Everybody Was In The French Resistance... Now!

A défaut de parvenir à insuffler un nouveau souffle à leurs formations respectives, Art Brut et The Blood Arm, Eddie Argos et Dylan Valdes filent le parfait amour, prolongeant leur « collaboration » fructueuse sous le nom de Everybody Was In French Resistance... Now!. Avec sous le bras un album pour le moins original sur lequel le duo revisite non sans ironie moult classiques des dernières décennies, c'est en première partie des Fiery Furnaces que le couple a effectué cette semaine ses premiers pas sur une scène française.

C'est ainsi face à un maigre public que le groupe effectue son entrée peu après 20h, la forte concurrence du soir sur le Boulevard Rochechouart, à commencer par les présences de The XX à la Cigale et Jamie T au Divan du Monde, ayant visiblement eu raison des moins intéressés. A peine l'obscurité a-t-elle envahi les lieux que « La Marseillaise » retentit dans la salle, accompagnant ainsi l'arrivée du duo sur scène alors qu'un guitariste d'appoint s'installe en toute discrétion au second plan. Comme à son habitude, Dylan Valdes prend place derrière son piano alors qu'Eddie Argos s'empare d'un micro qu'il ne lâchera plus de la soirée. Après une brève introduction mêlant une explication confuse sur les origines du projet à une dose non négligeable de second degré, le show peut enfin débuter. Deux constats se dégagent après quelques minutes. Primo, la plupart des chansons proposées ce soir sont, d'un strict point de vue musical, limitées pour ne pas dire parfois quelconques. Secundo, le charisme et le bagou de l'impeccable maître de cérémonie qu'est Eddie Argos peuvent à eux seuls sauver les apparences et transformer un concert bancal en un franc moment de plaisir.

Les morceaux proposés durant la première moitié du set sont ainsi de réelles déceptions, l'absence de nombreux instruments étant difficilement compensée par une boîte à rythmes et de trop nombreuses pistes enregistrées. Certes la plupart des textes, à l'image des multiples interludes parlés proposés par l'anglais sous forme de sketches, s'avèrent savoureux, mais le parti pris de minimiser l'importance de la musique, raison primaire de la présence du public ce soir, passe pour une réelle faute de goût. A mi-parcours, après avoir jusque là parodié Elastica, Kanye West ou Michael Jackson, la prestation du trio semble prendre un nouveau tournant. Avec des titres tels que Hey! It's Jimmy Mack, Think Twice (It's Not Alright) et surtout l'entêtant G.I.R.L.F.R.E.N. (You Know I've Got A) dédié à une Avril Lavigne nymphomane et virtuellement accoudée au bar, la musique reprend ses droits et le public ne s'y trompe pas. L'ambiance monte d'un cran, toujours renforcée par d'incessantes notes d'humour, et le final conclu par une reprise du I Wanna Be Your Boyfriend des Rubinoos est lui aussi une belle réussite.

Si Eddie Argos se décide un jour à tourner le dos à la chanson, nulle doute qu’une carrière d’humoriste s’offrira à lui.