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Anathema

Paris, Bataclan - 18 septembre 2008

Live-report par Ludovic J.

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Concert évènement en ce jeudi 18 septembre au Bataclan : les 3 groupes fondateurs du mouvement Doom/Gothic britannique sont réunis pour nous prouver une fois de plus qu’ils ont un succès mérité dans toute l’Europe, et notamment en France.

Pas le temps de se poser tranquillement au bar et admirer les nombreux tee shirts du Fury Fest portés en nombre ce soir, qu’une première « mauvaise » surprise nous est imposée : Anathema, les papes de la mélancolie ouvrent cette célébration du métal made in England. C’est d’autant plus surprenant de les voir jouer si tôt dans la soirée, que l’audience de ce soir semble les attendre de pieds ferme après plusieurs années d’absence dans notre capitale.
D’emblée, la qualité du son nous permet de pénétrer dans l’univers sensible des Frères Cavanagh. Après quelques titres assez ambiants et pop (Deep, Empty, Closer...), la pression monte petit à petit, faisant la part belle aux grandes envolées de guitare. Le concert, sympathique au début prend une dimension un peu plus épique avec l’excellente participation de la chanteuse Lee Douglas, sur A Natural Disaster. C’est à ce moment précis que Danny Cavanagh se décide à communiquer de plus en plus avec nous pour réveiller la fosse encore assez calme. L’effet est immédiat et les bras levés, les applaudissements et cris gutturaux se font de plus en intense. Presque tous les albums passent à la moulinette avec une grande préférence pour le puissant. Alternative 4.
C’est sur deux titres de cet album que le concert s’achève avec notamment une apothéose finale sur le magique Fragile Dreams. La grandeur de leurs mélancolies prend alors tout son sens et presque toute la salle semble succomber aux charmes de ce groupe. Celui-ci nous le rend bien en nous gratifiant de nombreux remerciements en français et en nous promettant un retour prochain en tête d’affiche dans une salle parisienne. Les frères Cavanagh sont tellement à l’aise sur cette scène, que Danny en profite pour se jeter dans la foule. Ils auraient bien voulu prolonger la communion avec le public, mais malheureusement pour eux (et pour nous), ce ne sont pas eux la tête d’affiche et ils doivent mettre fin à cette magie populaire et laisser la place aux deux groupes suivants.

Après un très court changement de plateau, l’ambiance change pour faire place aux sombres My Dying Bride et leur doom/death qui n’a que faire des mélodies pop. Le son très lourd et massif nous fait l’effet d’un tracteur. Le public est coupé en deux entre les fans ultimes et les amateurs de musique un peu plus mélodique. Les clichés gothiques/death sont ici bien présents et le charismatique chanteur Aaron Stainthorpe ne déroge pas à la règle. Celui-ci ne s’éloigne pas de plus de 2 mètres de son micro et n’a pas besoin d’en faire des tonnes pour déclencher les cris de la salle. Il se contente de poser sa voix lourde et monocorde et de se déhancher en mouvements épileptiques tel un Thom Yorke version dark. L’ambiance est ici très sombre et le son très massif. Seule la clavieriste / violoniste nous apporte une touche de douceur et de mélodie. Le reste du groupe, et notamment l’imposante batterie, nous distille un son trop lourd, pour ne pas dire brouillon pour que nous puissions réellement rentrer dans le concert. Chaque chanson se ressemble et la sauce ne prend jamais réellement, à part sur les deux derniers titres , avec un Vast Choirs percutant et dévastateur avec son refrain death d’une grande violence.
Le groupe communique rarement avec nous et conserve sa ligne directrice faite de froideur afin d’instaurer une ambiance malsaine. Les fans semblent apprécier mais la grande majorité du public n’a pas retrouvé les mélodies de leurs disques et n’était pas forcément venue ce soir pour assister à une telle déflagration sonore.

A peine le temps de se remettre de cette expérience sonore, que Paradise Lost investit la scène. Le public semble prêt à revivre en live les grands moments procurés par les nombreux albums de ce groupe mythique, ayant réussi à toucher plusieurs générations de rockers.
L’introduction sur Dead Can Dance contribue à faire monter la pression et nous confirme l’attente suscitée par le groupe auprès de ses nombreux et fidèles fans. Dès Hallowed Land, cette impression est confirmée, le public chantant sur tous les refrains. Le son est très propre, voire trop, les deux guitaristes bien tranchants, la rythmique assez percutante. Les débuts sont encourageants, d’autant plus que les titres joués ce soir sont enchaînés pour satisfaire le plus grand nombre. Quel plaisir que d’entendre à nouveau No Celebrations et Erased, Never for the Damned. Personnellement, je regrette l’absence de morceaux du très mélodique Paradise Lost.
Globalement, le son est assez massif et prends une dimension particulière en live. Les membres du groupe sont très pros et tentent d’assurer le show en haranguant régulièrement la foule. Tout ceci est de très bonne facture, mais plus le show avance et plus il nous manque quelque chose. Nous aimerions que les samples soient un peu plus présents et un peu moins masqués par les sons lourds de guitare. De plus, le chanteur Nick Holmes ne semble pas dans un très grand jour. Il essaie de communiquer régulièrement, de nous balancer des « come on », mais il manque réellement de conviction. Il semble sur la retenue tout au long du show, que ce soit au niveau du chant autant que de la prestation scénique.
Cette impression est confirmée sur The Enemy véritable brûlot qui ne dépareillerait pas dans une setlist de Metallica. Le chant n’est pas assez puissant et le public, pourtant dans les starting blocks, ne rentre jamais véritablement dans le concert. La déception est grandissante titres après titres. Heureusement, les rappels, Say Just Words, One Second et Last Time, nous réveillent enfin et nous donne la fougue nécessaire pour enfin se lâcher.
Au final, nous sommes ravis d’avoir passé un bon moment avec Nick Holmes et sa bande, mais nous savons que le groupe est capable de beaucoup mieux, et espérons les revoir bientôt afin de nous délivrer le show que nous sommes en mesure d’attendre d’un tel groupe.

Cependant, nos jugements assez sévères envers Paradise Lost et My Dying Bride ont été faussés par la prestation de très haut niveau d’Anathema. Peut être que les frères Cavanagh avaient placé la barre trop haute et méritaient certainement beaucoup mieux qu’une « première première » partie.
setlist
    ANATHEMA
    Parisienne Moonlight
    Deep
    Empty
    Closer
    A Natural Disaster
    Angelica
    One Last Goodbye
    Flying
    A Dying Wish
    Sleepless
    Shroud of False
    Fragile Dreams

    MY DYING BRIDE
    Here In The Throat
    The Songless Bird
    From Darkest Skies
    And I Walk With Them
    The Cry Of Mankind
    The Snow In My Hand
    Vast Choirs
    The Dreadful Hours

    PARADISE LOST
    Hallowed Land
    Rememberance
    Never For The Damned
    Erased
    Elusive Cure
    Shadowkings
    No Celebration
    Ash & Debris
    As I Die
    The Enemy
    Gothic
    Enchantment
    Requiem
    Say Just Words
    One Second
    Last Time
photos du concert
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