Does It Offend You, Yeah?

Trois longues années et un changement de label auront été nécessaires aux Does It Offend You, Yeah? pour accoucher de leur seconde galette, soit assez de temps pour se faire oublier en bonne et due forme par le commun des mortels. Ces derniers n'en auraient sûrement rien fait si ce nouvel album, au nom aussi pompeux que celui de son prédécesseur, avait été à minima aussi burné et dansant que You Have No Idea What You're Getting Yourself Into en son temps. Malheureusement, les anglais ont choisi de basculer du côté vulgaire de la force, armé d'un mauvais goût que l'on pensait être la seule propriété de Hadouken!, leurs agaçants compatriotes.

Don't Say We Didn't Warn You est donc loin d'être l'agréable dérapage contrôlé qu'était le premier jet de la formation. En disant cela, on est bien conscient que le groupe n'a jamais fait dans la dentelle (au hasard, le fameux Battle Royale); mieux, il ne nous a jamais complètement satisfaits (au hasard toujours, l'exécrable Dawn Of The Dead).
Le problème ici, c'est que la crispation prend le pas sur le reste : des bruitistes et imbuvables John Hurt et Yeah!, aux ineptes bluettes pop que sont Pull Out My Insides et The Knife, nos oreilles saignent plus que nos corps se déhanchent.
Là où le coup d'essai de notre turbulent quintet était constitué pour moitié de bons titres, accrocheurs autant que preuves d'influences bien digérées (des guitares rock aux voix vocodées façon Daft Punk), ce second opus prend radicalement l'eau, perdu entre compositions passables et moments de grand n'importe quoi.

A l'arrivée, on ne retiendra que quelques rares morceaux sur les dix qui composent l'album. Le schizophrénique et désormais connu We Are The Dead tout d'abord, qui parvient à parfaitement gérer cette savante articulation entre moments d'accalmie et bourrasques sonores; Broken Arms, ensuite, qui clôture l'album comme une promesse, celle que Does It Offend You, Yeah? n'ont pas encore dilapidé tout leur talent.
Au-delà de ça et de quelques autres et fugaces instants (le couplet rap et pas si raté de Wondering, l'énergie décomplexée, mais agaçante à la longue, de The Monkeys Are Coming...), aucune raison ici de sortir le champagne. Tant pis, il y en aura d'autres.

C'est donc amer que l'on appuie sur le bouton « stop », et convaincu que l'on range le disque dans sa pochette : Don't Say We Didn't Warn You, on y reviendra pas.