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Sparrow And The Workshop

Paris, Maroquinerie - 21 octobre 2010

Live-report par Roseline

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La Maroquinerie, un soir de grève des transports, c'est assez triste. Une salle quasi vide, une ambiance un peu morose et les courants d'air qui vous gèlent. La faute au froid d'octobre aussi. Mais ces difficultés climatiques, et sociales, n'empêcheront pas les quelques personnes présentes pour la soirée Want Some?, de profiter d'une bien jolie affiche aux teintes pop rock et folk endiablée.

C'est avec la régularité d'une montre suisse que la charmante Marie-Flore monte sur scène, à 20h30, pour trente minutes de concert en toute intimité. C'est en effet accompagnée de sa seule guitare que la jeune fille nous interprète une demi-douzaine de titres aux notes délicates, traitant de relations amoureuses (Stress), de rêves inquiétants (Wolves) ou encore de rencontres ratées.
Alors que Marie-Flore peine à se faire entendre lorsqu'elle nous parle de ses morceaux, on reste soufflé par la force qui émane de son chant. Pas étonnant que la jeune fille ait été choisie pour les premières parties des prochains concerts de Peter Doherty, avec une voix aussi puissante, capable également de ne devenir qu'un murmure pour des titres plus doux et mélancoliques. La jeune femme nous interprète ses morceaux seule, ses musiciens n'ayant pu faire le déplacement, avec beaucoup de délicatesse, nous donnant l'impression parfois de retrouver la Bande Originale de Where The Wild Things Are, tout en poésie et charme.
Le public est conquis et des applaudissements enthousiastes fusent à chaque chanson, couvrant les remerciements timides de Marie-Flore, qui juge les spectateurs bien trop gentils à son égard. C'est enfin avec une reprise acoustique des Pussycat Dolls, I Hate This Part, que la jeune femme nous quitte, remerciant encore une fois le public de son accueil, qui, effectivement est particulièrement enthousiaste ce soir.

Il ne faut que quelques minutes seulement pour que le groupe suivant, les français de Quidam, n'installe ses instruments et ne se mette à jouer devant un public clairement plus nombreux que lors de la première partie de la soirée. Ça commence fort avec En Eaux Profondes, la batterie puissante résonnant dans la salle alors que les accords de guitares se font discrets. Le chanteur et guitariste, Yann Demaison s'approprie la scène avec facilité et n'oublie pas de jouer avec les objectifs des photographes. Le groupe est à l'aise en live et nous le montre avec des titres accrocheurs, faisant taper du pieds les spectateurs assis un peu partout dans la salle.
Entre anciens titres, dont le fameux Nos Souvenirs, et nouveautés (Longue Vie A Vous Deux, Elles Reviennent Les Sirènes) les français entraînent le public dans une pop rock énergique et sans fausses notes. Yann s'essaye régulièrement au délicat travail de communication, encourageant notamment les fans à venir danser dans les premiers rangs. Cette demande ne récolte pas beaucoup de succès, mais le groupe n'en est pas moins applaudi. D'autant plus que compte-tenu du peu de personne présentes, on peut comprendre que certains soient réticents à l'idée de se trémousser en fosse. De Sang Froid, titre des plus énergiques grâce à ses riffs de guitare et non sans rappeler les premières heures de Placebo, fait son apparition, soulevant une salve d'applaudissement. Ça sent la fin de concert, et c'est effectivement avec un dernier titre, en anglais, issu du prochain album, que le groupe nous quitte, à 22h tapantes.

Alors que le dernier groupe, Sparrow And The Workshop, n'a pas encore investi les lieux, la Maroquinerie se vide quelque peu au grand dam des organisateurs de la soirée. C'est d'autant plus dommage que les écossais s'apprêtent à proposer un set sans bavures, dans une ambiance bon enfant. Dès le premier titre, A Horse's Grin, la voix pure de Jill O'Sullivan monte en puissance, accompagnée discrètement par Gregor Donaldson et son timbre sourd et délicat. Le duo batterie/basse rythme les morceaux avec force, tandis que les accords de guitare apportent un son plus énergique, comme sur Into The Wild.
Le groupe, plutôt orienté folk, nous démontre ainsi qu'il est capable de naviguer entre les styles, et que l'enfermement dans un genre particulier ne lui correspond pas. La délicatesse de Snakes In The Grass dénote ainsi de la force de Black To Red et sa voix haut perchée, pour un effet des plus intéressant. Ce mélange des genres semble par ailleurs plaire au public, puisque celui-ci accueille chaque titre avec beaucoup d'enthousiasme, faisant rougir de plaisir la chanteuse. Celle-ci nous apprend qu'en Grande Bretagne, l'accueil n'est pas aussi chaleureux, les spectateurs accueillants régulièrement les artistes à coup de bouteilles et de cannettes.
Jolie transition pour annoncer le titre suivant, The Gun, la basse un instant absente de la scène, alors que le jeu de batterie se fait doux, s'associant ainsi au chant de Jill, qui nous fait penser notamment à Laura Marling et Amy Macdonald. Du velouté dans le grain de voix, un timbre montant délicatement dans les aigus sans vriller les tympans, de la douceur... Bref, un régal pour nos oreilles, sublimé par un live sans défauts.

La chanteuse tente quelques phrases en français, mais son apprentissage ayant commencé le matin même, elle garde quelques difficultés à nous expliquer de quoi traitent les chansons, ce que le public lui pardonne généreusement. La jeune femme n'est cependant pas gênée une seule seconde quand il s'agit de dire à Sarkozy de se cacher, pour cause de mauvaise politique. C'est sur ces paroles que le groupe nous interprète les premières notes du très apprécié I Will Break You, avant de terminer sur un morceau d'inspiration country, collant parfaitement avec le look chemise à carreaux-santiags de Jill, intitulé Crystals. Mélange des genres, une nouvelle fois, avec une chanson se terminant plus violemment qu'elle n'a commencé, les guitares nous plongeant dans une ambiance très rock 'n' roll, digne de Janis Joplin.
La fin du concert se fait sentir mais le public ne semble pas d'accord. Les applaudissements ne cessent que lorsque le trio remonte sur scène, un peu après 23h00, pour un rappel non prévu. C'est avec force sourire que le groupe nous interprète deux titres supplémentaires, après un faux départ qui suscitera éclats de rire de part et d'autre.
Against The Grain, avec la voix de Jill mourant dans un riff de guitare lancinant, nous rappelle le célèbre Purple Rain de Prince et clôt le concert, Sparrow & The Workshop quittant la scène acclamés par les spectateurs. Le trio, ravi, ne cesse de remercier l'accueil si chaleureux du public français, proposant de les rencontrer pour des ventes de produits dérivés et autres dédicaces.

Une fois de plus, c'est une excellente soirée que la Maroquinerie nous aura fait passer lors de cette soirée Want Some?, grâce à une affiche riche en découvertes musicales, tous styles confondus.
setlist
    A Horse's Grin
    Into The Wild
    Snakes In The Grass
    Devil Song
    The Gun
    Last Chance
    Old Habits Again
    Black To Red
    You Got It All
    I Will Break You
    Crystals
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    Blame It On Me
    Against The Grain
photos du concert
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