on l'aime en ce lieu, intime à son image. Il est jeune et indépendant aussi, la preuve, il boit du gin (« I have a drink now so I'll get more drunk through the set, please forgive me »).

Du tout neuf avec Simple As This, Jake et ses maîtres spirituels (« Trying to make some sense / Memorized the mantra Confucius said »). Le chant de la rupture avec sa ville natale « terrible » sur Trouble Town, le coeur sert la gorge, le chanteur époumone ses émotions et par là même réjouit les vieilles âmes de cinquante ans comme les petits soleils de cinq. Le bon vivant se fait apporter un nouveau gin sur Southern Rain. A cet instant, une jeune fille queue de chevaleresque pose sa tête sur l'épaule de sa copine, plongeant tête la première dans un songe jusqu'à la fin du set. Rappelons que Jake Bugg a chatouillé sa guitare en même temps qu'il entrait dans la puberté, à douze ans : la guitare comme le charme sont deux choses naturelles pour lui. Tempéré et doux, il marque des pauses pour que l'instrument s'appuie, s'imprime sur nos tympans. Il nous offre une chanson jamais sortie, Nevermind. Une fois n'est pas coutume, l'esprit de Jake est perdu (« I don't know right / I don't know wrong »). Avec toutes ces paroles et cette musique mélancolique, on serait vite affecté par des torrents au visage, mais son ton dynamique et un brin criard nous protègent du sentimental, on garde la tête haute. Se suivent trois chansons du second album, Shangri La. Sur Me & You il se graisse la voix vers les sixties. Quelques reprises ensuite avec Glenn Campbell et Danny O'Keefe, tout en assurance, la musique se transmet.

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Au son du beau boogie de There's A Beast And We All Feed It, soudain les cinquante ans et plus jouent à la chaise électrique. Ça bondit dans tous les sens. Un seul regret ce soir, Jake ne se bouge pas le postérieur comme il fait sautiller sa voix. Yiha ! La salle clappe à en faire frémir le nouveau verre de gin. A l'annonce de Broken, le mot détruit n'a jamais reçu autant d'applaudissements. Jake le loup-garou hurle sa force, la gueule face au plafond (« Don't give a damn if you still can't see / Still my heart beats, for you / Have become, all I love / And all I hoped for / But I, must carry on / Always one / Never broken »). Lucky Jake a enregistré une reprise de Good Time Charlie's Got The Blues avec le batteur et le pianiste des Memphis Boys, les musiciens de Suspicious Minds.

Au bout de vingt chansons, Jake donne malheureusement trop de force dans son chant pour que ça sonne vrai, mais le public est là pour le soutenir et tout l'oxygène de la salle se retrouve dans la voix et la guitare pour un ultime Lightning Bolt. L'Alhambra c'est une certaine vision du public en délire, assis.
setlist
    Hearts That Strain
    Saffron
    How Soon The Dawn
    Strange Creatures
    Slide
    Simple As This
    Trouble Town
    Southern Rain
    Nevermind
    Me And You
    Just This One Time (Glen Campbell cover)
    There's A Beast And We All Feed It
    Slumville Sunrise
    Broken
    Good Time Charlie's Got The Blues (Danny O'Keefe cover)
    In The Event Of My Demise
    The Love We're Hoping For
    Two Fingers
    Waiting
    Lightning Bolt
photos du concert
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