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Fanfarlo

Paris, Boule Noire - 7 novembre 2009

Live-report par Kris

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Plus tôt dans la journée, lors de l’interview de Fanfarlo (à venir sur Sound Of Violence), j’énonçais au groupe que cette date du Festival des Inrockuptibles à la Boule Noire était complète depuis des semaines – ce qu’ils savaient – et qu’ils en étaient la raison probable – ce dont ils doutaient fortement. Il est vrai que face à l’autre concert dans la salle voisine de la Cigale, cette soirée n’avait rien à envier avec une programmation, très éclectique, mais passionnante avec Josh Weller, Amanda Blank et évidemment Fanfarlo.

Arrivés à la fin du set du Josh Weller, les choses s’agitent rapidement sur scène pour faire place au soundsystem requis par la chanteuse/rappeuse Amanda Blank. On aurait du mal à targuer la jeune Américaine de l’appellation prestigieuse de MC, tant celle-ci porte une connotation bien définie et spécifique. Amanda Blank est une showman, et ne ménage pas ses efforts pour séduire cette salle retenue mais de bonne volonté. Si son flow est persuasif, il n’est cependant pas assez directeur ; il n’agit ainsi que comme extension des productions faites pour elle par Spank Rock, Diplo ou encore XXXchange. Passées les premières chansons, la chanteuse peine parfois à rassembler autour de son énergie débordante un public quelque peu lascif. A peine une demi-heure de set, pour finalement laisser place à l’épiphénomène anglais, qui sont bien, au vu du remplissage progressif de la salle, les têtes d’affiches de cette soirée.

Il nous aura fallu un petit temps d’adaptation avant de pouvoir nous défaire des réminiscences persistantes d’une des influences avouées de Fanfarlo, les Canadiens d’Arcade Fire. Au-delà de la présence en petite troupe des Anglais, la musique de ceux-ci flirte par endroits vers des similitudes flagrantes. Mais ce ne serait que faire preuve de mauvaise foi de ne retenir que cet aspect du concert de Fanfarlo. Car il aura bien été question d’un concert exceptionnel, d’un groupe au potentiel avéré et absolument saisissant. On en oublierait qu’ils sont Anglais si ce n’était les quelques mots bafouillés entre les chansons ; les instrumentalisations, ainsi que les conduites mélodiques comme sur I’m A Pilot ou Fire Escape, font état d’une longue appropriation d’un conséquent héritage nord-américain.

La première moitié du set fût l’une des plus belles prestations live de cette année, avec un groupe bien en place, et surtout un enchaînement de titres irrésistible, dont Drowning Men ou Luna. Très professionnels, néanmoins réceptifs à un public plus qu’enjoué, les Fanfarlo répondirent à toutes les attentes suscitées par Reservoir. Plus amples et lyriques que sur disque, les chansons de ce premier album se transposent à merveille sur scène où chaque instrument prend vie et s’orne mutuellement jusqu’aboutir à une entité complexe mêlée de candeur et d’urgence. Les chœurs, les cuivres, les cordes, comme sur The Walls Are Coming Down, se complètent et s’enrichissent, s’imbriquent et s’assortissent.

Le rappel sur Ghosts suffira à asseoir la réputation non-usurpée d’un groupe qui compte déjà. Fanfarlo est résolument à part. Une fois libérés de leur complexe face à l’aura de leurs aînés, ils seront prêts à composer leur chef-d’œuvre. Ce n’est qu’une question de temps. Soyez-en persuadés.