Air & The Hot Rats Play The Virgin Suicides

Après un double galop d'essai le mois dernier lors du festival Art Rock de Saint-Brieuc, Air et The Hot Rats se retrouvaient cette semaine à Paris pour une unique présentation en live de l'album The Virgin Suicides à la Cité de la Musique.

Invités de luxe des deux français, The Hot Rats se voient ainsi propulsés sur scène dès 20h15 afin d'interpréter une sélection de reprises tirées de leur album Turn Ons en guise de première partie. Dès leur arrivée, quelques cris se font entendre ça et là, mais malgré toute l'énergie que Gaz Coombes et Danny Goffey déploient durant une courte demi-heure, à aucun moment le public ne semble réellement concerné ou accroché par la prestation du duo.
Qu'importe, à quelques jours de clore le chapitre Supergrass, les deux anglais se donnent sans compter, recueillant des applaudissements mérités à l'issue des compositions les plus populaires, notamment Big sky ou le méconnaissable (You Gotta) Fight For Your Right (To Party!) des Beastie Boys. Si la présence de pistes enregistrées trop présentes peut surprendre ou agacer, le jeu de scène des deux anglais, entourés par deux mannequins enguirlandés, est efficace et sans fioritures, direct et presque punk à l'image des nouveaux arrangements choisis pour les titres réinterprétés ce soir.

Passé cet échauffement réjouissant, la salle continue de se remplir jusqu'à l'extinction des lumières accompagnant l'entrée en scène des musiciens. Jean-Benoît Dunckel s'installe ainsi derrière ses claviers et piano, Nicolas Godin s'empare de la basse, alors que Gaz Coombes et Danny Goffey, plus en retrait au centre de la scène, conservent leurs places respectives à la batterie et la guitare. A l'image du premier temps fort du soir, Playground Love, pour lequel Gaz se substitue à Gordon Tracks au chant, l'interprétation se révèle extrêmement fidèle à celle de la Bande Originale parue il y a maintenant dix ans : les arrangements, à quelques détails près, sont reproduits avec application et ne réservent guère de surprises.
La première moitié du concert manque toutefois de rythme, les titres, majoritairement courts et peu variés, ne parvenant pas dans les conditions du live à retenir l'attention du public ni même à créer un semblant d'ambiance dans la salle à l'acoustique parfaite. Il faut ainsi attendre Dirty Trip pour enfin voir les quatre musicien prendre leur envol avec des mélodies plus complexes, voire progressives, avant que l'ensemble de la salle ne réagisse avec joie à l'écoute du thème de Highschool Lover mené au piano.
La fin du set se poursuit sur les mêmes bases, avec un public enfin éveillé, alors que Dead Bodies fait grimper l'intensité sonore d'un cran et que Suicide Underground, pour lequel Gaz se voit confier le rôle de narrateur au vocoder, constitue un épilogue à part entière. Après avoir intégralement joué le disque en l'espace de quarante courtes minutes, Air et les Hot Rats gratifient le public d'un unique rappel préparé durant les heures ayant précédé le concert. C'est avec Don't Be Light, tiré de 10000 Hz. Legend, que le quatuor achève ainsi la soirée avec puissance avant de tirer sa révérence.

Il n'est pas encore 22h mais le public quitte paisiblement les lieux, satisfait d'avoir pu assister à un spectacle unique dans le cadre du Domaine Privé proposé par Air cette semaine à Paris. En dépit de quelques longueurs durant cette trop courte (!) prestation, Air et The Hot Rats auront indéniablement réussi leur collaboration d'un soir pour donner vie à l'un des disques les plus réputés du duo français.