Thought Forms

Bien habile celui qui saura décrire l’univers de Thought Forms. Car en quelques années d’existence, le groupe a réussi à se créer une image personnelle, savant mélange de riffs aériens et de grosses guitares. Trois ans après la sortie de son premier album éponyme en 2009, le trio originaire de Bristol a notamment eu l’occasion de jouer en première partie de Portishead en 2011 (et on comprend rapidement pourquoi) et est aujourd’hui de retour avec Ghost Mountain en affirmant avoir évolué, et réussi à « avoir entièrement exploré leur créativité ».

Néanmoins, la question est de savoir si le groupe n’a pas fait fausse route entre temps. Car si leur premier album était d’une facture tout à fait honnête, sous ses faux airs de Sigur Rós, la transition avec Ghost Mountain est pour la moins abrupte. L’ouverture avec Landing est en elle-même décontenançante : le mélange de guitares distordues et de râles du chanteur ne glace pas que le sang mais aussi les oreilles. Heureusement, malgré ce faux départ, Thought Forms savent se rattraper (pour un temps) en proposant des titres restant dans leur ligne de conduite.
Ainsi Ghost Mountain You And Me rassurera l’auditoire inquiet. Une autre différence de taille avec le premier album se situe dans l’apparition de véritables textes sur certains morceaux comme Sans Soleil. Mais là encore le choix est discutable : le ton monocorde apporte-t-il un aspect indispensable à ce titre ? Pas si sûr.

S’en suit le très long (plus de douze minutes) Burn Me Clean qui ne convainc également pas sur la longueur, où l’attente d’un sursaut qui n’arrive que trop tard laisse place à l’ennui. La même alternance entre faux calmes et riffs énervés se reproduit à l’identique avec des titres comme Song For Junko ou O, recréant un air de déjà-vu. Quelques titres parviennent malgré tout à tirer leur épingle du jeu et à revoir à la hausse l’opinion générale sur ce Ghost Mountain : Only Hollow et Afon montrent que le trio est tout à fait capable de construire des titres accrocheurs sans avoir recours à des artifices non nécessaires.

Vouloir se renouveler et avancer est certes une volonté toujours appréciée, mais même après plusieurs écoutes de Ghost Mountain, on en revient toujours aux mêmes questions : Thought Forms ne se seraient-il pas égarés sur le chemin entre leurs deux albums ? Où se situe le fil conducteur de ce disque ? N’aurait-on pas préféré un deuxième album sur la même lancée que le premier ? A chacun maintenant de se forger sa propre opinion à l’écoute de Ghost Mountain, le groupe ayant le bon goût de mettre en ligne et en écoute gratuite et intégrale tout son répertoire sur son site officiel.