Hilang Child

Après un Years plutôt inspiré paru en août 2018, Ed Riman, AKA Hilang Child, reprend là où on l'avait laissé : dans une confection d'electro pop sobre et délicate, quelque part entre Bon Iver et Sigur Rós.


Moins hétérogène que son prédécesseur, Every Mover offre une atmosphère éthérée dès l'apparition du synthé désarticulé de Good To Be Young, premier single à avoir été dévoilé en juillet dernier. Entre sa mélodie japonisante et le chant passionné d'Ed Riman, celui-ci met d'entrée la barre assez haute. Si haute qu'il aura du mal à l'atteindre de nouveau durant les trente-cinq minutes qui suivent.


Hormis quelques coups d'éclat majestueux, Every Mover n'égale pas la grâce quasi constante de Years. Des morceaux comme Seen The Boreal et Play 'til Evening se révèlent trop classiques, n'apportant rien de plus à l'ensemble. Le chant étouffé sur quelques titres tels que The Next Hold et Magical Fingertip n'aide pas forcément à l'appréciation globale et, malgré de bonnes intentions, à l'image de la rythmique syncopée de Pesawat Aeroplane ou encore la conclusion épique de Anthropic (Cold Times), on reste quelque peu sur notre faim tout au long du disque.


Fort heureusement, Ed Riman sait encore nous faire vibrer, ici à travers quelques compositions allant même au-delà des attentes. Il suffit de jeter une oreille au dernier single en date, King Quail, qui parvient à nous emmener sans peine avec l'auteur, sur près de trois minutes portées par une nappe synthétique et des notes électrisantes tenaces. Le diptyque final n'est pas non plus en reste, dévoilant notes de piano lumineuses et chant cristallin (Earthborne), puis chœurs féminins et cuivres suspendus (Steppe).


Every Mover est foisonnant et subtil, peut-être même un peu trop tant on peine souvent à rentrer dans l'univers de l'artiste indo-gallois. On en ressort tantôt frustré, tantôt satisfait, des sentiments ma foi en adéquation avec notre époque : on ne sait sur quel pied danser, mais quel plaisir lorsqu'on y trouve son rythme.